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Les plus hauts gradés de l’Armée rouge ont toujours eu à a leur disposition des voitures confortables. A la fin des années 1930, à Gorki, on préparait la sortie d’un véhicule de commandement avec une carrosserie confortable, la GAZ-61-40, mais le constructeur soviétique n’avait pas eu le temps d’en maîtriser la production en série avant le début de la guerre. Quelques exemplaires avaient fini entre les mains d‘éminents généraux soviétiques mais les autres cadres de l’Armée rouge durent se contenter de prises de guerre ou de véhicules achetés dans le cadre du prêt-bail. Après la guerre, c’est l’usine ZiS de Moscou qui s’est chargée de fournir un véhicule adapté aux besoins des plus hauts-gradés soviétiques. C’est ainsi qu’est née la ZiS-100 Ch avec sa transmission à quatre roues motrices.

Le développement de cette version tout-terrain de la ZiS-110 avait débuté à la fin de l’année 1948 sur la propre initiative de l’usine. Le projet était mené par les ingénieurs S. Glazounov et A. Poulhaline, sous la direction générale du créateur de la ZiS-110, A. Ostrovtsev. Le chantier fut mené assez rapidement et la première ZiS-110 Ch assemblée dès le début de 1949.

Comme l’industrie automobile soviétique ne produisait pas d’essieux adaptés à ce nouveau modèle, les ingénieurs les empruntèrent au Dodge WC-41, un camion léger américain. Il lui prirent également sa boîte de transfert avec un rapport de démultiplication de 1:1. A l’avant, avec ce nouvel essieu, la suspension avant indépendante fut remplacée par des ressorts semi-elliptiques. Les freins à tambours du Dodge devaient être également utilisés. La boîte de transfert « importée » était insérée juste derrière la boîte de vitesses. Les cardans étaient rallongés. La direction restait standard, à l’exception de biellettes spécifiques.

Par prudence, en raison du poids accru de la voiture et considérant des conditions de fonctionnement plus sévères, les spécialistes de ZiS avaient installé le moteur de la limousine blindée ZiS-115. Ce 8 cylindres développait 140 ch et comportait un système de refroidissement amélioré avec un radiateur à plaques. De plus, la limousine tout-terrain avait également reçu de la ZiS-115 ses roues de 7,50-17 avec des pneus de route I-85. Par la suite, et après des essais ayant montré leurs limites, la ZiS-110 Ch a été équipée des roues du camion Dodge avec des pneus Goodyear tout-terrain de dimensions 9.00-16 augmentant considérablement ses capacités.

La ZiS-110 Ch se distinguait par la partie inférieure des ailes et des bas de caisse abaissés avec une moulure décorative supplémentaire. De manière générale elle était plus grande que la ZiS-110 normale : 25 mm plus longue, 117 mm plus large et 196mm plus haute. Son poids avait également considérablement évolué : en ordre de marche, cette limousine tout-terrain pesait 3,157 kg soit 582 kg de plus que la limousine standard !

Les essais de la ZiS-110 Ch ont été menés jusqu’à la fin de 1951. Ses défauts importants sont apparus assez rapidement. L’essentiel est que les capacités tout-terrain de cette limousine étaient bien inférieures aux attentes. Certes, les pneus de route avec une bande de roulement « lisse » ne pouvaient aider. Mais la garde au sol du véhicule était insuffisante pour évoluer dans les ornières laissées par les camions. En conséquence, la jupe et le réservoir de carburant frottaient souvent par terre. Les freins aussi montraient leur faiblesse, ce qui n’a cependant rien de surprenant étant donné qu’ils avaient été conçus pour le Dodge WC-51 de 2,3 tonnes.

Les testeurs avaient également noté le manque de confort. La suspension à ressort renforcée était trop rigide et les joints de portières, insuffisants pour les conditions difficiles, laissaient entrer de l’eau, de la saleté et de la poussière dans l’habitacle. De plus cette ZiS consommait trop. Sur route, elle demandait 30 litres aux 100 km et en tout-terrain ce chiffre pouvait frôler les 65 litres ! La voiture était donc décevante sous cette forme et n’avait donc aucun avenir. Le projet fut abandonné et les voitures détruites.

Mais ZiS n’a pas abandonné l’idée de produire une limousine avec une transmission intégrale. En 1954, les ingénieurs moscovites ont commencé à travailler sur une nouvelle voiture à la demande du GON (le garage du Kremlin) entièrement basée sur des composants soviétiques. La suspension avant indépendante a été modifiée pour accueillir la transmission. Deux ressorts furent installés. La boîte de transfert avec démultiplication a été empruntée à la GAZ-62 expérimentale qui a fourni également le pont arrière.

Les premiers prototypes ont été construits en 1956 : deux avec une carrosserie fermée et un de type phaéton. Les voitures ont reçu la désignation ZiL-110 P (le P pour tout-terrain en russe). Après les tests, une limousine est restée à l’usine, tandis que le phaéton et l’autre limousine ont été transférées au GON. Ces deux-là ont survécu jusqu’à ce jour.

Lu sur : https://autohs.ru/avtomobili/legkovye/zis-110sh-110p-limuzin-dlya-vysshego-komsostava.html
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #ZiS, #110, #110 Ch, #ZiL, #110 P, #Limousine