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Après la réunification, tout n’était pas mauvais. On trouvait une Trabi dans chaque village des « nouveaux Länder » pour une caisse de bière, une Moskvitch pour une bouteille - et personne n’aurait cru qu’une Wartburg, qui ne s’appelle ni « Sportwagen » ni « Campinglimousine », pourrait un jour valoir 20,000 marks de l’Ouest.

Les souvenirs ont désormais l’âge de la plaque H (historique), et les voitures de la RDA aussi. Même si les deux-temps n’ont jamais pu rattraper leurs concurrentes occidentales plus puissantes, elles les ont aujourd’hui égalées sur le plan des prix - du moins pour la plupart.

Le site Classic Data a recherché pour nous les cotations des oldtimers des pays du Pacte de Varsovie et les a comparées avec celles de 2019. Voici les dix plus fortes hausses de valeur parmi les voitures classiques de l’Est les plus courantes.

10ème place : Skoda 120 (+17%)
Oh, mon Dieu, 700 euros de hausse en six ans. Un bon exemple pour ceux qui croient qu’on devient riche avec les voitures de collection. Sur le papier, cette propulsion à moteur arrière de Mlada Boleslav a pris un peu de valeur, mais aujourd’hui, chaque place de garage en ville coûte plus de 700 euros par an. Mais bon, au moins, on économise à l’achat.

9ème place : Skoda Felicia Cabriolet (+18%)
Aussi amusant et idyllique que ce cabriolet des années 50 en a l’air, il se conduit tout aussi joyeusement : les pneus étroits sautillent gaiement sur les routes dégradées, et le levier de vitesses glisse d’un rapport à l’autre sans effort.

Celui qui possède une Skoda de ce type risque qu’on ne le croie pas : oui, la voiture s’appelle bien Felicia (comme la citadine moderne produite de 1994 à 2001), et oui, c’est en réalité une Octavia. En effet, le tout premier modèle Octavia (à partir de 1955) s’appelait en version cabriolet d’abord 450, mais après le restylage de 1959 (désormais avec ressorts hélicoïdaux à l’avant), il prit le nom de Skoda Felicia. Quelques exemplaires sont toujours proposés : pour environ 22,000 euros, on peut acquérir le dernier cabriolet jamais produit en série par Skoda !

8ème place : Lada 1200 (+23%)
Les jeunes « Wessis » (à l’Ouest) l’appellent Lada Nova (car c’est ainsi qu’elle s’appelait en République fédérale après son restylage de 1980). Les « Ossis » (à l’Est) plus âgés la surnomment Schiguli, puisque la série portait d’abord ce nom (Jigouli) chez le constructeur soviétique VAZ. Beaucoup le confondent aussi avec la Fiat 124, car c’est sur ce modèle qu’était basé le projet de production sous licence en URSS à Togliatti, dans la région de Samara.

Mais avec des pièces Fiat, on ne va pas très loin sur la première Lada : les ingénieurs soviétiques avaient modifié plus de mille détails avant de lancer la production en série. Ce n’est pas un problème, car l’approvisionnement en pièces détachées pour la Lada est bien meilleur que pour la Fiat.

7ème place : Moskvitch 412 (+27%)
« Rostquietsch » (contraction des mots rouille et grincement) - c’est ainsi que le peuple de la RDA surnommait la berline venue de Moscou. Et en effet, sa qualité à long terme était, disons, plutôt discutable. Pourtant, la qualité et la robustesse figuraient au départ parmi les points forts de la Moskvitch 412 : lors des rallyes les plus exigeants, il tenait bon là où certaines voitures occidentales abandonnaient - que ce soit au World Cup Rally de 1970 ou au London–Sydney Marathon. Solide, facile à entretenir, et avec son moteur de 75 ch très fiable, il avait tout pour durer.

À son lancement en 1967, elle était technologiquement avancée, avec assistance de freinage et moteur en aluminium. Mais son déclin s’explique sans doute par le fait qu’après la sortie de la Lada (voir plus haut), la Moskvitch n’a plus été réellement développée et s’est vite retrouvé dépassée.

