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Dans le cadre de la licence de production accordée aux Polonais, les Italiens ont transmis la documentation technique de la Fiat 125 break, un modèle qu'ils n’ont jamais produit eux-mêmes. C’est peut-être la raison pour laquelle les versions exports - Break ou Montana - ont joui d’une si grande popularité.

« Habile toi élégamment et mets bien sûr des talons hauts ». Cette demande enflamme l’imagination d’une femme. Toujours. « Théâtre, dîner romantique ? » se demande Joanna en descendant l’escalier avec Irek. Quand ils sont sortis devant la maison où était stationnée une Polski-Fiat 125p kombi rutilante, Irek a dit fièrement : « Voici notre nouvelle voiture ! ». On ne sait pas ce qui s’est exactement passé ensuite mais apparemment l’histoire s’est bien terminée puisque deux années se sont écoulées depuis et Joanna conduit désormais une belle Polski-Fiat 126p conservée dans son état d’origine. La deuxième voiture de collection du couple.

Pourquoi cet amour pour le break ? Tout d’abord parce que Irek en rêvait depuis longtemps. Il connaissait cet exemplaire depuis des années. Mais aussi parce qu’encore aujourd’hui c’est encore une belle voiture. A ses débuts était au niveau de ses concurrentes européennes, elle a été présentée pour la première fois à la Foire de Poznan en 1971 et sa production en série a débuté l’année suivante.

Comparée à la berline, elle était 80 mm plus longue et pesait 65 kg de plus. La capacité de chargement augmentait de 50 kg et c’est pourquoi il avait été nécessaire de faire quelques modifications : essieu arrière, suspension et roulement de roues renforcés et nouveaux pneus. Encore aujourd’hui, l’espace dévolu aux bagages semble très grand. En rabattant la banquette arrière (au dessin différent de la berline), on obtient un plancher plat de presque 1,6 m (1,590 mm précisément) et une surface de presque 1,5 mètre carré (1,1 m2 avant cette manipulation). Les autres éléments de construction de la Polski-Fiat 125p restaient inchangés, moteur et boîte de vitesse inclus. Toutes les modifications ultérieures que connaîtra la « Duzy Fiat » vont également s’appliquer à la version kombi.

Irek ranconte : « Sur la route, on pouvait en voir plein : le père de mon meilleur ami d’enfance en avait une orange avec l’intérieur noir. Deux choses ont marqué mon esprit jusqu’à aujourd’hui. La banquette arrière était en skaï et dans les virages on glissait de gauche à droite (oui, car autrefois les enfants voyageaient à l’arrière sans rehausseur et même sans ceinture !) et le compteur de vitesse était une règle rouge magique. Plus tard, il a changé sa voiture pour une Zastava 1100p - c’est la première voiture que j’ai conduite - mais elle n’avait pas le même charme ».

La Polski-Fiat 125p a représenté près d’un cinquième de la production de la « Duzy Fiat » soit environ 300,000 ex. produits. Près d’un 1/3 d’entre elles ont été exportées (dans toutes les versions). Il devrait donc en rester beaucoup en Pologne mais aujourd’hui, un quart de siècle après l’arrêt de la production de la FSO 125p, le kombi reste pourtant la version la plus rare. Il nous a fallu du temps pour trouver un exemplaire digne d’une séance photo et c’est en partie le résultat d’une coïncidence et également de connaissances. Imaginez qu’il est presque plus facile de trouver une ancienne ambulance qu’un break en parfait état d’origine !

C’est en partie dû aux solutions techniques adoptées pour construire ce break et aussi de sa  faible qualité de fabrication. Le châssis compte de nombreux corps creux qui n’ont pas facilité sa conservation face aux ravages de la rouille. Pourtant, l’usine de Zeran était à l’époque la fierté du gouvernement. On nous présentait les lignes de production modernes et automatisées pour 95% des points de soudage, l’atelier de peinture avec un procédé en plusieurs étapes. Avant de quitter l’usine, chaque voiture était soumise à une inspection approfondie. Tout est décrit dans l’album publié pour le 25ème anniversaire de FSO.

Mais était-ce vraiment comme cela en pratique quand on sait que le producteur « recommandait » à l’acheteur, en le menaçant de perdre toute garantie, de faire appliquer une protection anticorrosion dans un garage recommandé. De plus on constate sur les exemplaires datant de la période où la production a commencé à baisser une forte réduction de la qualité.

La deuxième raison de la quasi-totale « extinction » du break Polski-Fiat 125p est que cette voiture était affreusement pratique. Elle offrait une excellente visibilité grâce à sa grande surface vitrée, un grand coffre avec un seuil de chargement bas, de relativement bonnes performances et était pratiquement sans concurrence sur le marché intérieur. La Syrena Bosto était de conception dépassée et la seule alternative (si on ne compte pas les véhicules étrangers alors presque inaccessibles en Pologne) s’avérait être des véhicules strictement utilitaires : Zuk ou Nysa. Il n’y a que la Polski-Fiat 125p qui offrait la praticité d’une voiture de tourisme et le caractère universel d’un véhicule utilitaire. Cela signifie donc qu’on n’a pas eu pitié d’elle.

