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LuAZ-969 : le premier en URSS.

Pour être honnête, les routes d’aujourd’hui en Russie, comme les routes d’hier en URSS, ne sont pas les meilleures qui soient. Après la Seconde Guerre Mondiale, il y avait très peu de routes. Celles que l’on devait plutôt considérer comme des chemins - souvent forestiers - et qui reliaient les villages aux terres agricoles étaient entretenues uniquement par les habitants des villages des environs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il n’y a plus de kolkhozes, plus de sovkhozes, il n’y pratiquement plus de gardes forestiers, ils ont presque disparu. Désormais, dans le meilleur des cas, les chasseurs ne peuvent guère compter que sur des routes en pierres concassées... Il n’y a plus d’argent.

L’URSS se remettait d’une guerre terrible. Le bien-être de la population croissait, même dans les zones rurales. Les paysans même obtenus un passeport intérieur leur permettant de circuler de plus en plus hors de leurs villages. C’est pourquoi le Parti et le gouvernement ont décidé de donner à la population un véhicule tout-terrain, le LuAZ-969. Le premier du genre.

Notre journal (NDT : un journal pour les chasseurs) se souvient fréquemment et avec affection des vieux fusils. On affirme qu’ils étaient mieux que ceux d’aujourd’hui. Souvenons-nous donc de cette vieille voiture soviétique qui, plus d’une fois, a permis aux chasseurs à sortir de la forêt les produits de leur chasse. Une remarque qui vaut aussi pour les pêcheurs ou les cueilleurs de champignons !

Le LuAZ-969 a des racines militaires. Son ancêtre était le LuAZ-967, connu dans l’armée sous le nom de TPK (véhicule de transport en première ligne). Jusqu’à aujourd’hui c’est un véhicule très intéressant et particulièrement attrayant pour les pêcheurs et les chasseurs... car il est amphibie ! S’il est en bon état et si la carrosserie n’est pas attaquée par la rouille, on peut le mettre à l’eau. Aucune opération particulière n’est nécessaire : on roule sur la berge et on peut plonger dans l’eau sans même descendre de voiture !

La version civile du LuAZ ne peut pas en faire autant : elle ne flotte pas. Ce modèle civil n’était d’ailleurs pas destiné aux militaires : aucun équipement spécial n'était d'ailleurs disponible. De plus, de 1966 à 1971, le LuAZ-967 était à traction avant alors même qu’il avait été conçu initialement comme un véhicule à quatre roues motrices. La raison était habituelle pour l’époque : on connaissait des problèmes de production des pignons arrière. Cela en fait la première voiture à traction avant de toute l’URSS ! C’est aussi le premier véhicule tout-terrain civil soviétique.

En 1979 est lancé le LuAZ-969, un modèle différent des modèles précédents. Lors du Salon International de Turin, le LuAZ-969M est désigné comme faisant partie des dix meilleures voitures d’Europe. En 1967, le LuAZ-969 coûtait 1,700 roubles. A titre de comparaison, la même année la ZAZ-968 valait 1,600 roubles.

Quelles étaient ses caractéristiques techniques ? Il avait une suspension indépendante à barres de torsion sur les quatre roues. Sa garde sol était de 280 mm. La transmission était permanente avec un train arrière enclenchable. Un arbre de transmission reliait la boîte de vitesse au réducteur arrière. Il y avait un blocage de différentiel sur l’essieu arrière et une gamme de rapports courts. La boîte de vitesses était à quatre rapports. Le moteur MeMZ à refroidissement par air développait 40 ch. Les pneus en 13 pouces de production soviétique IV-167 étaient pour ainsi dire à profil directionnel. Leur montage correct facilitait l’évacuation de la boue encrassant les sculptures. La vitesses maximale était de 85 km/h et la consommation de carburant de 10 litres aux 100 km à 60 km/h.

