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Le 2 avril 1966, la nouvelle Fiat 124 a été présentée pour la première fois au grand public. Aujourd'hui, la berline italienne n'a plus besoin d'être présentée car elle a servi de base à la première Jigouli. Mais peu de gens le savent - le premier modèle produit à Togliatti aurait pu être absolument différent. Par exemple, une voiture à hayon et à traction avant...

Le 27 septembre 1963, une enveloppe portant la mention « confidentiel » a été déposée sur le bureau de Dante Giacosa, chef du bureau d’étude de Fiat - il s’agissait du mandat de la direction de l'entreprise pour le développement d'une nouvelle voiture. C'est un document intéressant dont nous pouvons dévoiler le contenu puisqu'il n’est plus marqué par la confidentialité aujourd'hui.

« Le successeur du modèle 1200 (moteur série 103) devra présenter des lignes de carrosserie modernes et un intérieur plus spacieux. Toutefois, il est clair que la mise en place de la production d’un nouveau moteur et d’une nouvelle boîte de vitesses nécessitera un investissement énorme, qui pourrait entraver les plans déjà complexes de modernisation de l'usine de Mirafiori. La solution la plus simple et la plus économique serait de modifier la plate-forme existante de la 1300, avec sa suspension et sa boîte de vitesses, d'allonger l'empattement de 5 à 6 cm et de monter le nouveau moteur série 124. Ce faisant, le nouveau modèle devrait peser 70 kg de moins que son prédécesseur et le coût total de tous les composants devrait être inférieur de 100,000 lires par rapport à celui de la Fiat 1300 ».

Si vous lisez attentivement ces lignes, il est clair que les Italiens voulaient construire une nouvelle voiture avec peu de moyens. Jugez vous-même - prenez comme base une vieille, mais éprouvée, plateforme, élargissez légèrement les dimensions, mettez un nouveau moteur et décorez le tout avec d'autres panneaux de carrosserie. Et le tour est joué.

Et ce, malgré le fait que le milieu des années 60 dans l'industrie automobile européenne ait été une période de grands changements : nouvelles technologies, nouveaux matériaux et, surtout, nouveau regard sur l’architecture globale. Mais, alors que les Anglais et les Français passaient en masse à la traction avant, Fiat préférait la tradition.

L’ingénieur en chef du géant automobile de Turin n'a bien sûr pas trop apprécié tout cela. Dante Giacosa, qui est resté à jamais dans l'histoire de l'automobile comme l'un des créateurs de la légendaire Fiat 500, était considéré à cette époque en Italie comme le principal défenseur de la traction avant. C’est d’ailleurs avec sa participation active que le prototype Fiat 123 E1 traction avant, moteur transversal et arbres de transmission de tailles différentes, a été développé. Par la suite, ces développements ont servi de base pour l’Autobianchi Primula de série - le premier modèle à traction avant du groupe FIAT ! Les Autobianchi coûtaient traditionnellement un peu plus cher que les Fiat de taille similaire et étaient souvent utilisés pour essayer des solutions technologiques originales.

L'expérience de la traction avant a été un succès. La Primula a été très bien accueillie par le public et la presse. Fort de cela, Dante Giacosa a poursuivi ses expériences avec le projet 123. En outre, sa dernière incarnation - E4, était une berline à quatre portes et traction avant. Pour le chef du bureau d’étude de Fiat, elle pouvait être la digne remplaçante du modèle 1200 Granluce, qui avait fait son temps, et de la Fiat 1300 à peine plus moderne. Mais ceux qui sont au sommet en ont décidé autrement...

Le sage Dante Giacosa, bien sûr, n'a pas discuté ouvertement avec ses supérieurs, mais a décidé d'agir de manière plus rusée. Les premières propositions pour le modèle Fiat 124, qui recevait la désignation numérique de l'indice de son nouveau moteur, furent soumises à haut niveau, y compris au président Vittorio Valetta, à la fin du mois de décembre 1963. L'empattement avait été allongé de 5 cm par rapport à la Fiat 1300 de base et la voie élargie de 4 cm. Tout cela en suivant exactement les instructions mentionnées ci-dessus. Cependant, au cours de la discussion sur le nouveau modèle, le « Politburo » italien a donné l'ordre d'augmenter légèrement les dimensions. Et en outre, tous ont finalement accepté d'utiliser la transmission de la Fiat 1300 !

Aussitôt, Dante Giacosa a commencé à bombarder les patrons d'idées sur les perspectives, ou plutôt l'absence de perspectives, du concept de propulsion arrière. « La voiture perdra très vite son attrait pour les clients » a lancé l'ingénieur aux cheveux gris à Valetta and Co. Sa conception conservatrice pourrait devenir obsolète avant même d'atteindre la chaîne de montage !

