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Le besoin de créer une ambulance basée sur la Polonez est apparu pendant la période difficile de transformation de la Pologne. A l’époque, les services de santé polonais ne pouvaient pas se permettre d’importer massivement depuis l’occident des ambulances modernes afin de remplacer les bonnes vieilles ambulances Polski-Fiat 125p... Ces ambulances Polonez ont donc sauvé les Polonais pendant de nombreuses années… même s’ils auraient certainement préféré ne pas savoir qu’ils se rendaient aux urgences couchés juste au-dessus d’une bonbonne de GPL !

Les premières tentatives d’adaptation de la Polonez en ambulance ont eu lieu dans la seconde moitié des années 1980, lorsque, en coopération avec la Fabryka Samochodow Dostawczych (FSD) de Nysa, un prototype d’ambulance basé sur la Polonez Truck a été développé. L’aménagement avait été conçu par l’usine de Swidnica, celle-là même qui avait développé l’ambulance Nysa. Cependant, elle n’a jamais connu la production en série, car pendant les essais, son exploitation au quotidien a posé de nombreux problèmes. La FSO 125p a donc continué à constituer la base des flottes d’ambulances du pays.

Une autre tentative a ensuite été menée quand est apparue la Caro, la version modernisée de la Polonez, et ses nombreuses versions dont la Polonez Cargo. Le porte-à-faux arrière rallongé et le toit surélevé était idéal pour l’adapter aux besoins des services de santé. L’atelier de confection de sellerie ZTS FSO (Zaklad Tapicerki Samochodowej) de Grojec a commencé à construire des ambulances. A peu près à la même époque, une petite société de Myslowice en Silésie a également développé sa propre version sur la base de la Polonez Caro. Mais peu de personnes ont prêté attention au fait que ces deux ambulances, bien que semblables à première vue, étaient sensiblement différentes ! Jerzy Kuc, le propriétaire d’Autoform, et son employé Roman Pietrzyk - multiple champion de Pologne d’aéromodélisme - avaient eu l’idée de transformer la Polonez en véhicule sanitaire. Ils avaient trouvé une autre manière d’étendre et de relever la hauteur du toit.

Pendant plus de 20 ans, les deux versions ont pu être aperçues dans les rues des villes polonaises. La tentative de remplacer les « Duzy Fiat » fut sans doute un succès et n’avait pas coûté trop cher, mais ces deux versions n’avaient pas grand-chose à voir avec les ambulances venues d’Europe occidentale.

Les avis des utilisateurs de ces Polonez uniques sont partagés, tout comme la base utilisée est fonction des besoins et des finances du client. Les FSO Cargo, plus basiques, se trouvaient essentiellement dans le parc de l’armée polonaises, tandis que la Polonez Ambulans pouvait exister en version destinée au transport des patients sous dialyse avec une banquette repliable. Les versions les plus « riches » de FSO Cargo développées par la société Cimos, disposaient (comme les ambulances similaires basées sur des Mercedes ou des Volvo) d’un compartiment de rangement pour la roue de secours et d’autres équipements dans la porte arrière côté conducteur et même d’un chauffage additionnel pour en cas de stationnement prolongé. On pouvait aussi y trouver un brancard automatique que l’on n'avait pas dans l’ambulance préparée par Autoform.

Robert Gaska, un ambulancier de Cracovie, se souvient de la Polonez : « Lorsque nous avons reçu cette Polonez avec sa superstructure en plastique, nous avons vraiment eu l’impression de passer d’une Fiat à une autre. Si on pouvait s'y tenir droit, il n’y avait pas beaucoup d’espace. Les problèmes qualité étaient les mêmes qu’avec la 125p et causés par l’austérité généralisée et la décision de les convertir au GPL. Malheureusement, il est arrivé qu’elles tombent en panne au moment où l’on s’y attendait le moins et le patient était plus ou moins conscient qu’il était couché sur une bonbonne de gaz. D'ailleurs, une fois monté le réservoir GPL, on ne savait plus quoi faire de la roue de secours ! ».

Les premières ambulances Polonez ont été livrées à Cracovie en 1993. Il s’agissait d’exemplaires transformés par Autoform. L’une d’entre elles occupe une place particulière dans l’histoire. Don de la compagnie d’assurance Polisa aux habitants de Cracovie, elle est basée sur une Polonez de couleur ivoire, ce qui était une rareté. La livraison de cette Polonez a été un tel évènement qu’elle a été choisie pour assurer la sécurité du tournage du film « La liste Schindler ». Un second exemplaire blanc a été alloué à l’hôpital de Nowa Huta. Un an plus tard, en 1994, Cracovie a reçu une allocation du ministère de la Santé pour acheter de nouvelles Polonez cargo. Ces dernières, contrairement aux ambulances de Myslowice, avaient été transformées par la ZTS de Grojec.

Au tournant des 20ème et 21ème siècles, on a aussi tenté de transformer la Polonez Kombi en ambulance. Une petite série a été réalisée par la société Arkom, qui avait déjà fourni des brancards pour la Polonez Cargo. Ces véhicules ont également été adapté pour servir de transport sanitaire. Cette version Kombi aurait pu être un succès commercial. De nombreux spécialistes de la marque FSO estiment que si elle avait été introduite à la place de l’Atu, l’usine aurait pu gagner beaucoup d’argent.

La dernière ambulance basée sur la Polonez Kombi a probablement été utilisée jusqu’en septembre 2016 par la Malopolska Kolumna Transportu Sanitarnego (MKTS) de Tarnow. Il s’agissait d’un modèle 2001 spécialement adapté par les employés de la MKTS. Lorsqu’il a été réformé, il a été offert au Muzeum Ratownictwa (Musée du Sauvetage) de Cracovie.

Les ambulances présentées dans l’article proviennent d’ailleurs de la collection de ce musée. Ce n’est que lorsque l’on les place les unes à côté des autres que l’on remarque les différences de construction. Ainsi la Polonez Ambulans, bien que plus longue est nettement plus étroite au niveau du toit. Cela se voit facilement quand on les regarde par l’arrière car sur son hayon, la lunette arrière provient d’une… Fiat Cinquecento, tandis que la FSO Cargo conserve la lunette arrière de la Polonez ! Vous remarquerez aussi sur le toit la largeur de la rampe de gyrophare Elektra. L’aménagement intérieur, le type de brancard notamment, est également différent.

Lu sur : https://geekweek.interia.pl/historia/news-stracona-nadzieja-polonez-w-sluzbie-zdrowia,nId,2776089
Adaptation VG