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Si les Anglais ont commencé à entendre parler de Dacia grâce à Top Gear, puis parce que la marque a fait là-bas un « retour » remarqué en juin 2012 avec le Duster, les anciens avec une mémoire d’éléphant ou ceux qui s’intéressent aux voitures de l’Est se souviendront sans aucun doute que la première Dacia vendue au Royaume-Uni portait le nom de Denem.
Quand les Britanniques ont eu la possibilité de l’acheter pour la première fois en 1983, cette Dacia Denem était loin d’être une nouvelle voiture. Sa conception remonte à la création de l’Uzina de Autoturisme Pitesti (UAP) en 1966. Nicolae Ceausescu veut occidentaliser son pays, tout en restant dans le bloc de l’Est. L’usine Dacia de Colibasi (la ville porte désormais le nom de Mioveni), près de Pitesti, est achevée en deux ans et les première Renault produites sous licence tombent de chaîne.
En 1969, la première Dacia 1300 est présentée au public et est mise en vente l’année suivante. En comparaison avec ses rivales du Bloc de l’Est, la voiture impressionne. C'est un peu plus qu’une Renault 12 rebadgée. C’est une voiture d’une nouvelle marque et tout le monde en veut une. Au départ les ventes sont très fortes mais l’économie roumaine commence à battre de l’aile et la Dacia est laissée pour compte.
En 1980, elle subit un léger lifting et est renommée Dacia 1310. C’est sous cette forme, et sous le nom de Denem, qu’elle fait son apparition au Royaume Uni. Elle y est commercialisé à la fin de 1982 au moment-même où arrive sur la marché la toute nouvelle Ford Sierra ! La Dacia est présentée comme « un nouveau nom dans les voitures familiales » et « la très raisonnable Dacia Denem ». Au prix de £3,190 la nouvelle venue arrive dans un segment des voitures à faible budget déjà très concurrentiel. Elle compte parmi ses rivales la Lada 1200 (£2,499), la FSO 1300 (£2,599), la Skoda 120 L Estelle (£2,449) et la Yugo 511 (£2,849). Dans ce contexte, la Denem n’est pas à proprement parler d’une bonne affaire et ce malgré le fait qu’elle est sans doute la meilleure à conduire.
Mais inutile de dire que les acheteurs britanniques ont largement ignoré la Denem, préférant acheter des rivales bien établies. L’échec de la Denem montre le fossé qui s’était creusé entre l’Est et l’Ouest, les ouvriers faisant la fine-bouche devant une voiture qui était réservée à la nomenklatura du parti communiste dans son pays d’origine !
Sans surprise, la Denem n’a pas fait long feu et a fini par disparaître en 1984 après quelques centaines d’exemplaires vendus. Le nom Dacia a toutefois survécu en Angleterre dans les années 80, grâce à la décision de l’importateur de commercialiser le tout-terrain ARO 10 sous le nom de Dacia Duster (et oui !). Compte tenu du précédent échec de la marque Aro et de Portaro, son rejeton portugais assemblé en CKD, c’était un geste courageux. Un geste payant puisque les Britanniques sont connus pour un appétit insatiable pour les petits tout-terrains et le Duster s’y est vendu honorablement jusqu’en 1990.
Et la Denem ? Elle a été rapidement oubliée et la dernière Dacia de ce type immatriculée en Angleterre aurait été mise à la case en 2005. Selon The Independent, l’ambassade de Roumanie en a utilisé une flotte et on les apercevait régulièrement à Londres. Cependant, après 1989 et la chute de Nicolae Ceausescu, le pays est passé à l’économie de marché et ces Dacia ont été mises à la retraite pour être remplacées par des Mercedes Classe S d’occasion...
Faut-il pleurer la mort de la Denem au Royaume Uni ? Cela aurait été bien d’en conserver une comme un rappel de temps amers et pour montrer comment nous avons tous évolués. Mais là encore, rien n’empêche quelqu’un d’en ramener une dans le pays !
Lu sur :http://www.aronline.co.uk/blogs/facts-and-figures/essays/in-memoriam/in-memoriam\ -dacia-denem/
Adaptation VG