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Voici une voiture qui n’a pas une histoire héroïque et qui, au premier coup d’œil, n’a rien d’attirant. Pourtant, les gens qui la croisent aujourd’hui la regardent avec un large sourire. Elle fait partie de ses objets ordinaires de notre enfance, comme la bouilloire émaillée qui sifflait sur la cuisinière avant de partir à l’école, ou ce gâteau que l’on achetait à la cantine. Savoureux mais qui n’avait rien d’extraordinaire. Cette petite fourgonnette Moskvitch-433 allait de magasins en magasins, livrait les blanchisseries ou les écoles, remplie de marchandises sans grande valeur. Peu à peu, elle a imperceptiblement disparu de la circulation. Elle semblait avoir été oublié à tout jamais... mais pourtant, cette bête de somme disgracieuse, fait elle-aussi partie de l’histoire de l’automobile soviétique.
Elle est parfois surnommée « la planche à laver » à cause de la forme des nervures de la tôle remplaçant les vitres latérales. Cette fourgonnette au design très moderne pour son époque est apparue quelques années après la berline. Les premiers exemplaires sont assemblés à la fin de l’années 1966. Son moteur à soupapes latérales de 50 chevaux n’est pas ce qu’on fait de mieux, surtout comparé au moteur de la Moskvitch-412 dont la production a débuté en 1967. Mais en Europe, les moteurs de 40 à 50 chevaux étaient alors la norme et une fourgonnette destinée à la ville n’avait guère besoin de plus de puissance.
Par rapport à aujourd’hui, les accélérations de cette camionnette sont proche du néant. Les quatre vitesses de la boîte sont commandées au volant. C’est plus tard, dans les années 70 que le levier émigrera au plancher mais cela n’améliorera pas forcément les choses : la commande était capricieuse. C’était toutefois acceptable si l’on s’y prenait avec calme. Et dans une certaine mesure, le levier au volant était même plus pratique.
La place pour un conducteur de taille moyenne est suffisante. Quelqu’un de très grand se sentira peut-être à l’étroit, mais à l’époque les normes étaient différentes. La place pour le passager est bien pire si derrière le dossier de celui-ci on installe la roue de secours. Mais ce n’est pas une voiture destinée à transporter des passagers ! Le chargement et le déchargement nécessite une certaine agilité car la garde au toit est faible. Ce n’est parce que ses concepteur n’avaient pas pensé à faire une vraie camionnette avec une cellule redessinée, mais chez MZMA, comme chez les autres constructeurs soviétiques, c’est le principe de la simplification maximale qui avait prévalu. Et en l’espèce, c’est le break Moskvitch-426 qui a servi de base à cette fourgonnette.
Les anciens de IZH se souviennent encore aujourd’hui les efforts qu’il a fallu déployer pour mettre en production le fourgon IZH-2715. Sur la Moskvitch, le problème de chargement a été en partie résolu par la suppression de la cloison située derrière les sièges avant (il y en avait une sur les premiers modèles) : il devint alors possible d'attraper ou de déposer quelque chose depuis l’espace avant. Mais en cas de freinage appuyé, cela pouvait devenir problématique. Soit dit en passant, les freins étaient toujours privés d’amplificateur (celui-ci va apparaître sur la Moskvitch-412 plus puissante et ses dérivés), mais pour cette fourgonnette c’était tout à fait tolérable.
Il n’y avait pas de quoi se plaindre. Pour la seconde moitié des années 60, début des années 70, cette fourgonnette était en matière d’équipement et de tenue de route, une voiture normale, capable en plus, selon ses papiers, de transporter de 250 à 400 kilos de marchandises (en fonction de l’état des routes) ! Mais qui comptaient les kilos qu’il chargeait ? On en craignait pas la surcharge de gâteaux ou de saucisses à l’époque...
Au printemps 1966, quelques mois avant le lancement de la Moskvitch-433, a eu lieu le XXIIIème Congrès du PCUS. Pas un mot n’a été dit à propos d’un modèle aussi insignifiant mais le 8ème plan quinquennal prévoyait un doublement de la production des camions. MZMA était obligé d’apporter sa contribution au plan. Et c’est sans doute la raison pour laquelle le break Moskvitch-426 a été mis en production après la fourgonnette, en mars 1967.
Ce doublement du plan était sans doute un peu optimiste. Mais la croissance qu’a connu le secteur est vraiment incroyable : en 1965 l’URSS fabriquait 326,000 camions et en 1970 ce chiffre était passé à plus de 524,000 ! La contribution de l’usine moscovite qui en 1968 a reçu le nom d’AZLK (Usine Automobile du Komsomol Lénine) est restée modeste car la majorité de la production de l’usine était constituée par des berlines qui se vendaient d’ailleurs très bien à l’étranger. Pourtant, l’usine de Moscou était la seule à fabriquer des petites camionnettes destinées avant tout aux livraisons en ville.
La Moskvitch-433 est une travailleuse de l’ombre. La plupart d’entre elles a terminé sa vie dans des casses ou à la décharge. Justement là où les pionniers récupérait de la ferraille (il serait intéressant de savoir comment ils la transportaient) de ces voitures qui rouillaient dans un coin. Du temps de l’URSS, ces camionnettes n’étaient pas vendues à des particuliers. Elles n’avaient donc aucune chance de survivre après avoir fait leur temps. La Moskvitch-433 qui illustre cet article a bien failli être détruite mais elle a eu une chance incroyable et plus de quarante ans après elle est désormais comme neuve.
La production de la Moskvitch-433 a débuté fin 1966. D’une capacité de chargement de 250 à 400 kilos, elle disposait d’un moteur 1,4 à soupapes latérales de Moskvitch-408 et d’une boîte quatre vitesses. A partir du début de l’année 1970, la Moskvtich-433 a été fabriquée en compagnie du modèle Moskvitch-434 équipé du moteur de la Moskvitch-412 de 75 ch et de freins assistés. En 1976, ces deux modèles ont été remplacés respectivement par la Moskvitch-2733 et 2734 basés sur les 2138 et 2140.
Légende des photos :
- Les tableaux de bords anciens sont plus difficiles à lire que les tableaux de bord modernes, mais ils ont un certain charme.
- Les premières fourgonnettes avaient une ouverture de coffre en deux parties. L’absence de cloison pouvait avoir ses avantages et ses inconvénients.
- Ces veilleuses sans prétention, mais joliment dessinées, étaient apparues pour la première fois sur la Moskvitch-403. Elles ont ensuite été longtemps utilisées sur les voitures produites à Ijevsk.
- Les sièges de couleur vive égayent l’habitacle mais nécessite un peu d’entretien.
- Le démarreur n’est pas encore sur la colonne de direction. Elle ne peut donc pas être bloquée.
- Le bouchon de réservoir est très « utilitaire » : il est visible et ne se verrouille pas.
- La porte du coffre dispose d’une serrure.
Lu sur : http://www.zr.ru/a/403462/
Adaptation VG