Les constructeurs automobiles soviétiques ont souvent créé des prototypes tournés vers le futur. Pour la plupart, il s’agissait d’esquisses ou de maquettes à l’échelle comme la VAZ X de 1990. L’habitacle de ces voitures n’étaient pratiquement jamais travaillés en URSS. Et pourquoi l’aurait-on fait ? Un extérieur spectaculaire était suffisant pour les magazines. Le public, habitué aux monotones Jigouli et Moskvitch auraient pourtant aimer voir l’intérieur !
Si on se plonge dans l’histoire des prototypes soviétiques, on ne trouvera que quelques modèles avec des intérieurs intéressants. Mais ils nous montrent le futur tel qu’il était vu par les Soviétiques.
VAZ-2702 « Pony » :
En URSS, presque tous les prototypes qui disposent d’un intérieur ont été réalisés par Moskvitch. Nous commencerons toutefois par un curieux modèle conçu chez VAZ. Il ne s'agit d'ailleurs pas que d’un seul modèle, mais d'un grand projet constitué d’une douzaine de voitures différentes. Au début des années 1980, le géant de l’automobile soviétique a reçu l’ordre de développer des voitures électriques compactes. Cela devait être des petits utilitaires avec une capacité de chargement limitée destinés à travailler dans les grandes villes. Ce n’est pas que l’on pensait à l’écologie, mais il fallait juste montrer de quoi « on est capable ».
C’est ainsi qu’est apparue toute une série de véhicules électriques portant le nom de « Pony ». Mais la voiture avait aussi un indice numérique sans âme, inhérent à tous les modèles de cette époque en URSS - 2702. Une fourgonnette et un petit camion ont été construits sur le châssis spécialement conçu pour ce modèle. La photo montre un véhicule pour les services communaux.
L'intérieur de cette voiture électrique avait été conçu avec un minimalisme atypique pour l'époque. L'absence d'arbre de transmission et de boîte de vitesses avait permis de se débarrasser complètement du tunnel central, et le tableau de bord était laconique et non surchargé. Des matériaux de couleur claire étaient utilisés pour le mobilier intérieur, ce qui n'était pas non plus dans l'air du temps. Le tableau de bord était placé sur un élément distinct superposé. C'est un peu la même chose dans les Mercedes d'aujourd'hui, où le cockpit numérique est structurellement séparé du tableau de bord.
Les créateurs de la fourgonnette n'avaient pas seulement travaillé sur la partie avant de l’habitacle, ils avaient également conçu des sièges innovants. Étant donné que la « Pony » avait été conçue pour la ville, le conducteur et le passager n'étaient pas tenus à rester à l'intérieur trop longtemps. C'est pourquoi les quatre sièges étaient aussi compacts que l'on puisse le faire - les ingénieurs devaient rendre la voiture aussi courte que possible et ils avaient dû « arrachés » dans les moindres détails de précieux centimètres. Ces sièges n'offraient aucun soutien latéral, mais la voiture n'avait pas été conçue pour une conduite dynamique.
Moskvitch-3-5-6 :
Dans la capitale de l'URSS, en raison de la proximité avec le pouvoir, synonyme de plus de budget, il y avait plus de projets de voitures expérimentales qu'à Togliatti. Au premier semestre 1970, l'usine de Moskvitch travaillait à plein régime sur la famille 3-5. À l'époque, l'usine moscovite (la MZMA) se portait très bien et renouvelait ses modèles tous les 4 ou 5 ans. Le projet de la série 3-5 montrait l'évolution du segment le plus populaire des voitures particulières, que l'on appellerait aujourd'hui le segment B. Au total, huit voitures ont été réalisées dans le cadre de ce projet.
Les noms de ces prototypes n’avaient pas été spécialement réfléchis. Ils étaient désignés comme 3-5-2, puis 3-5-3 et ainsi de suite. La version finale fut la berline 3-5-6. C’est cette voiture qui a reçu un intérieur révolutionnaire pour un modèle créé en URSS. Pour la première fois dans l'histoire du pays, une maquette avait été utilisée pour développer l'intérieur. Elle a permis aux concepteurs de disposer parfaitement toutes les commandes et d'offrir l'une des meilleures ergonomies d'un modèle créé en URSS.
Les journalistes appelaient la 3-5-6 en plaisantant, la « mariée » - car c’est précisément ce modèle qui a été montré aux patrons. La voiture a été achevée le 7 novembre 1975. Au lieu de la boîte de vitesses manuelle Moskvitch typique, elle était équipée d'une boîte automatique Borg-Warner. Dans les années 70, c'était pour les Soviétiques quelque chose d’aussi extraordinaire que l’est aujourd’hui l’Autopilot d’une Tesla.
Moskvitch-2139 « Arbat » :
En 1987, on a commencé à développer à Moscou un minivan à 7 places. Il était prévu qu'un produit similaire soit mis en production au début des années 1990. Le processus a été retardé et ce n'est qu'en 1991 que le premier prototype roulant du modèle fut prêt. L' « Arbat » - malgré le fait qu'elle ressemble à un jouet en plastique - était une voiture entièrement fonctionnelle basée sur une plate-forme de Moskvitch-2141.