6ème place : Tatra 603-2 (+29%)
Un V8 n’a pas besoin de « vrombir » pour être beau. Dans la Tatra, il ronronne discrètement à l’arrière, pas vraiment silencieux mais toujours noble. Pas étonnant qu’on l’ait surnommée « la double Coccinelle » : les amateurs de moteurs à air la trouvent irrésistible. Son V8 de 2,5 litres et 100 chevaux propulse sans peine cette berline de 1,5 tonne. La direction est extrêmement légère, mais aussi très indirecte, et le volant de 44,6 cm est gigantesque — il faut tourner beaucoup, mais la conduite reste étonnamment fluide.

En novembre 1962, la Tatra 603 fut restylée pour devenir la 603-2 (ou 2-603) : les trois phares ronds sous verre furent remplacés par quatre projecteurs - meilleure visibilité, mais aérodynamique dégradée. Avec plus de 20,000 exemplaires produits, la 603 reste la Tatra la plus fabriquée de l’histoire.

5ème place : Wartburg 353 Tourist (+53%)
Dans un pays où l’on ne pouvait voyager que là où l’État l’autorisait, le mot Tourist était encore un statut enviable. C’est ainsi que la version break du Wartburg 353 fut baptisée. Le nom n’avait pourtant rien d’un argument de vente - la plupart des travailleurs ne pouvaient que rêver d’une voiture aussi spacieuse.

Après de longues années où ce deux-temps des années 1960 fut dédaigné, il semble que de plus en plus de gens se remettent à rêver de lui : le prix d’un exemplaire en bon état a plus que doublé, et la Wartburg 353 Tourist franchit désormais la barre des 10,000 euros. Alors, toujours « classe Touriste », ou déjà « classe Affaires » ?

4ème place : Trabant 601 (+68%)
« Deux voitures se rencontrent : une Trabi et une bouse de vache… » - stop ! Les âmes sensibles et les amateurs d’authenticité ne font plus de blagues sur les Trabi. Ce serait du Trabi-shaming. Et il ne faudrait surtout pas se moquer de quelqu’un qui a acheté une voiture classique à carrosserie en plastique, pardon, en résine renforcée.

Et ceux qui dépensent 6,900 euros pour une Trabi sont, il faut le dire, des conducteurs attentifs : ils surveillent les côtes et les descentes pour profiter de l’élan, et les nids-de-poule pour ne pas tomber dedans.

3ème place : Trabant 601 Universal (+71%)
La médaille de bronze revient au véhicule universel de la RDA, la Trabi break : beaucoup plus pratique que la berline, dont le couvercle de coffre était très étroit. À partir de 1981, elle reçut même un essuie-glace arrière.

Il y avait un inconvénient pour ceux qui montaient une tente de toit, il était difficile d’ouvrir le hayon à cause de l’échelle. Mais cela ne dissuade personne d’acheter un modèle Universal : les conducteurs de Trabi sont peut-être prudents mais ils ont aussi coriaces.

2ème place : Wartburg 353 (+75%)
La médaille d’argent revient à la berline Wartburg 353 - encore un peu moins chère que le 353 Tourist, mais son prix a énormément grimpé.

Et ce n’est pas qu’une question de nostalgie : la 353 est parfaitement utilisable au quotidien. Avec 525 litres de coffre, une excellente visibilité intérieure et une suspension souple, un peu haute sur pattes et à la française, elle avale les bosses et les transforme en doux balancements. Le reste est absorbé par les épais sièges à ressorts. Autrement dit, pas besoin d’être sportif pour monter sur le podium !

1ère place : Tatra T613 (+82%)
Imaginez, pour saluer le vainqueur, l’ouverture de fête en ré majeur de Bedrich Smetana, avec tambours et violons : voici le grand gagnant ! Tout droit sorti du pays de Smetana : la Tatra T613.

Entre nous, la Tatra T613 n’a rien d’une voiture joyeuse ou exubérante - ni peinte en argent, ni encore moins dans son noir typique. C’était la voiture officielle des hauts fonctionnaires tchécoslovaques : son design anguleux succédait à la T603, et elle apparut en 1968, l’année même du Printemps de Prague.
À l’arrière gronde un V8 refroidi par air de 3,5 litres développant 165 chevaux. Avec 265 Nm de couple, il pousse la voiture avec vigueur - mais à grande vitesse, l’avant devient dangereusement léger.

