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La Kaipan 14 a de la prestance, et même quelque chose qui rappelle les histoires du Golem de Prague. Sa présence est encore plus forte lorsque l'on se trouve à quelques mètres d’elle.

L'influence tchécoslovaque ne s'arrête pas là, puisqu'elle est basée sur la Skoda Favorit, qui n'est plus produite. Une voiture qui a survécu au régime communiste et pour laquelle de nombreuses personnes ont attendu des années de leur vie. Cependant, comme on peut se procurer une Favorit pour seulement quelques pennies, l'aspect pratique et rentable se mêle facilement à l'aspect émotionnel et philosophique dans les montagnes de Bohême du Nord, où la société Kaipan est basé.

C'est peut-être là que se situe la renaissance tchèque. Un design presque emblématique. Un flot de clients potentiels visitant leur hall d'exposition d'avant-guerre, à deux heures au nord de Prague, où de jeunes pères prêts à s'inscrire sur la liste d'attente de cinq mois pour leur Kaipan 14. Cinq voitures à différents stades de production se trouvent dans l'atelier situé à l'extérieur. Cette « usine » produit 10 Kaipan par mois, en kit ou complètes.

Lorsqu'on ouvre le long capot de la Kaipan, les pires craintes concernant une voiture construite en partie à partir d'une Skoda Favorit d'occasion semblent justifiées. Caché au plus profond du long et caverneux compartiment moteur se trouve un moteur 1.3 remis à neuf qui, comme par hasard, a encore l'air rouillé. Un espace qui ne demande qu'à accueillir un moteur digne de ce nom.

L'impression est encore pire lorsque l'on tourne la clé. Le moteur peine à démarrer - trois tentatives - avant d'émettre un grondement d'épuisement. On remarque ensuite les indicateurs, les cadrans et le levier de vitesse dignes d'une Skoda d’avant Volkswagen. De même que les interrupteurs du tableau de bord qui semblent provenir de mon vieux train électrique. On enclenche une vitesse - la boîte de vitesses vient aussi de la Favorit - et c'est parti.

D'une manière ou d'une autre, à ce moment-là, le froncement de sourcils se transforme en sourire.

L'injection de carburant permet au vieux moteur d'atteindre un respectable  100 km/h en 7,5 secondes. Toutefois, la traction avant n'en tire pas le meilleur parti. L'absence de portes et de toit lui confère un avantage certain. Le gris du macadam que l'on aperçoit dans le coin inférieur de l'œil donne le frisson. Mais comme la garde au sol est légèrement surélevée, il n'y a pas cette folle sensation de glisser sur le bitume comme dans une Caterham 7.

L'esprit de la voiture - même si en pratique elle a la taille d'une voiture familiale - vous offre le genre d'espace sur la route qui signifie que vous n'avez pas besoin d'être suicidaire pour la conduire. Derrière le conducteur, il y a même un compartiment suffisamment grand pour accueillir de la bière, un barbecue et une tente. N'essayez surtout pas de la garer : le long capot et l'arrière surélevé font qu'il est presque impossible de savoir où elle commence et où elle finit.

Mais si l'on apprend à connaître la voiture, la qualité de la Kaipan commence à se manifester à travers le caractère Skoda de l'ensemble, qu'il s'agisse de la qualité de la peinture, de la fermeté de la carrosserie ou de la suspension avant modifiée, et même des petits détails tels que le volant en chrome et en cuir. Kaipan s'est également procuré autant de nouvelles pièces détachées que possible auprès du constructeur qui continue à entretenir les 250,000 Favorit de la République Tchèque.

En fin de compte, critiquer la Kaipan 14, c'est peut-être se méprendre sur sa mission. C'est une voiture amusante qui, sans toit, est suffisamment bon marché pour être laissée dans le garage tout l'hiver sans que la famille s'en plaigne ; une voiture qui, dans le monde de l'Europe centrale et orientale qui aime les Skoda Favorit, a généré suffisamment de ventes pour permettre à une entreprise locale de voitures de sport de survivre et même de se développer. Ce n'est pas si mal pour une entreprise qui compte sur le bouche-à-oreille et les critiques plutôt que sur la publicité.

Kaipan lui-même admet qu'en Europe occidentale, le Kaipan 14 sera difficile à vendre - son caractère de Favorit rebutera les gens. Le fait que les documents pour immatriculer une Kaipan 14 neuve indiquent toujours qu'il s'agit d'une très vieille Skoda Favorit n'arrange rien.

En face, dans la salle d'exposition, la Kaipan 57, qui ressemble à une Lotus 7, montre le potentiel que pourrait avoir la 14. Le roadster à propulsion arrière construit sur mesure, avec son moteur 1.8 Skoda-Audi Turbo et ses spécifications haut de gamme - y compris un nouveau tableau de bord - associé à la carrosserie d'un Kaipan 14, constituerait un duo de choc. C'est exactement ce que Kaipan a l'intention de faire.

Lu sur :
https://www.iol.co.za/dailynews/motoring/kaipan-14-its-seriously-basic-bohemian-848834
https://www.independent.co.uk/life-style/motoring/road-tests/kaipan-14-868381.html
Adaptation VG

(*) Ces deux publications datent de juillet 2008.