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ZiL a produit un minibus baptisé Iounost en petite série. Souvent présenté lors d’expositions internationales, il a été admiré puis oublié. Mais les directeurs de l’usine moscovite, pour une raison quelconque, avaient décidé de ne pas s’arrêter là. Apparemment, ils se sont dits que si le minibus n’avait pas rencontré le succès escompté, un camion avec la cabine de ce Iounost pourrait plaire.

Ce calcul est d’ailleurs facile à comprendre. Dans les années 1990, tout le monde survivait du mieux qu’il pouvait. Et les différents constructeurs de véhicules utilitaires observaient avec envie le succès naissant de la GAZelle. Alors pourquoi ZiL ne serait pas capable de sortir un véhicule du même acabit ?

Pour sauver l’usine, un groupe d’ingénieurs dirigés par Iouri Toumanov a donc décidé de scier la cabine du ZiL Iounost et la fermer par une cloison arrière. Ensuite, on pouvait la poser sur un châssis, ajouter une plateforme de chargement et transformer ainsi le fabuleux minibus en petit camion pour être un digne concurrent de la GAZelle. Des phares rectangulaires de berline VAZ-2107 étaient censés être installés à l’avant en remplacement des doubles optiques des limousines officielles.

Le châssis était totalement original et fabriqué de toutes pièces pour ce véhicule. Si les châssis habituels comportaient plein de trous pour répondre à tous les cas d’usage, ZiL avait acheté à l’étranger une machine à commande numérique permettant de percer des trous à n’importe quel endroit en fonction des besoins. L’essieu arrière avait été emprunté au Iounost, ce qui permettait de limiter les coûts. Il s’agissait donc d’un pont normal. Mais le principal atout de ce projet était le moteur diesel 4 cylindres Perkins 3351 avec une boîte de vitesses à 5 rapports.

Pour la carrosserie, on avait décidé de proposer un classique plateau-ridelles avec un plancher en bois. Un fois terminé et peint en orange, le camion a reçu le nom de ZiL-3207T, le projet portant le nom de code BT 1994. C’est sous cette forme que ce nouveau véhicule a été présenté au directeur de l’usine ZiL. La réponse fut sans appel : « Il n’y a plus d’argent maintenant, tenez-bon, bonne chance et gardez le moral ».

Quinze ans ont passé. Pendant toutes ces années, le camion orange a pris la poussière à l’usine. A la fin de la première décennie des années 2000, les affaires allaient de plus en plus mal : en 2009, ZiL n'avait fabriqué que 2,332 camions, puis 1,335 en 2010. Parallèlement, la GAZelle dans toutes ses versions, battait tous les records de popularité et se vendait bien. ZiL n’avait plus que ses yeux pour pleurer.

Un jour, alors qu’on cherchait a le mettre à la casse, quelqu’un est tombé sur un camion avec une cabine familière de Iounost. Et on a décidé de ressusciter ce projet vieux de 17 ans. Cette idée, étonnante dans tous les sens du terme, appartenait au directeur du bureau d’études, Guennadi Iarkov

Pour commencer, il a été décidé de tout repeindre en bleu. La qualité de la peinture est visible sur les photos… on ne s’est même pas donné la peinte de protéger les vitres avec du ruban adhésif ! Une fois la peinture terminée, on a décidé de remplacer l’essieu arrière par celui d’un ZiL Bichok. Après cela, le camion a de nouveau été montré à la direction de l’usine, en laissant entendre que ce nouveau modèle pourrait menacer la GAZelle. Les dirigeants l’ont rapidement baptisé « le raton-laveur bleu » (« Enot » en russe). De tout évidence, la cabine de Iounost leur rappelait quelque chose…

Il fut décidé de balancer cette cabine à la ferraille. Mais la direction de l’usine avait aimé le châssis et on lui a installé la cabine d’un camion chinois. Et finalement et sans vraiment savoir pourquoi, la cabine chinoise puis quelque temps plus tard, le châssis lui-même, sont aussi parti à la casse…

Lu sur : https://zen.yandex.ru/media/electrotransport/gruzovik-s-kabinoi-ot-iunosti-pochemu-zil-enot-ne-stal-seriinym-61f6730b936a1205d907c9bb?&
Adaptation VG