Dans les années 1970, grâce à la politique du nouveau gouvernement, la PRL a commencé à se rapprocher de l’Europe occidentale comme jamais auparavant. En 1972, la production de la Fiat 132 a commencé en Italie et, en décembre de la même année, la Polska Kronika Filmowa (la chronique du cinéma polonais) présentait déjà cette voiture, laissant entendre qu’elle pourrait apparaître sur les chaînes de montage de FSO à Zeran.
Ces annonces se sont révélées prophétiques. L'assemblage des nouvelles Polski-Fiat (la 127p et la 132p) devait commencer - comme c’était la norme à l'époque puisque c’était le jour de la Fête nationale du régime communiste - le 22 juillet 1973. C'est ce que la propagande exigeait. En fait, les premiers exemplaires étaient prêts quelques jours plus tôt. En août 1973, le journal de l'usine FSO parlait aussi du début des ventes de Polski-Fiat 132p. La première voiture a été achetée par Ireneusz Pawlowski. Il serait curieux de savoir si cette voiture existe encore ?
Entre 1973 et 1981, les Polski-Fiat 132p en version GLS ont été assemblées à l'usine automobile de FSO de Zeran dans la banlieue de Varsovie. C'était le modèle Fiat le plus exclusif avec la lettre « p ». Les exemplaires « polonisées » de la Fiat 132 complétaient l'importation de la version avec le moteur de 2,000 cm3.
Voilà ce qu’écrivait le magazine Motor dans son numéro 29/1974 :
« La Fabryka Samochodow Osobowych (FSO) de Varsovie est spécialisée dans la production et l'assemblage de voitures de grande cylindrée. Son programme de production actuel comprend, outre le modèle de base Polski-Fiat 125p décliné en de nombreuses variantes, l'assemblage des Polski-Fiat 132p, Polski-Fiat 128p et de la Zastava 1100p. (...) La Polski-Fiat 132p est assemblée exclusivement dans la version GLS. Cette nouvelle version de carrosserie se distingue par l'agrandissement de la surface vitrée ; la caractéristique la plus visible est la surface beaucoup plus grande des portes arrière de la voiture. Sur les moteurs de 1,600 et 1,800 cm3, il y a eu une légère augmentation de la puissance de l'ordre de 2 ch grâce à d'autres réglages du moteur. La voiture est équipée de jantes plus larges avec des pneus radiaux 185/170 SL 13. À l'intérieur de la voiture, les sièges de type anatomique plus confortables attirent l'attention ; toutefois, ce changement ne crée pas les conditions d'un voyage plus confortable pour le cinquième passager assis au centre de la banquette arrière. La colonne de direction est désormais réglable en hauteur sur 6 cm. (...)».
Le terme « assemblée » était toutefois utilisé de manière un peu ironique. Les voitures arrivaient d'Italie en une seule pièce et chez FSO elles étaient préparées, équipées de badges, d'essuie-glaces, de pare-boue, de ceintures de sécurité, de serrures, des sièges et de quelques autres petites pièces intérieures, d'une batterie, etc.
Dans l'usine mère en Italie, la 132 avait remplacé la Fiat 125. La nouvelle Fiat utilisait le plancher de la 125 et pas mal de pièces de son châssis. Les changements améliorant le confort de conduite étaient la nouvelle suspension et la nouvelle direction. Le grand saut sur la qualité portait sur le groupe motopropulseur et, bien sûr, la carrosserie.
Les Polski-Fiat 132p assemblées chez FSO avaient pour la plupart un moteur à essence 1,800 cm3 avec une distribution DOHC. Les exemplaires de la version 1,600 cm3 étaient moins courants et le modèle 2000 a été importé dans sans avoir besoin d’un remontage.
La Polski-Fiat 132p 1800 faisait une puissance de 105 ch et la version GLS offrait 107 ch à 6,000 tr/min. Le véhicule, en ordre de marche, pesait 1,070 kg. Il accélérait de 0 à 100 km/h en un peu plus de 11 secondes et atteignait la vitesse maximale de 170 km/h. De plus, il consommait en moyenne 10,5 l/100 km. Au milieu des années 1970, pour la réalité polonaise, il s'agissait de paramètres impressionnants.
Il convient de mentionner que l'introduction de la nouvelle et exclusive Polski-Fiat 132p dans la gamme FSO a coïncidé avec une action d’éradication de l’entreprenariat privé par les autorités communistes. Cette simultanéité a entraîné une augmentation significative de la demande de ces voitures, relativement chères. Cette répression des entrepreneurs - considérés comme le fléau d'un État socialiste sain - était liée à l’apparition d’une taxe d'enrichissement sur les successions supérieures à 700,000 zlotys. Cependant, chaque disposition comportait des lacunes. Une nuance dans cette taxation était la disposition selon laquelle les voitures produites localement n'étaient pas incluses dans la succession. C'est pourquoi un grand nombre de propriétaires de voitures occidentales s'en sont débarrassés et ont acheté des Fiats 132p polonaises, assemblées en Pologne et comptabilisées comme « production nationale » !
Au total, 4,461 Polski-Fiat 132p ont été assemblées chez FSO. En 1973, le prix de ces voitures était fixé entre 2,820 et 3,000 dollars (selon le mode de paiement). À titre de comparaison, la version la moins chère de la Polski-Fiat 125p (standard, 1300) coûtait 1,700 dollars à l'époque, et la plus chère (break, 1500) 2,000 dollars. Les prix, cependant, augmentaient rapidement. En 1979, le prix officiel de la Polski-Fiat 132p était déjà de 6,000 dollars. Un prix en zloty était également indiqué - 445,000 zlotys, bien que cette voiture ne puisse être achetée dans la monnaie nationale.
Pour bien comprendre ce qu'était ce niveau de prix, il convient de mentionner qu'un appartement de trois pièces d'environ 60 m² dans un immeuble d'habitation, à Varsovie, acheté en dollars auprès de la Pekao, coûtait environ 5, 000 dollars à l'époque. Le salaire mensuel moyen en Pologne était l'équivalent d'environ 25 à 30 dollars (au taux du marché noir). Avec un tel revenu, un Polonais moyen aurait dû économiser (en mettant de côté la totalité de son salaire) pendant près de dix-sept ans pour s'acheter une Fiat 132p polonaise ! Comme vous pouvez le voir, ce n'était pas une voiture pour « Kowalski » (le Polonais moyen).
Outre les entrepreneurs susmentionnés, les acheteurs de Polski-Fiat 132p étaient des services de l'État (mairie, milice, armée). Aujourd'hui, il est difficile de trouver une Polski-Fiat 132p conservée dans son état d'origine. Lors des réparations effectuées dans les années 1980 et 1990, de nombreuses pièces originales ont dû être retravaillées. On peut encore trouver des copies poussiéreuses à l’état original dans le garage de certaines familles. Ce sont de véritables trésors pour les collectionneurs. Une Polski-Fiat 132p de 1976, joliment conservée et équipée d'un moteur 1600, qui transportait autrefois des généraux ou des hauts fonctionnaires du ministère de la défense, est exposée au musée de la technologie militaire de Dabrowka, près de Wejherowo.
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Adaptation VG