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Pour beaucoup, la Skoda Octavia moderne la plus collectionnable est le modèle RS WRC Edition (*) grimé aux couleurs de la compétition. Pourtant, la version allongée Long est encore plus rare.
Cette Skoda Octavia moderne de première génération, de couleur gris granit, et qui fait partie de la collection du Skoda Muzeum, est une rareté, et pas seulement en raison de sa finition Laurin & Klement sur le modèle d'avant-restylage. Elle se vante aussi de n’avoir parcouru que 2,629 km en près d’un quart de siècle ! Et quand on la regarde de côté, elle semble plus équilibrée que les autres Skoda Octavia - et pour cause, puisque nous sommes en présence du modèle Long qui a effacé la disparité entre les porte-à-faux volontairement longs et l’empattement court de 2,512 mm. La version longue semble beaucoup plus mature et naturelle. Il s’agit aussi de la première limousine produite à Mlada Boleslav et destinée uniquement à quelques élus.
Si la Skoda Octavia moderne de première génération a été universellement critiquée pour quelque chose, c’est unanimement pour sa mauvaise accessibilité et le manque d’espace aux places arrière. Le Premier Ministre de l’époque, Milos Zeman, ne voulait voir que des voitures tchèques dans les services gouvernementaux. On ne peut que saluer cette démarche patriotique mais allait-on pour autant rouler en Tatra ?
Malheureusement non, la vieillissante Tatra 700 n’avait pas de successeur direct et le choix s’est donc porté unanimement sur Skoda. Cependant, la plateforme de Volkswagen Golf IV n’avait jamais été modifiée au niveau de l’empattement ou de la largeur des voies et les Tchèques furent donc les premiers (et les seuls) au niveau du Groupe Volkswagen à s’attaquer à cette tâche difficile. « Lorsqu’un constructeur automobile allonge une voiture, cela porte toujours sur la zone des portes arrière. Mais nous les avons laissées telles quelles et, au contraire, nous avons élargi le pilier B » se souvient Zdenek Ettel, alors responsable de la construction des prototypes.
« Le bas de caisse a été allongé, la paroi latérale extérieure a été découpée au laser et soudée à partir de deux pièces de série. La tôle recouvrant le pilier B et le toit sont des pièces neuves pressées sur un outillage spécifique. Le montant ainsi que son support au niveau du bas de caisse et du toit, sont découpés au laser et soudés à partir de deux pièces de série » explique-t-il, décrivant les modifications complexes de l’époque.
Les changements susmentionnés ont également impliqué la modification de toutes les pièces et accessoires connexes. Cela inclut les tapis de sol et les garnitures de montant central. Mais en général, le plus gros problème restait l’obligation pour le fabricant de fournir des pièces de rechange dix ans après l’arrêt du modèle. Cet engagement signifiait que le constructeur automobile devait non seulement fabriquer des voitures en vue d’effectuer un cycle complet d’homologation, mais aussi veiller à ce que les clients disposent d’un stock suffisant de pièces de rechange pour leur garantir une vie de dix ans sans problème avec leur voiture neuve. Et il y avait beaucoup de pièces !
L’allongement de l’empattement de 80 mm seulement a nécessité, par exemple, la modification des conduites de freins… Sans oublier un pavillon de toit entièrement nouveau qui devait être fabriqué d’une seule pièce pour éviter toute discontinuité dans sa forme. « Cela n’est déjà pas amusant de fabriquer une voiture, alors imaginez dans le cas d’une version produite en petite série » indique Stanislav Cinkl, alors responsable du montage des prototypes.
Alors pour qui le modèle Long a-t-il été conçu ? Seulement pour quelques privilégiés. Outre le gouvernement tchèque, selon nos informations, il a été également été acheté par plusieurs entrepreneurs afin de représenter fièrement les produits de l’industrie mécanique nationale. Selon son passager le plus célèbre, Milos Zeman, l’Octavia Long avait même reçu le surnom de « Zemak » (« pomme de terre ») directement de ses créateurs à l’atelier de Cesana. Quand on sait que le bus électoral de Milos Zeman - un Karosa C 734 - portait également ce nom !
L’Octavia la plus longue et la plus luxueuse n’a jamais été destinée aux familles. La production de l’Octavia Long était coûteuse et l’espace généreux aux places arrière n’aurait de toute façon pas été apprécié par les enfants. Après tout, à quoi servirait cet interminable espace aux jambes ? La « Zemak » n’a jamais été produite en carrosserie break. Par contre, la finition Laurin & Klement et les diverses peintures métallisées, était largement disponible dans les deux styles de carrosserie du modèle court.
