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Les Russes ont toujours apprécié ces voitures rares, produites en URSS, envoyées à l'étranger mais qui, pour une raison ou une autre sont revenues au pays. Ils disent que « leur qualité est tout à fait différente là-bas - pas comme celle d'ici ! ». La VAZ-2108-cabriolet est probablement la variante la plus intéressante et la plus rare de ces réexportations. Entre les mains de tuners étrangers, des « Vosmerka » ordinaires sont devenues l'incarnation d'un mode de vie idyllique, tel qu'il était imaginé par les citoyens soviétiques frustrés.

Le propriétaire : Dmitri Goussev, région de Tula, 28 ans, conducteur de camion. Voue un culte pour les productions de l'Usine automobile de Togliatti, a possédé presque tous les modèles produits en série et certains modèles rares et de faible volume.

La voiture : VAZ-21083 cabrio, 1993, connue sous le nom de Lada Natacha, réexportation d’une variante produite en petite série vendue sur les marchés européens.

Dmitri Goussev raconte : « J’avais déjà eu un cabriolet VAZ il y a quelques années. Une voiture connue sous le nom de Lada Samara Fun. Ce modèle avec un toit partiellement escamotable avait été produit en petite série dans les années 1980-90 par l’importateur allemand Deutsche Lada pour les nageurs-sauveteurs des plages locales.

Pour une raison quelconque, j’ai dû m’en séparer, mais il y a un an, j’ai décidé de revenir au cabriolet et, comme toujours, cela devait être un modèle de ma marque préférée. Mais comme la Fun n’était pas une vraie décapotable, j’ai cherché une « Vosmerka » plus connue sous le nom de Lada Natacha. C’est un nom non officiel - c’est celui qu'ont donné les spécialistes du marketing, qui faisaient la promotion des VAZ à l’Ouest, à ces versions de « Vosmerka » (il y a eu plusieurs variantes) avec une capote, pour améliorer les ventes.

J'ai acheté la voiture dans la banlieue de Moscou à quelqu’un, qui l'avait achetée justement parce que c’est une voiture intéressante, mais n'avait jamais eu le temps pour la remettre en état. Ses premiers propriétaires dans notre pays après la réexportation étaient des gangsters, puis elle est passée à un homme d'affaires qui ne l'a pas vraiment conduite, et son dernier propriétaire ne s’en est pas non plus occupé depuis le milieu des années 2000... J'ai obtenu la voiture pour un prix très modeste pour une version aussi peu répandue : 200,000 roubles ».

Les cabriolets sont assez atypiques pour l'industrie automobile soviétique, à moins, bien sûr, qu'ils ne transportent un général lors d'un défilé militaire... Beaucoup de gens, quand ils voient cette VAZ-2108 décapotable, s'indignent et se lamentent - « eh bien, pendant des décennies, Togliatti a fait les mêmes modèles ennuyeux pour notre marché intérieur, faisant passer de temps en temps des bagatelles comme le changement de la forme d'une poignée de porte pour des « méga-améliorations », et s’est « couché » devant les bourgeois en construisant des cabriolets ... ! ». Bien entendu, ils ont tort de penser cela.

L’Usine automobile de la Volga n'a jamais fabriqué de cabriolets - on exportait à l’étranger des voitures courantes - enfin, celles assemblées avec une utilisation limitée de coups de pieds et du marteau. Au-delà de nos frontières, on leur coupait le toit. Les voitures étaient si bon marché pour les concessionnaires étrangers, qu'il était rentable de les transformer en petite série en cabriolet, non seulement en mutilant la carrosserie, mais aussi en installant un intérieur cuir, en modifiant les moteurs pour qu'ils répondent à des exigences écologiques plus élevées et parfois même en y ajoutant la climatisation... Au tournant des années 1980-90, c'était populaire.

Mais - attention - en fait, toutes ces Lada Natacha doivent être considéré comme du tuning ! Cependant, étant donné qu'elle n'étaient pas réalisées des étudiants en carrosserie, et que les modifications étaient commandées par de grands concessionnaires automobiles à des ateliers de tuning plus ou moins célèbres (c'est-à-dire, en substance, des ateliers équipés de grandes et spacieuses installations !), ces transformations n'étaient pas qualifiées de tuning. De nos jours, ces voitures sont passées dans la catégorie des youngtimers et font partie des d’objets (presque) recherchés.