A contrario, il ne tarissait pas d'éloges sur le projet 123 E4 (« Attendez un peu, les premiers prototypes roulant seront prêts en mars ! »), citant comme argument les solides avantages du modèle pour les utilisateurs. Par exemple, en termes d'espace intérieur, la 123 pourrait rivaliser à armes égales avec la prestigieuse Fiat 1800 à 6 cylindres tout en ne pesant que 750 kg.

Les arguments de Dante Giacosa ont été écoutés avec intérêt, mais c'est à peu près tout. Les changements brusques n’étaient évidemment pas le style de la direction de Fiat et Vittorio Valetta décida de laisser les choses en l'état...

Des changements ont ensuite eu lieu au sein de la direction de la société turinoise. Oscar Montabone a été nommé à la tête du bureau technique automobile, qui s'occupe du développement de modèles de série, tandis que Dante Giacosa se concentrerait davantage sur les futurs modèles et autres concepts.

Oscar Montabone, contrairement à Giacosa, ne semblait pas embarrassé par le fait que la propulsion soit dépassée dans le segment des voitures de masse et s'est mis au travail. Et, outre son groupe, une autre équipe d'ingénieurs dirigée par Adolfo Messori travailla sur le projet 124. La concurrence capitaliste a finalement profité à la future berline. La voiture d’Oscar Montabone a été reconnue comme étant la plus réussie des deux prototypes mis en concurrence, mais la Fiat 124 de série a repris de la proposition d’Adolfo Messori pour la suspension arrière à ressorts - plus légère, confortable et facile à conduire. Malgré le scepticisme de Dante Giacosa, la Fiat 124 n'était donc pas si arriérée.

Le moteur quatre cylindres en ligne de 1,2 litre conçu par Aurelio Lampredi, créateur des célèbres moteurs de course Ferrari et Alfa Romeo, développait 60 ch à 5,600 tr/min et un couple maximal de 87 Nm à 3,400 tr/min. Certes, ce n'était pas suffisant pour réaliser des exploits en course, mais 20 secondes au 100 km/h pour un modèle économique du milieu des années 60, ce n'était quand même pas rien !

En outre, la taille compacte du moteur, même en position longitudinale, permettait de minimiser le porte-à-faux avant, et les centimètres rajoutés à l'empattement et aux voies contribuaient à cacher un intérieur très spacieux. Avec un peu plus de quatre mètres de long, le Fiat 124 disposait de larges portières latérales et, surtout, d'un habitacle généreux pour quatre adultes. Les petits passages de roue facilitaient l’installation à bord et augmentaient l'espace pour les jambes des occupants des sièges avant. Le réservoir de carburant de 36 litres et la roue de secours positionnés verticalement permettaient d’offrir un vaste coffre.

La combinaison réussie d'une grande douceur de roulement et d'un comportement assez vif est à mettre au mérite de la suspension arrière à ressort avec barre transversale. Au milieu des années 60 ce n'était en aucun cas un choix par défaut, les anciens modèles Fiat se contentaient de simples ressorts. Il faut également mentionner les freins à disque aux quatre roues et le dessin de la carrosserie réussi, laconique et propre, développé par les spécialistes du centre de style Fiat.

En d'autres termes, conçue comme un modèle économique sur une base ancienne, la Fiat 124 est partie en fait pratiquement d’une feuille blanche ! Si l'on fait abstraction des phares du modèle 850 et de la boîte de vitesses de la Fiat 1300, la voiture est absolument nouvelle. Oui, c’était une propulsion, mais pour la fiabilité il ne s’agissait pas d’un mauvais calcul car à l’époque la durée de vie des joints de cardans était bien inférieure à celle d'aujourd'hui.

Cette berline soignée a été présentée pour la première fois au salon de l'automobile de Genève en mars 1966, et peu après, le jury du concours de la voiture européenne de l'année lui a décerné le premier prix. Cependant, l’histoire de la Fiat 124 est marquée par une autre date - le 15 août 1966. Ce jour-là, le Ministère du commerce extérieur de l'URSS et Fiat ont signé un accord de coopération pour le développement d’une voiture et la construction d’une usine de montage à Togliatti.

Est-il nécessaire de dire que cette voiture, basée sur la Fiat 124, fut la VAZ-2101 ?

Lu sur : https://auto.mail.ru/article/60035-luchshee-za-2016-kakimi-mogli-byit-zhiguli/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #VAZ, #2101, #Fiat, #Italie, #URSS