La version Long présente une caractéristique intéressante : elle n’a pas été produite en même temps que les autres Octavia sur la chaîne de Mlada Boleslav. « Six carrosseries ont été réalisées à l’atelier de développement et de montage des prototypes de Cesana avec un statut de prototype et leur assemblage final a eu lieu à l’usine de Vrchlabi. Les treize autres carrosseries rallongées ont été réalisées à Kvasiny, peintes dans l'atelier de peinture de Mlada Boleslav et finalement assemblées par des ouvriers spécialement formés à Vrchlabi », se souvient Pavel Baran, chef de l’atelier tôlerie de l’usine de Kvasiny.
Le jour de gloire de l’Octavia Long a eu lieu le 20 janvier 1999. A l’académie Straka, siège du gouvernement de la République Tchèque, le Premier Ministre et futur Président, Milos Zeman, a reçu des mains du président du conseil d’administration de Skoda Auto, Vratislav Kulhanek, deux limousines spécialement modifiées et équipées du plus puissant moteur quatre cylindres 1.8 20V Turbo de 150 ch. Les voitures étaient dotées d'équipements supplémentaires tels que des capteurs de stationnement dans le pare-chocs arrière, un téléphone et un gyrophare bleu amovible. Vratislav Kulhanek a déclaré à l'époque que l'Octavia allongée n'était qu'une solution temporaire qui serait bientôt remplacée par un modèle de taille moyenne supérieure produit en série et basé sur la plateforme de la Volkswagen Passat et de l'Audi A6.
C’est donc la Skoda Superb qui a tué la « Zemak ». Lorsqu'elle a été présentée pour la première fois en 2001, personne ne se rappelait de l'Octavia Long. Aujourd'hui, c'est une véritable rareté. Au total, 19 exemplaires ont été produits : quatorze limousines basées de première génération et quatre autres du modèle restylé (NDT : et le dix-neuvième ?). L’Octavia Long a terminé sa courte carrière à Kvasiny le même mois que la Skoda Felicia a terminé la sienne après sept ans à Mlada Boleslav.
Nous ne pouvons que spéculer sur ce qu’il est advenu des dix-neuf Octavia Long. Ce que nous savons, c’est que l’une d’entre elles, quasi neuve, a brûlé. Les autres ont disparu, que ce soit dans les collections ou dans les annales de l’histoire. La rencontre avec l’exemplaire pratiquement jamais utilisé du Skoda Muzeum est d’autant plus exclusive pour nous. On trouve sous son capot, le puissant moteur quatre cylindres 1.8 20V Turbo de 150 ch qui a dominé les ventes. Les versions « courtes » Laurin & Klement pouvaient également être équipées d'un moteur diesel 1.9 TDI de 110 ch.
L'équipement de l'époque de la version Long comprenait non seulement un tableau de bord gris et une sellerie en cuir, son accoudoir pouvait accueillir un téléphone Nokia 3110, et elle proposait même une table en bois précieux se repliant au dos du siège avant droit. À partir de 1999, les modèles Laurin & Klement étaient dotés de phares et de clignotants à glace transparente, ce que toutes les autres Octavia n'ont reçu qu'en août 2000, en même temps que d'importantes améliorations.
Avec son bois précieux, les sièges recouverts d’un somptueux cuir clair et beaucoup d’espace pour les jambes, l’Octavia Long est une voiture que son propriétaire n’achetait pas pour la conduire. Et si de l’extérieur, les huit centimètres de plus ne se remarquent pas tout de suite, à l’intérieur les passagers ont l’impression de se retrouver dans une véritable limousine de luxe. Nous devons adresser nos compliments aux ingénieurs de Cesana qui ont rempli leur mission à la perfection. Cependant, le très faible nombre de pièces produites rend pratiquement impossible la possibilité d'en acheter une aujourd'hui.
Si d’aventure dans une annonce vous tombiez sur une curieuse Skoda Octavia allongée, vous pourrez compter sur le fait que le vendeur sait parfaitement ce qu’il offre. Récemment, un exemplaire a été mis en vente au prix de 2 millions de couronnes tchèques (environ 80 mille euros). C’est la preuve suffisante que huit petits centimètres peuvent faire des merveilles incroyables…
Lu sur : https://www.autorevue.cz/raritni-skoda-octavia-long-vyresila-dva-problemy-najednou-byla-vsak-draha-a-jen-pro-vyvolene
Adaptation VG