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GAZ-21 Volga : le Monte-Carlo 48 ans après.

Découverte. Découverte d’une véritable voiture de course née il y a un demi-siècle. Il est difficile d’imaginer une voiture aussi apte à la course automobile que la Volga GAZ-21.

Dans ses premières années, il y avait dans le monde beaucoup de voiture similaires : majestueuses et spacieuses. Mais on les rencontrait très rarement dans les courses automobiles. En URSS, les Volga luttaient entre elles et contre des Moskvitch. Dans les rallyes internationaux elles devaient faire face à des coupés sport extrêmement rapides. Ceux qui ont vu ces GAZ-21 dans les rallyes nationaux n’oublieront jamais ce spectacle à couper le souffle : les crissements de pneus, les dérapages, les dérives profondes...

A l’hiver 1964, deux Moskvitch-403 et trois Volga ont pris la route pour Monaco, la capitale du sport automobile mondial. Les GAZ-21 étaient peintes dans des couleurs qui sont ensuite devenues pour un temps celle de toutes les GAZ participant à des compétitions internationales. Elles rappellent un peu les uniformes des cours de sport à l’école, mais ces couleurs – carrosserie noire sauf le toit en blanc – leur donnaient beaucoup de prestance.

Trois équipages ont participé à ce Rallye du Monte-Carlo : Vaskovich/Dobrovolski , Mossolov/Deggiarev et Tenichev/Dmitrievski. Ils étaient partis de Minsk, qui faisait partie de la liste traditionnelle des villes de départ pour cette compétition. Des phares de recherche étaient montés sur les toits. Il étaient commandés par les copilotes. C’étaient presque les premières voitures à utiliser des ceintures de sécurité. Sur deux des voitures on trouvait même des sièges sports venus de l’étranger. Pour le reste, ces GAZ-21 étaient pratiquement de série. Même les pneus hiver n’ont été achetés qu’à Reims !

Pour dépenser moins de devises, on avait monté des réservoirs de 150 litres dans le coffre. Là où c’était possible, on avait caché des pièces de rechange et des outils. Et même après Reims, on avait gardé les pneus d’origine : la direction les avait obligé à ne rien jeter ! En voyant tout cela, les autres concurrents s’étaient vissés l’index sur la tempe. Les Russes s’apprêtaient à faire la course dans la montagne et on ne comprenait pas pourquoi ils emmenaient autant de chose dans des voitures dont le moteur ne faisait que 80 chevaux. Quand on sait que le rapport poids-puissance de la Mini Cooper S de Paddy Hopkirk, le vainqueur cette année-là, était de 10 kg par cheval contre 17 kg (à vide !) pour la Volga.

La voiture que nous présente Za Roulem est presque de cette trempe. Presque parce que sa suspension est standard. Bien évidemment, les amortisseurs sont plus rigides que ceux de la série. Le volant au diamètre impressionnant et à la fine jante est extrêmement difficile à tourner. Là, nous avons bien l’air d’amateurs face à ces pilotes dans les années 60. Pourtant, dans la vie de tous les jours, ces pilotes étaient de paisibles conducteurs du dimanche, des chauffeurs de taxi ou des pilotes essayeurs.

Cette Volga fait partie des quatre voitures préparées en Lettonie pour participer au Rallye de Monte-Carlo historique. Seules les voitures qui ont déjà participé à cette course légendaire peuvent s’y aligner. Elles ne sont pas si éloignées des Volga de course des années 60. Il est vrai que le moteur est maintenant poussé à 112 chevaux et que la transmission provient d’une GAZ-24 (4 rapports avec levier au plancher). Les freins sont d’origine, à tambours, mais assistés. On trouve aussi des harnais de sécurité modernes et d’autres dispositifs de sécurité. Ce sont les seuls changements apportés aux Volga qui ont participé à cette course l’an dernier.

