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Beaucoup de gens se souviennent du l'emblème sur la calandre des Moskvitch : un polygone chromé avec sur fond rouge les tours du Kremlin. La description est grossière, bien sûr, car le dessin et la forme de cet emblème ont un peu changé avec le temps, mais l’essentiel est là. Il permettait d’identifier la marque sans équivoque.
Et puis, tout d’un coup, au lieu du logo étincelant et de taille imposante, Moskvitch s’est contenté de la maigre inscription AZLK. Une série de quatre lettres qu’il était difficile de voir de près, et encore moins de remarquer de loin ! A une époque où à l’étranger on tentait de mettre en avant la marque… Bizarre, non ?
L'emblème tel que décrit ci-dessus était apparu pour la première fois en 1956 sur la Moskvitch-402. A cette époque, il s’agissait d’une voiture moderne, conçue non seulement par les ingénieurs moscovites, mais aussi par le bureau d’études de GAZ. Il était donc logique d’orner ce modèle prometteur d’un nouveau logo en rapport. Lorsqu’en 1964, la nouvelle Moskvitch-408 a été mise en production, il été reconduit. Il avait légèrement changé de forme, mais le dessin représentant le Kremlin et ses tours accompagné des lettres MZMA était conservé. Ainsi, malgré une carrosserie totalement différente, on ne pouvait avoir aucun doute : c’était bien une Moskvitch !
En 1968, la MZMA - Usine Moscovite des Voitures de Petite Cylindrée - est rebaptisée AZLK - Usine Automobile du Komsomol de Lénine. Naturellement, les lettres figurant à la base de l'emblème ont été modifiée, mais on ne pouvait le voir qu’en s’approchant de près de la voiture. De loin, c’était toujours la même Moskvitch. En 1974, la Moskvitch-2140 - une version améliorée de la Moskvitch-412 - est lancée. Ce sera le dernier modèle recevant le fameux logo. Tout cela parce que dans les années 1980, l’époque des « optimisations », comme on le dirait aujourd’hui, a commencé pour l’usine.
A cette époque, les personnes qui essayaient de faire des économies sur tout et sur tout le monde étaient encore habituellement considérée comme des rationalisateurs cherchant à améliorer la production. Mais, ils ne proposaient pas d’économiser de l’argent en appliquant de nouvelles technologies ou des solutions originales. Leur cheval de bataille était la suppression de toutes les éléments décoratifs, qui confèrent une individualité aux voitures.
Ainsi, en 10 ans, les éléments suivants ont disparu sur les Moskvitch : la baguette chromée autour de la calandre, les logos sur les ailes avant et sous le feu arrière, les feux de position dans la partie supérieure des montants de toit arrière, les grands enjoliveurs chromés et les bavettes derrière les roues avant. Les éléments de style comme la peinture noire entre les feux arrière ont également disparu. Quelqu’un de très intelligent a pensé que si l’on ne peignait pas cet espace avec une couleur distincte, cela ferait une bonne économie. Il a d’ailleurs même probablement reçu une prime pour sa « suggestion de rationalisation » ! Et le fait que les Moskvitch devenaient plus ennuyeuses était le cadet de ses soucis...
L'emblème Moskvitch a disparu à cette même période. Le directeur de la fabrication I. Tkachenko avait écrit dans un rapport destiné à la Direction générale du commerce et de l’industrie de la RSFSR que l’emblème de la marque avait « une composition et une solution graphique archaïque » et que l’inscription AZLK, à peine visible, s’accorderait au contraire au style uniforme de tous les éléments décoratifs de la carrosserie de la voiture. En fait, afin d’économiser de l’argent, il était tout simplement nécessaire d’unifier la calandre de la Moskvitch-2140 et de la Moskvitch-2140 « Luxe ».
Toutefois, partant du principe que le mot « archaïque » pourrait ne pas convaincre, il faisait référence dans ses explications au nouveau règlement sur les marques, et en particulier à l’interdiction d’utiliser dans un logo les drapeaux, armoiries et autres symboles de l’Etat. Et le Kremlin venait d’être soudainement ajouté aux symboles d’Etat de l’URSS !
L'emblème Moskvitch et ses tours du Kremlin fut donc l’une des premières victimes des « optimiseurs »…
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Adaptation VG