Pour l’instant, en Russie, les VAZ-08/09 habituelles n'attirent pas l'œil, c'est le moins que l'on puisse dire. La voiture n'est pas encore devenue rare et l'état déprimant de la plupart des exemplaires que l'on rencontre un peu partout et qui présentent comme un cocktail de rouille et de « tuning » provincial, provoque le désir de se débarrasser au plus vite d'un tel voisinage sur la route. Avec ce cabriolet, c'est une toute autre affaire ! Vous attirerez l'attention et recueillerez une infinité de « likes » dans cette voiture. En repliant la capote, la terne « Vosmerka » prend un aspect « fringant et stupide », comme dans la citation bien connue attribuée à Pierre Le Grand (1).

La découpe au-dessus de la ligne supérieure de la carrosserie, les vitres avant sans encadrement, et son arceau de sécurité puissant ne rendent certainement pas à la Natacha l'air intelligent, mais elle est certainement cool ! Et lorsque la capote en cuir véritable anthracite est relevée, ce cabriolet ressemble à la voiture d'un vieux rocker ou d'un bluesman peu glamour - il ne manque qu'une Fender ou une Gibson sur la banquette arrière...

En fait, cette variante de Natacha est assez simple en ce qui concerne la cinématique du pliage du toit : il existe aussi des versions plus sophistiquées. Sans entraînement électrique, bien sûr, mais avec le toit qui se cache dans un compartiment spécial. Notre Natacha est construite de manière élémentaire - la capote ne recouvre en totalité que les passagers des sièges arrière et, dépliée, elle est attachée par de petites sangles pour évite qu’elle ne s’envole. Elle se replie très facilement, avec un peu d'habileté - en quelques minutes.

La capote est tirée manuellement de la poupe vers la proue, en passant au-dessus l'énorme arceau central, puis la partie avant est accrochée avec ses œillets sur les « broches » situées au-dessus du pare-brise. Ensuite, une barre en U, légère et articulée, est relevée au-dessus de la tête des passagers arrière, ce qui permet de tendre la capote et de lui donner sa forme finale.

À l'intérieur, la Natacha est une « Vosmerka » habituelle, avec un tableau de bord dit « haut » avec des plastiques dont les pièces s'emboîtent sans joint pour éviter les grincements et les chocs, ce qui ne fonctionne pas trop bien. Les garnitures de porte sont également des plus médiocres. Mais les sièges sont en cuir véritable, sans le préfixe moderne de « éco ». Il a été installé dans la voiture en Belgique lors de sa transformation en cabriolet, et cela a été une très bonne décision - le matériau épais semble rugueux, mais il résiste à l'abrasion et aux craquelures avec ténacité depuis un quart de siècle.

Sous le capot de la Lada Natacha, pour être franc, il n'y a rien d'inhabituel - on trouve le classique moteur 8 soupapes de 72 ch avec un carburateur Solex. C'est exactement le bloc avec lequel la voiture a traversé la frontière quand elle a été exportée. Le moteur, bien sûr, n'a pas été changé, mais on lui a installé un carburateur avec starter automatique et un système sophistiqué pour réduire les émissions toxiques à l'échappement. La voiture était équipée d'un pot catalytique, d'une sonde lambda et d'une unité de contrôle électronique fonctionnant de concert avec diverses valves et capteurs.

Après son retour en Russie, tout le système de cette Natacha, sans soins appropriés, est devenu instable et a été remplacé par « carburateur » domestique plus simple. Mais les restes de la technologie européenne sous forme de fils et de soupapes étranges peuvent encore être trouvés sous le capot. Seul l'alternateur importé de haute puissance semble faire partie de ce « luxe ancien » - bien qu'on ne sache pas exactement s'il a été installé là-bas pour remplacer le nôtre ou par Togliatti pour améliorer sur la chaîne de montage les modèles « export ».