Elles se conduisent comme au bon vieux temps et vaut mieux ne pas s’emmêler les pinceaux en maniant le levier de vitesse. Selon les participants, les freins à tambours craignent la surchauffe, sauf sur la neige. Et ce, même si des fentes ont été percées dans les jantes et dans les tambours pour améliorer le refroidissement.

On pourrait reprocher beaucoup à cette Volga, mais elle se conduit honnêtement. Elle se conforme de manière classique aux lois de la propulsion. Mieux vaut rester attentif. Un beau dérapage peut toujours se terminer en catastrophe, même sur piste sèche. Alors quand on sait que près de Monte-Carlo ce sont la neige et le verglas qui les attendaient. La GAZ-21 est donc bien une voiture à mettre dans les mains d’un pilote expérimenté.

En 1964, aucune des voitures soviétiques n’a terminé au classement final car elle ne respectaient pas la réglementation en vigueur. L’année suivante, deux Volga (équipages Karamichev/Zimmerman et Mossolov /Dobrovolski) ont de nouveau participé à l’épreuve accompagnées de deux Moskvitch. Là aussi elles n’ont pas été au bout de la distance. Plus aucun pilote soviétique ne s’est rendu ensuite à Monaco.

Il ne faut pourtant pas blâmer les pilotes, les ingénieurs et même les cadres du sport automobile de l'URSS. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient. Les pilotes et les copilotes, qui se déplaçaient dans des survêtements aux genoux rapiécés ont provoqué l’étonnement du personnel des stations-services de toute l’Europe en exigeant des copies de leurs chèques (et ce en dépit d’un programme en rallye ordonné par les autorités !), se sont pourtant battus sur les routes enneigées avec des as du pilotage. Ils ont fait ce qu’ils pouvaient. Ils vivaient juste dans un monde très différent.

Outre le Monte-Carlo, les Volga ont plusieurs fois participé à des compétitions internationales. L’un de leur grand succès a été la performance accomplie par Karamichev/Dobrovolski au Rallye du Soleil de Minuit en Suède en 1964. Mais le meilleur résultat est la 16ème place au classement général lors du Rallye des Mille Lacs en 1962 où un équipage finlandais avait choisi une Volga. Par ailleurs, on avait prévu initialement de faire participer la Volga au Marathon Londres-Sydney de 1968. On estimait que la GAZ-21 était beaucoup plus puissante et solide que la toute nouvelle Moskvitch-412. Mais la carrière de la Volga était quasiment terminée à l’exportation, au contraire de celle de la Moskvitch, des plus prometteuses. C’est en URSS, et jusqu’au milieu des années 70, que l’on a encore pu voir des GAZ-21 briller en compétition.

Après près d’un demi-siècle, la participation de la GAZ-21 au Monte-Carlo a été beaucoup plus réussie. Les quatre voitures du Russian Racing Team ont rejoint la ligne d’arrivée. Le meilleur résultat est la 95ème place obtenue par l’équipage n°214. Ceux qui dans les années 60 ont parcouru ces routes au volant de la Volga, pouvaient-ils imaginer que près de 48 ans plus tard, leur « descendance agitée » en ferait de même ? Pas du tout. Mais ils auraient sans doute aimé...

Légende des photos :
Le cerceau du klaxon a été enlevé. Il est désormais plus facile de tourner le volant. Le levier de la boîte quatre vitesse est désormais au plancher.
Pas de GPS ou d’instrument de navigation moderne ! Ces appareils sont parfaitement en phase avec la voiture et l’esprit du rallye historique.
Les principaux instruments sont entièrement d’origine.
Les commandes de chauffage et de ventilation sont également inchangés. Cela chauffe d’ailleurs très bien, mais pour ce qui est de la ventilation...
Le Rallye Monte-Carlo Historique est une compétition internationale, c’est pourquoi les sièges et les ceintures de sécurité modernes sont obligatoires.
Dans le coffre, tout l’équipement pour un sérieux rallye hivernal.

Lu sur : http://www.zr.ru/content/articles/503263-gaz-21_volga_master_sporta/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Sport, #GAZ, #GAZ-21, #Volga, #Réplique