Les matériaux et la finition surpassent tout ce que vous avez vu dans cet article. Environ 11,000 exemplaires furent produits jusqu’aux années 1990. Ce n’est pas une voiture innocente, mais une voiture désirable, et les prix du marché le reflètent bien.

Conclusion
À travail égal, salaire égal - ou plutôt : à voiture égale, valeur égale. Un Wartburg 353 vaut aujourd’hui autant qu’un Opel Kadett B, une Lada 1200 autant qu’une Fiat 124, et une Tatra T613 même plus qu’une Mercedes 350 SEL. Seul le Trabant reste encore loin derrière la Coccinelle sur le plan des prix. D’un côté, il est triste de voir qu’il y a de moins en moins de voitures anciennes des années 1960 à 1980 accessibles aux jeunes ou aux passionnés au budget modeste. Mais d’un autre côté, cette hausse des prix traduit une reconnaissance méritée pour la plupart de ces modèles.

Une Wartburg 353 Tourist, par exemple, n’est pas seulement un beau témoin de l’histoire allemande, c’est aussi une voiture familiale faite pour les voyages tout à fait utilisable au quotidien. 

Investir dans une telle voiture pour la préserver n’a désormais plus rien d’irrationnel, au vu des valeurs atteintes. Mon favori personnel reste la charismatique Tatra 603. Le fait qu’elle soit devenue si chère, est mon malheur personnel. Malgré tout, je me réjouis chaque fois que j’en vois une.

Légende des photos :

  • La Skoda 120, est le modèle le plus abordable de notre top 10, notamment parce que sa valeur a peu augmenté. Et c’est aussi le meilleur rapport qualité-prix : pour 4,700 euros, on obtient 4,16 mètres de voiture, cinq places, 50 chevaux et du plaisir à faire glisser l’arrière. Les pièces détachées sont extrêmement bon marché.
  • Cher - mais pas autant qu’il en a l’air : en cabriolet, la première Felicia dégage la joie de vivre d’une comédie des années 1950. Grâce à sa première ultra-courte, elle est même apte à grimper en montagne.
  • La hausse modérée de prix passe presque inaperçue - mais attendez, n’y a-t-il pas eu quelque chose avec la Russie ces dernières années ? En tout cas, la guerre la plus récente de Poutine n’a pas entraîné de chute des prix des voitures anciennes russes. Certains classiques soviétiques circulent même désormais avec des autocollants ukrainiens…
  • « Regarde, une… euh… voiture ancienne ! » Peu d’Allemands de l’Ouest reconnaissent une Moskvitch au premier coup d’œil - ce qui lui garantit un statut d’exotique lors des rallyes de voitures de collection. Sa hausse de prix est comparable à celle de la Lada.
  • Avec ses 4,975 mètres de long et ses grandes prises d’air pour le V8 arrière, elle impressionne. On ne dirait pas, mais ses roues avant de 15 pouces peuvent tourner entièrement malgré les passages de roues étroits.
  • Avec la 353 Tourist, commence le compte à rebours des véritables gagnants en termes de valeur : +53 % d’augmentation, soit un écart énorme avec la Tatra 603.
  • 6 900 euros ? Pour une Trabi ? Eh bien oui : en bon état, fidèle à l’origine et non bricolé, un exemplaire devient rare, et les fans prêts à l’apprécier paient aujourd’hui des montants impensables au début des années 1990.
  • La version break Universal a presque toujours valu un peu plus que la berline et, désormais, l’écart atteint 800 euros. Autrefois, on avait la voiture entière pour ce prix-là !
  • Lors de notre test d’évitement, elle atteint ses limites, mais sur le marché, elle les repousse : en 2025, les amateurs de la culture automobile d’Eisenach paient 75 % de plus qu’en 2019 pour la berline. Elle a ainsi rattrapé l’Opel Kadett B !
  • Voiture argentée, médaille d’or : avec 82 % de hausse, la Tatra des années 1970 devient aujourd’hui la reine de la plus-value - ou plutôt, pardon, le « secrétaire général du dépassement du plan ».

Lu sur : https://www.autobild.de/artikel/ostblock-oldtimer-mit-dem-hoechsten-wertzuwachs-das-ranking-28048661.html
Adaptation VG

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