Le samedi soir, elle emmenait son propriétaire au bal ou au cinéma mais avant elle devait travailler dur. Aller au marché, au magasin, au bazar… le plus souvent avec une remorque. S’il en avait pris soin, en particulier avec une bonne protection anticorrosion ou en respectant les opérations d’entretien moteur, de nombreux breaks auraient tranquillement pu vivre jusqu’à notre époque dans le même état que l’exemplaire qui illustre cet article.

Celui-ci est aussi intéressant par le fait que c’est un des derniers. Il a acheté auprès de la Polmozbyt en 1985 et on sait que les voitures produites ces années-là avaient une qualité des plus médiocres. Pourtant il a survécu jusqu’à nos jours sans révision ou avarie majeure. Il n’a connu que quelques dégâts mineurs de carrosserie durant les premières années de sa vie.

Son premier propriétaire était le directeur d’une école d’agriculture. Sa famille avait une ferme horticole et c’est pourquoi il s’était décidé pour un break. Durant près d’un quart de siècle, elle a transporté des fleurs. A sa mort, sa femme n’a pas voulu la vendre parce qu’il avait une énorme affection pour cette voiture. Elle s’en servait encore pour aller à l’église mais quand il a fallu engager quelques frais, et comme personne dans sa famille ne partageait ni sa passion ni ses sentiments pour elle, la vieille dame a décidé de la vendre. Elle n’a pas eu à attendre longtemps le client. Irek peut dire qu’il a eu beaucoup de chance. Il n’aura sans doute jamais une autre chance d’acheter une Polski-Fiat aussi belle que celle-là !

Avantages et inconvénients :
Le break Polski-Fiat est une voiture pratique. Cela a lourdement pesé sur sa popularité mais a également mené à son « extinction » rapide. Pour les modèles les plus récents - version MR et suivantes – il est facile de trouver la plupart des pièces et à des prix raisonnables (contrairement aux premières PF 125p).

Si elle est bien entretenue, elle peut tranquillement être utilisée quotidiennement. Mais un exemplaire négligé peut littéralement pourrir en face de son propriétaire en raison de la conception de ses soubassements en grande partie composée de corps creux, rendant l’entretien et les réparations difficiles. Souvent, en usine on montait des équipements qui n’étaient pas censés faire partie de cette année-modèle ou de cette version. C’est pourquoi on ne peut jamais être sûr d’être en face d’une voiture 100% d’origine. Pourtant, parfois la voiture a bien quitté l’usine dans cette configuration.

Pièces de rechange :
Les pièces d’entretien courant sont encore disponibles dans les magasins d’accessoires (même s’il n’y a plus autant de choix qu’autrefois) et à des prix raisonnables. Les pièces de rechange peuvent se trouver sur internet ou sur les bourses de pièces détachées. Beaucoup de gens, qui ont par le passé possédé une PF 125p, ont encore dans leur garage ou dans leur cave des pièces de rechange sans le savoir. Cela peut valoir le coup de demander à des parents ou à des amis.

Situation sur le marché :
Par rapport à la berline, la PF 125p kombi est une véritable rareté. Il y en a peu à vendre et se sont les voitures avec des réparations coûteuses qui dominent et souvent il est même déjà trop tard pour en envisager raisonnablement la restauration. Les prix surprenants - de 2,000 ou 3,000 zl - demandées pour ces voitures apparaissent tout à fait inappropriés mais ils sont la norme en raison du petit nombre d’offres.

Malheureusement, ne comptez pas importer un break d’un pays voisin (République Tchèque ou Slovaquie) car la majorité des Duzy Fiat qui y ont été vendues sont des berlines. Il y a quelques années, de nombreux établissements de santé ont renouvelées leurs ambulances. Ces voitures se distinguent par leurs tapis bleus et bien sûr un évent caractéristique sur la partie arrière du toit. Certaines ont été reconverties en version « civiles ».  Mais les breaks les plus précieux sont bien ceux qui n’ont jamais été ambulances !

Recommandations :
Aujourd’hui un break d’origine est rare, en particulier les exemplaires parfaitement entretenus. La situation idéale est d’acheter, comme dans le cas d’Irek, une voiture de première main, jamais accidentée, complète et non modifiée et qui a toujours roulé. Il est encore possible d’en trouver mais vous devrez avoir un peu de chance ou vous trouver au bon endroit au bon moment. Les exemplaires siglés Polski-Fiat et non pas FSO jouissent d’une meilleure qualité de construction que ceux de la fin de la production.

Lu sur : http://klasyki.auto-swiat.pl/fso-125p-kombi-klasyk-ktory-zmienil-historie/2s88ce
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Polski-Fiat, #FSO, #125p, #Break, #Rencontre, #Marché