Treizième jour. 13 jours insoutenables pour tout un peuple. 13 jours insoutenables par notre impuissance. 13 jours insoutenables pour la paix, pour l’humanité. Je pourrais dire tout et n’importe quoi mais les sites d’information et de désinformation le font mieux à ma place. En ce treizième jour, je préfère vous livrer mon cœur meurtri.
L’année 2022 doit être marquée par les 20 ans de Sovietauto… Une belle occasion pour être heureux et faire la fête. Mais depuis 13 jours maintenant, j’ai le cœur brisé. Le jeudi 24 février 2022, le réveil a été brutal. Trois jours avant, nous avions eu ce discours surréaliste de Vladimir Poutine - regardé en direct sur une chaîne russe - et je pensais sincèrement (naïvement ?) que cela s’arrêterait à cette déclaration de reconnaissance des républiques séparatistes. Lorsque « l’opération militaire spéciale » a commencé, quand cette guerre a commencé, je suis tombé de haut. De très haut. Comme beaucoup.
Enfant de la Guerre Froide et de Tchernobyl, ayant vécu à la fin de mon adolescence la chute du Mur de Berlin, le putsch de Mocou, la chute de l’URSS et l’éveil des républiques satellites, je me suis toujours passionné pour cette période avec respect pour ces grands Hommes qui avaient, par l’équilibre de la terreur réussi, à préserver une paix mondiale (certes fragile). Ni fanatique, ni idéaliste, le contexte socio-économique et politique de l’URSS, de la Russie et de tout ce qui se situe derrière l’ancien Rideau de Fer rapporté à son industrie automobile était pour moi un sujet de passion, un point de mon équilibre (famille, travail, passion).
Mais voilà... Tout a basculé le 24 février. Déjà 13 jours anxiogènes. 13 jours d’inquiétude pour mes proches en Pologne (mais jusqu’où ira-t-on dans l’escalade ?). 13 jours d’impuissance. 13 jours à faire face à ces images atroces d’un pays ravagé et d’un autre courant à l’isolement. Tous ces hommes, femmes, enfants… Ces innocents qui meurent ou vont souffrir pendant des années, des générations. On pourra me rétorquer que ce n’est qu’une guerre de plus... Peut-être mais cette guerre est faite par des gens comme nous contre des gens comme nous, à quelques kilomètres de nous et qui plus est à l'ère de l’information en temps réel et des réseaux sociaux.
Pour moi, l’URSS ou la Russie n’ont jamais représenté un idéal mais ce qui se passe en Ukraine depuis 13 jours m’a perturbé. Au plus profond de moi. Depuis 13 jours, le cœur n’y est franchement pas. Il n’y a pas que ces états d’âmes, il y aussi ces interrogations sur mes passions, mes convictions personnelles. Le week-end dernier était l’occasion idéale pour étrenner la saison en cabriolet... en Natacha. Une voiture russe ! Sentiments idiots de culpabilité. Que faire ? la brûler sur la place publique ? Comme brûler Pouchkine, Tolstoï ? Dois-je sombrer ? Dois-je me ressaisir ?
Et pour Sovietauto ? Quelques rares messages en 13 jours. Ni vacances, ni déplacements professionnels. Tout simplement, un manque d’envie car l’esprit est ailleurs. Ce message - je l’espère - servira d’exutoire. Cette guerre n’est pas terminée et nul ne sait à ce stade comment elle se terminera. Je vous livre mes états d’âme mais je dois aussi me ressaisir car mon équilibre réside dans le partage d'une passion pour les voitures de l’Est qui m’anime depuis tant d’années. Et ces voitures venait autant de Russie que d’Ukraine…
VG