Les premières Lada Priora (VAZ-2170) de série sont tombées de chaîne en mars. Les journalistes de Za Roulem étaient présents.
Sur la troisième ligne du convoyeur, les Priora ressemblent encore à des animaux exotiques en voie de disparition dans un zoo de province. Malgré leur couleur (quand nous étions à Togliatti les voitures qui étaient en cours de fabrication étaient uniquement noires et grises), et leurs dimensions identiques on arrivaient pourtant à distinguer les nouvelles Priora des 110 habituelles. Même sans savoir que la base est identique, nous avions l’impression d’être en présence d’une vraie nouveauté. Nous avons suivi la fabrication de bout en bout, pour savoir comment naît la nouvelle Lada.
On dit que l’homme peut observer le feu indéfiniment. Notre parcours à travers les ateliers d’AvtoVAZ a commencé par la fonderie, où la sagesse voudrait qu’on ne regarde pas trop longtemps le métal en fusion. Pourtant il était tout à fait impossible de quitter ce miracle des yeux malgré le risque de devenir momentanément aveugle. Quelle beauté que ces rivières de métal rouge, jaune ou blanche s’écoulant des fourneaux vers les moules, d’où l’on extrait après refroidissement des dizaines de blocs cylindres, de pièces diverses ou de système de freinage.
Pour la Priora il a fallu apporter au process de production des modifications sérieuses y compris dans la fonderie car le moteur de 100ch est aussi entièrement nouveau. Ainsi on a installé des robots pour la production de l’aluminium. Les ensembles pistons/bielles ne sont plus expédiés à l’atelier moteur dans des caisses ouvertes, mais dans des boîtes spécialement étudiées où chaque pièce est spécialement protégée pour garantir un maximum de qualité.
Dans cet atelier moteur, les changements aussi sont nombreux. Si les robots font partie du paysage depuis longtemps déjà (ils sont installés là où il faut une précision plus élevée que ce que l’homme est capable de faire), le nouveau moteur a entraîné l’apparition d’opération supplémentaires - par exemple l’installation du point de fixation de la direction assistée, et le renforcement des contrôles qualitatifs. C’est pour cela que récemment on a installé un nouveau laboratoire.
On trouve les innovations les plus sérieuses dans l’atelier d’emboutissage et de soudure. Pour un œil non initié la carrosserie évolue très peu, mais ce n’est pas tout à fait exact. En fait seule les baies de portières sont les mêmes car de nouveaux moules d’emboutissage ont été réalisés au Japon pour les portes, avec pour but de réduire les accostages de 1 à 3mm et s’approcher de la norme de 3 à 5mm en vigueur chez les autres constructeurs. Un tout nouveau laboratoire de contrôle qualité a été mis en place travaillant désormais avec des modèles mathématiques et non plus des détrompeurs. En outre, AvtoVAZ devrait utiliser dès cette année des feuilles d’acier originaires de Corée du Sud, sa résistance à la corrosion étant bien meilleure que celle de l’acier russe.
Sur la troisième ligne de la chaîne principale, la Priora côtoie actuellement les 110, 111 et 112 habituelles. Evidement la nouveauté est encore minoritaire : sur 1800 voitures produites chaque jour, on compte seulement une centaine de Priora. Chaque exemplaire est l’objet de toutes les attentions des opérateurs, des contrôleurs et de la direction. Chaque incident, chaque dérive par rapport aux normes établies fait l’objet d’une analyse immédiate. « Les résultats sont là indique Sergueï Prokhorov, directeur adjoint pour le développement technique et chef de projet « Priora ». En septembre dernier quand nous avons produit les exemplaires pilotes, des experts indépendants ont émis 270 remarques. En mars dernier ce chiffre était tombé à 15. Et les points de démérites sont passés de 404 à 94. Chez les constructeurs généralistes européens ce chiffre oscille entre 90 et 120 ».
Naturellement on ne parle pas ici des problèmes moteurs ou de suspension (la voiture n’a pas le droit de quitter l’usine avec de tels défauts), mais essentiellement de la qualité des pièces de l’habitacle. Stanislav Yariguine, ingénieur à la direction de la qualité nous a proposé de contrôler avec lui un exemplaire venant de tomber de chaîne pour lui trouver des défauts. Nous en avons trouvé : par exemple nous avons pas aimé comment s’ouvre les différents espaces de rangement. La boîte à gants ne se ferme pas du premier coup et les poignées de portes à l’intérieur sont dures à manipuler... Stanislav Yariguine a confirmé notre ressenti et a listé une quinzaine de défauts supplémentaires. Bien entendu il vaudrait mieux qu’il n’y en ait aucun.
Il ajoute : « Nous estimons que la voiture est très réussie. Pourtant c’est une petite équipe de spécialistes qui a travaillé sur ce projet. Petite mais hautement qualifiée. Imaginez, sur les 79 personnes impliquées, seules 23 étaient à plein temps sur ce projet. En deux ans et demi ils ont conçu une voiture qui répond aux normes modernes de sécurité, de confort et de qualité !».
Nous avons comparé sur photos la Priora et la 110. Elle a beau être nouvelle, de nombreuses pièces de la carrosserie sont communes avec la 110. Les mêmes portières par exemple. Il faudrait donc mieux parler d’un beau restyling. Mais Sergueï Prokhorov nous contredit : « La Priora est une nouvelle voiture : elle compte 950 évolutions. Elle est nouvelle à la fois par son intérieur, son extérieur et par ce qu’elle offre au consommateur. Alors qu’est-ce que les portes dans tout cela ? Chez les autres constructeurs il est tout à fait normal de voir des pièces reprises sur les nouveaux modèles. C’est d’ailleurs rentable économiquement. N’avez-vous pas remarqué que sur la 2170, les portes sont beaucoup mieux montées que sur la 2110 ? C’est la qualité de fabrication qui fait ici toute la différence... ».
En mars dernier un peu plus de 1000 Priora ont été assemblées. En avril le plan de montage était un peu plus sérieux avec 6900 voitures. Dès le mois de mai l’usine doit respecter la cadence de 10000 exemplaires mensuels. Jusqu’en juillet elle sera produite parallèlement à la Lada 110 qui disparaîtra complètement. C’est à la même époque que les cinq premiers exemplaires pilotes de Lada Priora 5 portes devraient voir le jour. Elles recevront déjà en finition de base la climatisation, l’ABS, l’airbag passager et les ceintures de sécurité à prétensionneurs. La production en série de ce modèle est prévue pour février 2008.
Ca c’est pour demain. Pour l’instant les premières berlines viennent d’être mises en vente. Comment réagira le marché ? La Priora doit concurrencer les Daewoo Nexia, Renault Logan, Chevrolet Lanos, Chery Amulet et Fiat Albea. Outre des prix (au demeurant peu élevés) proches, ces voitures ont une qualité commune : elles sont désormais toutes fabriquées sur le territoire de la CEI.
Lu sur http://zr.ru/articles/51061/
Adaptation VG