Le plus intéressant est bien la transformation elle-même... Les voitures soviétiques et russes étaient si bon marché pour les concessionnaires occidentaux qu’ils ont réussi à transformer ces voitures en cabriolet et les vendre ensuite moins chères que les décapotables de marques européennes, bien mieux établies et célèbres !

Le toit de la « Vosmerka » habituelle a été coupé, la capote et son système de fixation et de tension ont été fabriqués et montés, des renforts supplémentaires ont été soudés le long des longerons pour compenser la rigidité de la carrosserie après le retrait du toit, les ailes arrière ont été coupées et des éléments de renforcement y ont été soudés, un nouveau couvercle de coffre a été fabriqué, après transformation toutes les pièces en métal ont été peintes, et le kit-carrosserie monté - bas de caisse et pare-chocs. Imaginez combien de travail cela représente ! Car au final, le prix de la voiture devait être tel que l’acheteur européen potentiel puisse choisir un cabriolet de « l'empire du mal » au lieu d'un modèle équivalent beaucoup plus courant comme, disons, une Peugeot ou une Volkswagen !

Cette voiture ne diffère en rien de la « Vosmerka » habituelle en ce qui concerne les parties roulantes, la direction, le moteur et la boîte de vitesses, car ces éléments n’ont subi aucune modification. Les modèles de la famille 2108/09, si ils ont été bien entretenus, peuvent encore servir au quotidien - sans prétendre à un confort particulier, mais avec une bonne maniabilité, une tenue de route confiante sur n'importe quelle route, une direction qui n'a pas besoin d'assistance, de bonnes performances et des freins adéquats pour leur poids. C’est aussi le cas de cette Natacha - ce n’est pas une voiture de rêve, certes, mais elle se conduit sans angoisse particulière, surtout si l'on tient compte des sièges en cuir de qualité - qui sont toujours élastiques, confortables et incomparables avec les sièges en tissu standard de la « Vosmerka » habituelle.

Le principal élément qui distingue la « Vosmerka » cabriolet du modèle de série est la visibilité. Elle est nettement moins bonne, à la fois à cause de la capote elle-même, et à cause des « meurtrières » transparentes et souples, jaunies par l'âge. I faut s'y habituer et, en général, tourner la tête plus souvent dans la circulation. La capote repliée rend la voiture très bruyante lorsqu'on roule à grande vitesse - également à cause du tourbillon d'air causée par la manière dont elle est roulée sur le couvercle du coffre. Mais quand elle est relevée, ce cabriolet n'est pas beaucoup plus bruyant qu’une « Vosmerka » habituelle avec le toit métallique - le fait est que la capote amortit bien les bruits d’air, car elle est faite de cuir assez épais. Ce n'est pas la capote originale - en matière synthétique, cette capote en cuir a été fabriquée sur commande dans notre pays, après sa réexportation dans les années 1990.

En tant que telle, la Lada Natacha n'a pas d'histoire : nous avons déjà expliqué par la passé (2) que différents concessionnaires européens ont fabriqué des voitures similaires, en commandant des modifications et des kit-carrosseries à diverses entreprises et ateliers-automobiles. Il n'y avait pas de « synchronisation » pour la construction de ces cabriolets, et tout cela était, comme nous l'avons déjà dit, beaucoup plus proche du tuning que d'une industrie automobile sérieuse dans sa conception habituelle.

Lu sur : https://www.kolesa.ru/test-drive/Natacha-topless-opyt-vladeniya-vaz-2108-kabriolet-1993-goda
Adaptation VG

PS : Bizarrement, pour un site aussi sérieux que Kolesa.ru, la confusion est faite entre ce cabriolet réalisé par Lada of Canada (3) et la Natacha. D’où de nombreuses incohérences et fantaisies dans le texte (que j’ai volontairement laissées lors de la traduction).

(1) Un subordonné doit avoir l'air fringant et stupide devant son supérieur, afin de ne pas l’embarrasser par son intelligence.

(2) Voir : https://www.sovietauto.fr/2016/08/cabriolada-les-voskmerka-sans-toit-europeennes.html

(3) Voir : https://www.sovietauto.fr/2017/11/rare-le-cabriolet-lada-a-un-million.html

Tag(s) : #Lada, #Samara, #Cabriolet, #Canada, #Essai