Voilà pour la présentation. Mais quelles étaient ses qualités ? D’abord et avant tout, il fait montre d’exceptionnelles qualités en tout-terrain en raison de sa garde au sol élevée, ses blocages de différentiel, son faible poids, sa facilité d’entretien et de réparation. Pourquoi cette dernière qualité ? Car vous pouvez réparer la voiture sur le terrain... Et les inconvénients ? Un moteur peu puissant et un alternateur un peu faiblard. Si vous roulez avec les phares et le chauffage, vous prenez le risque de vider la batterie. Les pièces sont aussi de mauvaise qualité et le confort peu élevé.

Dans les années 90, on a monté dans le LuAZ le moteur de la Tavria, à refroidissement par eau. Cette version a reçu le nom de LuAZ-1302. L’usine de Loutsk a cessé la production. Aujourd’hui, même si l’Ukraine est devenue un Etat indépendant, on peut encore trouver en Russie des LuAZ dans un état plus ou moins décent. Pour quoi faire ? Pourquoi ne pas acheter un SUV neuf ? Parce que vous n’en trouverez pas à moins de 150,000 roubles. On peut trouver des LuAZ pour environ 25,000 roubles. En plus, il se prête bien à une petite modernisation. On peut facilement remplacer le moteur MeMZ par un moteur Lada. Vous n’aurez besoin que des supports et de la butée d’embrayage spécifiques que l’on peut trouver sur internet. Il est par contre préférable de monter le moteur Lada que l'on trouve dans la Moskvitch-2141 car avec celui-ci vous n’aurez pas besoin de vous faire des cheveux... Il faudra changer le radiateur, mais rien bien méchant. Il sera également très facile de faire immatriculer le LuAZ après ce genre de transformation. Installer aussi des freins à disques à l’avant à la place des tambour, un mécanisme de direction de VW qui permettra d’annuler immédiatement tout flottement sur la route et changer les sièges avant de Kopeïka par ceux d’une voiture étrangère, idéalement chauffants, pour un tout autre confort.

En fait, la voiture est très facile à améliorer. On peut facilement monter des jantes de 14 pouces, par exemple celles des anciennes Mazda. Et en rehaussant un peu la suspension, on peut aussi monter des jantes de Niva. On peut trouver sur le marché, des ensembles jantes / pneus basse pression spécialement conçus pour le LuAZ. Il faudra peut-être découper les passages de roues, mais vous décuplerez ses capacités ! Seul leur prix constituera un frein : plus de 8,000 roubles chaque. Mais pour résumer, il n’y aucune limite pour les améliorations !

Je suis moi-même propriétaire de cette merveille d’ingénierie. Ces quelques années d’utilisation et d’entretien m’ont confirmé ses qualités. Rien de plus facile que de partir à la chasse aux champignons sur quelques kilomètres de route forestière ! N’oubliez pas d’emmener une tronçonneuse et une hache, cela peut être utile. Si sur la route vous tombez sur une immense flaque d’eau avec de profondes ornières, enclenchez les roues arrière, passez en rapports courts et bloquez le différentiel. La voiture avancera lentement mais sûrement. Si vous restez coincés, il suffira de passer la marche arrière pour vous sortir de ce mauvais pas. Bref, un tank ! La suspension à barres de torsion n’est certes peut-être pas très confortable, mais on en peut pas tout avoir ! Il faut aussi préciser que la consommation sur route approche les 20 litres aux 100, mais ce n’est pas plus qu’un UAZ.

En conclusion. Si vous avez de l’argent, vous n’en aurez pas besoin. Si avez de l’argent vous pouvez faire du LuAZ une super voiture. Mais si avez peu de moyens et besoin d’un tout-terrain pour partir à la chasse, à la pêche ou aux champignons, cherchez sur internet, vous devriez pouvoir trouver votre bonheur.

Lu sur : http://www.ohotniki.ru/transport/cars/article/2013/10/25/639990-pervyiy-v-sssr.html
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #LuAZ, #969, #Marché, #Témoignage