L'intérieur de ce prototype a fait fureur au début des années 1990. Il y avait des sièges pivotants. Les sièges avant avaient une assise réglable en longueur. Une possibilité qui n'est même pas disponible dans de nombreuses voitures haut-de-gamme aujourd'hui. La console centrale, le volant et certains éléments des panneaux de porte étaient réalisés dans un bleu acier. Les sièges innovants et le tableau de bord étaient garnis de tissu. Le volant comportait les touches de commande de l’autoradio et le tableau de bord était à moitié électronique.
Selon le projet, la production de ce minivan devait commencer dans la région de Kaluga sur des lignes de montage robotisées. Cependant, l'effondrement de l'Union Soviétique et les difficultés financières de Moskvitch ont modifié les plans.
Moskvitch-2143 « Iaouza » :
Pendant qu'une équipe travaillait sur l' « Arbat », une autre imaginait un successeur à la Moskvich-2141 L'indice d'usine du projet était 2143, et le nom informel était « Iaouza ». La voiture a été conçue sur la base de la Moskvitch-21416 en vue de fabriquer des berlines à traction avant et à traction intégrale.
Pour l’intérieur, les concepteurs ont vraiment fait des folies. On y trouve des formes arrondies « psychédéliques », beaucoup de lignes complexes inhabituelles pour la fin des années 1980 et, comme s'il était sorti d'un film de science-fiction, un volant à deux branches ! La console centrale, si on peut l'appeler ainsi était tournée vers le conducteur, et les panneaux de porte disposaient d’une vitre meurtrière ! Cette idée appartient au designer M. Elbaev. Tout l'intérieur de la « Iaouza » a été conçu sous sa supervision.
Bien qu'il ne s'agisse que d'un prototype, les ingénieurs ont accordé une attention particulière aux détails. Ainsi, le modèle est équipé d'un volant anti-traumatisme, de vitres électriques fonctionnelles et même d'un ordinateur de bord, qui a été conçu spécifiquement pour ce modèle. En 1992, le projet a été abandonné et la Moskvitch du futur n'est restée qu'à l'état de prototype.
Moskvich-2144 « Istra » :
En 1990, le gouvernement de l'URSS a proposé aux principaux constructeurs du pays de construire la voiture de l'an 2000. A l'époque, beaucoup de gens pensaient qu'au XXIe siècle, les voitures voleraient déjà, aussi le projet Moskvich-2144 (alias « Istra ») reste encore relativement modeste. Les formes du concept rappelaient quelque peu la « Iaouza », avec une unique portière s’ouvrant vers le haut. Comme la porte latérale arrière de la Tesla Model X.
Mais ce n'est pas seulement la porte qui rend l' « Istra » similaire à la Tesla. Jetez un coup d'œil à l'intérieur. Il n’y aucun détail superflu et on note l’absence totale de boutons physiques. Le conducteur et le passager ont deux écrans à leur disposition - le tableau de bord et le système multimédia. Ça ne vous rappelle rien ? Et nous sommes en 1991 ! Qu'en pensez-vous, Ilon Musk ?
ZiL-4102 :
Selon des informations non officielles, la ZiL-4102 a été construite sur les ordres directs de Gorbatchev. Seuls deux prototypes ont été réalisés. Le véhicule photographié date de 1988. Toute une équipe des meilleurs spécialistes en châssis et en intérieur de l'URSS a travaillé sur cette berline de luxe.
L’habitacle pouvait accueillir jusqu'à quatre personnes. A côté du conducteur, devait s’installer un garde du corps. A l'arrière se trouvaient les deux passagers VIP. Fait remarquable, la voiture était même considérée comme démocratique par rapport aux « Chlenovoz » (*) » de l'époque précédente. Mais cela n'a pas empêché ZiL de rassembler tous les équipements disponibles à la fin des années 1980. On trouve des sièges électriques, plusieurs zones de climatisation et un système d'éclairage intérieur avancé. L'intérieur était garni de velours clair, de cuir crème et d'inserts en bois. Le sol et les parties inférieures des portes sont recouverts d'une moquette couleur granit.
La radio était à affichage numérique. Un lecteur CD était également disponible. Selon les archives, il y avait au moins dix haut-parleurs. La voiture était équipée d'un ordinateur de diagnostic, qui informait des problèmes techniques par la voix ( !). Les concepteurs étaient fiers de ce tableau de bord moderne avec de nombreux boutons et interrupteurs. La production en série de cette ZiL n'a toutefois jamais commencé.
Après l'effondrement de l'URSS, les constructeurs automobiles locaux ont cessé d'expérimenter de nouveaux modèles et se sont concentrés sur la concurrence des véhicules « d'occasion » en provenance d'Europe, qui inondaient le marché. Aujourd'hui, en Russie, seul AvtoVAZ réalise activement des prototypes, dont beaucoup aboutissent à la production en série sous une forme ou une autre.
Lu sur : https://auto.onliner.by/2019/09/30/salony
Adaptation VG