Quand on évoque les listes d’attente pour s’offrir une voiture, on pense aux Ferrari 458 Italia et autres Pagani, et les longs mois de délais qui suivent le versement d’un acompte faramineux. Mais dans l’Europe de l’Est communiste, ces listes signifiaient une longue attente, une très longue attente pour une Trabant véritablement rationnée. Il fallait attendre. Mais si vous ne vouliez pas attendre, il y avait des moyens de ne pas... attendre.
L’une des nombreuses bizarreries de l’économie planifiée communiste, c’est que vous ne pouviez pas simplement sortir de chez vous pour acheter une voiture ou ouvrir une ligne de téléphone. Vous deviez en faire la demande et attendre des années. Ce système a eu des conséquences inattendues après la chute du communisme en Europe de l’Est. Les téléphones mobiles se sont, par exemple, répandus comme une trainée de poudre. Mais la raison en était simple. On en avait tout simplement besoin !
Le document que présente cet article de Jalopnik.com est le bon de commande hongrois pour une Trabant dont la livraison était prévue dans les derniers jours du communisme. Merkur était la seule société ayant une licence pour importer des voitures en Hongrie (le pays n’a jamais eu sa propre industrie automobile en dehors de quelques microcars). Mais notez bien les dates ! Le bon commande date du 02 juin 1982 et la livraison est prévue pour 1987 ! Cette voiture avait été commandée par Jozsef Ekker qui m’a raconté comment il a fait l'obtenir sa voiture deux ans en avance.
Voilà comment il fallait faire, sauf si vous étiez un apparatchik du Parti où il suffisait de verser un acompte de 10% et d’attendre quelques mois. Il fallait soudoyer quelqu’un chez Merkur pour se procurer une voiture réputée comme ayant un défaut de peinture, mais étant en réalité en parfaite condition. Pour Jozsef, il a fallu 5,000 forints et changer de couleur. Au lieu d’une voiture couleur ivoire, il a obtenu une voiture grise... en 1985 !
Cet état de fait étrange conduisait à d’autres bizarreries : les voitures d’occasion pouvaient être vendues plus cher que leur prix d’achat. Jozsef a ainsi payé 62,500 forints pour sa Trabant. Il l’a conduit pendant quatre ans et traversé l’Europe : Yougoslavie, RDA, Tchécoslovaquie et même Autriche et la fameuse Grossglockner Hochalpenstrasse, le plus haut col des Alpes Autrichiennes qu’il a franchi deux fois. Et bien, figurez-vous qu'en 1989, il a revendu sa Trabant pour 65,000 forints !
Lu sur : http://jalopnik.com/5901081/when-trabants-were-like-ferraris
Adaptation VG