Il est presque difficile de le croire aujourd’hui, mais à l’époque de la normalisation socialiste, la Tchécoslovaquie a travaillé sur des véhicule que l’on rencontrait plutôt dans les pays capitalistes pour des balades romantiques sur les plages de sable, en d’autres termes, des beach-buggies.
Encore une fois, le designer Vaclav Kral et la société Metalex (MTX) étaient aux manettes pour donner naissance à un premier buggy dans le pays. Vaclav Kral avait un intérêt personnel dans le développement d’un véhicule de ce type. Il voulait faire de la course et l’autocross lui semblait être la discipline idéale. « C’est en 1970 que les courses d’autocross ont fait leur apparition dans le pays. Nous nous sommes dit que c’était enfin la bonne occasion pour nous car il n’y avait pas de voitures pour cela. La voie était donc libre pour ceux qui seraient capable d’imaginer et désireux de fabriquer une voiture pour ce type d’épreuves » se souvient le célèbre designer automobile dans le son livre « Vaclav Kral - designer, ktery chtel zmenit svet » (« Vaclav Kral, le designer qui voulait changer le monde »).
L’entité qui était prête à fabriquer cette voiture était la société MTX, nouvellement créée. Le développement du buggy, des premières esquisses à la construction de l’ensemble du véhicule, n’a pris que quatre mois.
Il était basé sur un châssis-cage tubulaire sur lequel étaient montées des pièces de Skoda 1000 MB ou de Skoda 100. Le moteur quatre cylindres de 1,000 cm3 avait été préparé pour développer 60 chevaux. La voiture présentait non seulement de très bonnes caractéristiques en matière de conduite, mais aussi un design attractif. Elle aurait été appréciée par le célèbre designer Giorgetto Giugiaro lors de l’exposition « L’homme et l’automobile » organisée à Prague au cours de l’été 1970. Selon le spécialiste de l’histoire de Metalex, Marcel Gause, ce dernier aurait déclaré : « J'ai vu de nombreux véhicules de cette catégorie, mais celui-ci est le plus beau de tous ».
En 1973, un nouveau buggy a été créé chez Metalex portant le nom de MTX 2-02. La voiture utilisait des pièces provenant des Skoda 100/110 de série dans une proportion encore plus grande que son prédécesseur. Là encore, il s’agissait d’une voiture biplace. Deux arceaux de protection assuraient la sécurité en cas de retournement. Le moteur de type 110, tourné sur 180 degrés, était couplé à une boîte de vitesses standard à quatre rapports. Bien sûr, il n’entraînait que les roues arrière. Ce 1,107 cm3 voyait également sa puissance augmentée. Plus précisément à 72 chevaux. Les décélérations étaient assurées par des freins à disque à l’avant et des freins à tambour à l’arrière.
Les deux buggies de Metalex avaient une garde au sol de 175 mm et une carrosserie très courte. Le premier modèle mesurait seulement trois mètres et le second était plus long de dix centimètres.
Les sièges étaient en fibre de verre, rembourrés et équipés de ceintures de sécurité à quatre points. On trouvait un réservoir de carburant de 27 litres à l’intérieur de l’habitacle. Comme son prédécesseur, le second buggy n’a été produit qu’à un seul exemplaire et il faudra attendre quinze ans pour que Metalex se consacre de nouveau à un véhicule de ce type.
Entre-temps, Mlada Boleslav avait sérieusement envisagé de fabriquer son propre buggy. Skoda a été impliqué dans l’autocross dès ses débuts en Tchécoslovaquie. En fait, le pilote d’usine Milan Zid a même remporté le premier championnat national d’autocross dans la catégorie jusqu’à 1,000 cm3 avec un buggy basé sur la Skoda 110 L ! Et si une équipe a été engagée dans la discipline dès 1972, la direction de la marque n’a pas échappé à l’intérêt croissant pour les véhicules de plage à l’étranger.
En occident, la technologie de la Volkswagen Coccinelle était souvent utilisée et les Skoda contemporaines semblaient également très intéressantes pour des conversions similaires. En Belgique, par exemple, le Buggy VF a été construit de cette manière. Plus tard, il a reçu le nom d’Okapi VF et produit à une trentaine d’exemplaires. Un projet identique était également au programme d’une société italienne, mais s’est limité à deux prototypes.
En 1973, le centre de développement de Skoda est entré dans le jeu. La marque voulait voir si un projet de ce type pourrait avoir un potentiel commercial. Le projet Skoda Buggy type 736 a été mené jusqu’en 1976, date à laquelle les essais routiers on pris fin. L’empattement de la berline Skoda 110 L avait été raccourci à 2,000 mm et les ingénieurs avaient renforcé la plate-forme avec deux longerons, un cadre de pare-brise tubulaire et un arceau de sécurité au-dessus des têtes du conducteur et du passager.
Le prototype avait une carrosserie en métal et disposait de quatre places, celles de l’arrière étant plutôt des places d’appoint. Il avait été dessiné par le designer Josef Cech et fabriqué à la main par les apprentis du centre de formation professionnelle de la marque. Ils en ont ensuite réalisé quatre autres soit cinq au total.
Le buggy imaginé à Mlada Boleslav avait une construction sophistiquée. Le radiateur, la batterie et le réservoir de carburant de 40 litres placés à l’avant avait permis de répartir favorablement la charge sur les essieux. La paire de phares posée sur le capot de même que la roue de secours protégée par une housse en tissus étaient également intéressantes. L’avant et l’arrière de voiture étaient protégés par deux arceaux tubulaires massifs.
Le moteur de Skoda 110 - un 1,107 cm3 de 45 ch - était installé à l’arrière. Avec une longueur de seulement 3,320 mm, le Skoda Buggy avait un poids à vide de 710 kg. La charge utile de 400 kg correspondait à quatre adultes et 100 kg de bagages. Mais, dans les faits, il n’y avait pas de coffre et quand on voyageait à deux on pouvait ranger des petits objets sur la banquette arrière faisant 980 mm de large. Les passagers étaient protégés des intempéries par un toit en tissu avec des vitres latérales en plastique transparent. Chaussé de pneus Barum 165 SR 13 ou 175 SR 13 au profil routier ou tout-terrain, le prototype pouvait atteindre une vitesse de 107 km/h avec une consommation moyenne de 8,3 litres aux 100 km à demi-charge.
Au final, les efforts des ingénieurs n'ont rien donné. Bien que le buggy ait passé avec succès des essais exigeants sur près de 30,000 km et que les évaluations aient été positives sur la plupart des points, cela n'a pas suffi à pousser cette voiture marginale vers la production en série. Et l'intention de proposer la voiture à la police et aux gardes-frontières n'y a rien changé.
Lu sur : https://automix.denik.cz/magazin/pribeh-ceskych-buggy-ve-skode-pak-na-nich-pracovali-ucni-20211031.html
Adaptation VG
Relire aussi :
https://www.sovietauto.fr/2010/06/vf-le-buggy-belge-à-mécanique-skoda.html
https://www.sovietauto.fr/2020/08/skoda-buggy-type-736-l-autocross-en-est-a-l-origine.html