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Il n'y a pas si longtemps, AvtoVAZ a publié un programme très positif pour son développement jusqu'en 2020. Ce plan mentionne la production de voitures de sa propre conception (Granta, Priora, Niva et Classe C) et de véhicules basés sur des plateformes de l'Alliance Renault-Nissan  (R-90, F-90, BM-Hatch, B-Cross, C-Cross). Outre la liste de ces modèles, le plan de développement précise des chiffres et des données intéressantes. Par exemple en 2017, l'usine de Togliatti produira plus de 1 million de voitures par an ! Ce ne sont que des prévisions. Comment les employés d'AvtoVAZ voient l'avenir ? Tlt.ru est allé à leur rencontre.


1)  Grégori, ingénieur électronicien.

Q : Pourrait-on dire que l'avenir de VAZ est très incertain ?
R : Je pense qu'actuellement peu de gens pourrait dire ce qui va se passer demain pour l'usine. Moi non plus je ne peux pas. Je suis sûr que VAZ va continuera à travailler, mais ce qu'il fabriquera et qui la dirigera, je n'en ai aucune idée. Le fait est que VAZ est dirigé par des gestionnaires efficaces venus de Moscou, mais ils sont là temporairement, c'est le genre de personnes qui ne tiennent pas en place. En général il ne sont pas préoccupés par ce qu'il va advenir du géant automobile russe. Ils sont là pour faire de l'argent et c'est tout. Quand ils sont venus ils nous ont promis de simplifier le système de gestion des personnels administratifs. Et qu'est-ce qu'ils ont fait ? Avant, par exemple, certaines opérations étaient réalisées par deux comptables. Maintenant ils sont six. Ils se sont arrangés pour placer au chaud leurs épouses, leurs filles et leurs maîtresses. Le personnel administratif chez VAZ a fortement augmenté, mais personne ne s'en préoccupe. Et ce genre de chose se retrouve à tous les niveaux, de ces managers très efficaces à des chefs moins efficaces, seulement préoccupés par donner l'illusion qu'ils s'occupent efficacement de leurs affaires. Au travail, je ne suis pas au contact de personnes de ce genre. Heureusement.

Q : Chez VAZ, la présence des Français est notable ?
R : Ils viennent, ils regardent. Ils font des présentations, nous montrent des programmes spectaculaires. En d'autres termes ils enseignent la théorie à des salariés ordinaires. Mais comment tout cela va-t-il s'appliquer en pratique, on ne sait pas.

Q : Que savez-vous de la Lada Granta ?
R : Je suis loin des voitures, même si je travaille chez VAZ. Mais je sais que l'industrialisation a déjà commencé sur la chaîne de montage de la Kalina.

Q : Déménageriez-vous à Kalouga ou à Saint-Petersbourg si on vous y proposait le même poste qu'aujourd'hui ?
R : Si les conditions étaient bonnes, oui je déménagerai (nota : quand il a dit cela, sa femme lui a donné un coup de coude). Je veux me développer dans ma spécialité, et chez VAZ c'est très difficile.

2) Alex, publicitaire.

Q : Est-ce que VAZ a un avenir ?
R : AvtoVAZ a toujours de l'avenir. La seule question est sous quelle forme. Avec Kadannikov et Nakhmanovitch on pouvait prédire certaines choses. Aujourd'hui nous n'avons plus d'informations, d'analyses. Comme mon père le dit : "Ainsi soit-il".

Q : Que pensez-vous du nouveau projet d'AvtoVAZ, la Lada Granta ?
R : Je ne connais pas les détails de sa conception. La demande sera forte mais le volume global produit par AvtoVAZ va baisser : la production de la Lada Kalina va s'effondrer, la production de la Lada Samara se réduire et la "Classique" va passer à Ijevsk.

Q : Déménageriez-vous dans une autre ville si un autre gros constructeur automobile vous proposait un poste similaire ?
R : Non, même si la semaine dernière j'avais bien envie de poser ma démission.

3) Andreï, spécialiste en métaux.

Q : Y'a-t-il un avenir ?
R : Voir le futur de VAZ dans le brouillard est très difficile. Il y a une chose dont je suis sûr : le prix de nos voitures va continuer à augmenter. On va faire ce "corbillard", la Logan break, mais on ne sait pas encore quand. L'avenir repose aussi sur les petites entreprises. Tout se passe de manière chaotique et incompréhensible. Nous, les ouvriers, ne savons rien du futur de VAZ. Tout ce qu'on sait nous le trouvons dans les paroles de la chanson "Notre usine" du groupe "Leningrad".

Q : Avec le nouvel acier acheté par AvtoVAZ, c'est mieux ? C'est pire ?
R : Maintenant on essaiera d'utiliser plus d'acier galvanisé. Mais cet acier est plus fin. On va faire des économies, mais le consommateur n'en saura rien.

Q : Déménageriez-vous à Kalouga ou Saint-Petersbourg ?
R : Oui, bien-sûr ! Il y a du travail là-bas ?

4) Ekatarina, économiste.

Q : Que pensez-vous ? Quel avenir attend AvtoVAZ ?
R : De quel avenir parlez-vous ? Il me semble qu'avenir et VAZ sont deux choses totalement incompatibles. L'avenir n'est possible que sous la forme de chaînes d'assemblage "sans âme" et sans fabrication de composants. La seule question est : qui va nous racheter ? Les voitures de VAZ n'ont certainement pas d'avenir, mais une usine aussi puissante ne va pas rester sans attention.

J'applaudis de toutes les mains le fait que notre usine va produire des modèles mais j'espère qu'ils ne vont pas avoir honte de la qualité de ce que nous allons produire pour eux. Aujourd'hui une des conditions pour travailler dans pratiquement toutes les usines qui assemblent des modèles étrangers est de ne jamais avoir travaillé chez VAZ. Vous vous rendez compte ?

Q : Et la Lada Granta ?
R : La Lada Granta ? J'ai des doutes terribles quant à son avenir ! Ces derniers temps rien de bon n'est tombé de nos chaînes. Si nous regardons la valeur de l'argent et comparons à valeur égale ce que font les autres constructeurs, alors tout devient clair.

Lu également sur un forum de discussion interne d'AvtoVAZ :

1) J'ai été sollicité par Kalouga tout le mois de décembre et il m'ont convoqué à un entretien à leur frais. Je ne suis pas prêt à me laisser impressionner ni par Peugeot/Citroën, ni par une société américaine. On me propose 25 - 35 mille roubles. Pour louer un appartement il faut compter à partir de 15,000 roubles. Au mieux cela fait 20,000 roubles pour vivre. Et pour gagner 35 à 40 mille roubles par mois, il faudra travailler tous les samedis.
2) La question "La Lada Granta a-t-elle de l'avenir" ? Les mots avenir et Lada dans la même phrase ne sonnent pas bien...
3) La moitié de la Russie roulera en Granta si les prix restent plus bas que la concurrence.

Lu sur : http://auto.tlt.ru/articles.php?n=1933130
Adaptation VG

Tag(s) : #VAZ, #Lada, #Togliatti, #Usine, #Interview