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S’il nous arrive de croiser des Zaporojets à moteur arrière avec de très faible kilométrages, les Tavria à traction avant sont beaucoup plus rares, en particulier celles produites à l’époque soviétique (jusqu’en 1991).

Il y a peu, l’un des lecteurs de mon blog m’a envoyé le lien d’une annonce pour une très belle ZAZ-1102 de 1989 en vente à Moscou avec un kilométrage ridicule ! Imaginez, cette Tavria ne compte que 169 kilomètres à son compteur ! Elle est totalement neuve : aucune trace de corrosion, la peinture n’a jamais été refaite et elle n’a subi aucune modification.

Le vendeur en demande 175,000 roubles, soit environ 2,300 dollars au taux de change actuel. Il s’agit d’un prix décent pour une « youngtimer » soviétique dans un tel état de conservation. Fait intéressant, en 1987 du temps de l’URSS, une Tavria neuve était vendue 5,100 roubles.

ZAZ avait commencé à travailler sur un modèle à traction dès la fin des années 60 mais ce n’est qu’en 1978 que le Ministère de l’industrie automobile de l’URSS a autorisé le constructeur à développement et lancer la production d'un modèle de ce type. Les ingénieurs de l’usine de Zaporojié sont partis d’une feuille blanche tout en gardant un œil sur la Ford Fiesta modèle 1976, en dépit des appréciations négatives remontées par les pilotes essayeurs de l’usine.

L’un deux, Ivan Kochkine, raconte : « En Europe, cette voiture a été vantée comme étant à la limite de la perfection, mais quand je l’ai eu entre les mains pour des tests comparatifs, il est apparu qu’elle n’avait rien à voir avec la publicité. L’estomac des passagers arrière saute sur les petites bosses et la tête du conducteur bouge dans tous les sens sur route cahoteuse en raison du manque de coordination dans la suspension. La colonne de direction, pour économiser un cardan, est installée à l’horizontal. Imaginez un volant oblique. Nous pensions que les ingénieurs occidentaux étaient les meilleurs, mais eux aussi ne sont pas à l’abri des erreurs ».

Les années ont passé et l’étude de la nouvelle ZAZ a continué. Après la Fiesta, ils s’inspiraient des Austin Metro, Fiat Uno et d’autres citadines. Mais l’argent manquait car les subventions du Ministères étaient destinées en priorité à l’Usine Automobile de la Volga qui était en train de travailler sur le développement des VAZ-2108 et 2109 « Sputnik » D’où le retard impressionnant pris dans le lancement de la production de la Tavria : le premier exemplaire a été produit le 18 novembre 1987. Dans les faits, le modèle 1102 était déjà dépassé et ne tenait pas la dragée à ses concurrentes occidentales.

Sous son capot on trouvait un moteur MeMZ-245 de 1,1 litre à carburateur de 51 ch. Cette trois portes, pesant à vide 710 kg, pouvait atteindre 140 km/ h et passer de 0 à 100 km/h en 18 secondes. Elle avait une boîte manuelle à cinq rapports et sa consommation moyenne était de 5,7 l/100 km.

A partir de 1994 on a commencé la production de la ZAZ-1105 « Dana ». Il s’agissait d’une Tavria cinq portes à carrosserie break. Au même moment a été présentée la ZAZ-1103 « Slavuta » avec une carrosserie liftback mais la production en série de cette dernière n’a commencé qu’en 1999. A la fin des années 90 en collaboration avec Daewoo, une version modernisée, la Tavria Nova, a été mise sur le marché. Pour améliorer sa fiabilité et augmenter la sécurité passive, la carrosserie a été renforcée ce qui a aussi permis de réduire le niveau sonore à l’intérieur de l’habitacle. La voiture recevait aussi une nouvelle calandre, des phares et feux arrière modernisés et aussi de nouveaux enjoliveurs sur des jantes 4,5J avec de pneus tubeless. Le hayon recevait un troisième feu stop.

Quand on monte à l’intérieur de notre Tavria de 1989, on est choqué de découvrir que les sièges sont encore recouverts avec les housses en plastiques installées en usine pour les protéger jusqu’à la remise des clés au client. D’ailleurs le propriétaire dispose encore des deux jeux de clés d’origine, de son passeport technique soviétique et d’une liste des prix des Tavria datant de 1989. Enfin dans le coffre, on trouve la fameuse (et toujours impressionnante) trousse à outils, une pompe à air, une boîte de premier secours et un petit pot de peinture pour les retouches.

Une voiture comme celle-là mériterait une belle place dans un musée !

Lu sur : https://www.drive2.ru/b/2880231/
Adaptation VG