Cela peut aujourd’hui nous sembler absurde, mais au siècle dernier, le trolleybus était considéré comme le type de transport urbain le plus prometteur. En Europe, la seule capitale qui peut se vanter d’avoir depuis longtemps un réseau de trolleybus est Athènes. Constamment modernisés et renouvelés, ils y sont encore en service aujourd’hui. L’Union Soviétique aussi utilisait également fréquemment ce type de véhicules à l’image de ce réseau long de 84km entre plusieurs villes de Crimée.
C’est précisément là qu’est née cette Volga atypique au début des années 80 lorsque l’URSS expérimentait activement les voitures électriques, n’hésitant pas à mettre une demie-tonne de batteries dans des RAF ou des UAZ de série.
Cette idée de créer un « trolleytaxi » a germée à l’esprit d’un groupe de jeunes ingénieurs de la compagnie de transports urbains locale. Le fait est qu’avec la fin de la saison touristique, le trafic de passagers chutait fortement et les trolleybus roulaient souvent à moitié vides. Afin d'éviter une dépréciation inutile du parc et réduire le coût de son fonctionnement, ils avaient proposé de remplacer certains de ces trolleybus par des minibus RAF. Et comme ils avaient à disposition un dense réseau de lignes aériennes de contact, ce n’est pas de simples RAF à moteur voire même des RAF alimentés par des batteries électriques qu’ils pensaient utiliser mais des « mini-trolleybus » alimentés sur le réseau habituel par des perches rigides !
Mais, notre groupe d’ingénieurs s’est vu refuser l’allocation d’un minibus pour mener leurs essais. Le RAF qu'ils envisageaient d'utiliser venait juste d’avoir deux ans et personne ne l’aurait laissé passer sous le bistouri plus tôt que prévu. Heureusement, à peu près au même moment, la compagnie de taxis de Simféropol réformait des véhicules jugés irréparables en raison de l’usure importante de leur moteur.
Parmi eux se trouvait cette Volga. Le moteur n’était pas un problème et la carrosserie (en raison du climat méridional) était plus préservée. Le matériel électrique fut « emprunté » au dépôt des pièces de rechanges et les travaux pour transformer la Volga en véhicule électrique ont duré à peine plus d’un mois pour une mise en service dès octobre 1982 !
L’exploitation de cette Volga insolite, que les passagers surnommaient affectueusement « le lance-pierre » en raison de son aspect général, a duré toute l’arrière-saison. En juin 1983, une commission réunissant les spécialistes de l’institut Ukrainien de conception, d’ingénierie et de design, de l’Institut de conception et d’expérimentation pour la construction d’autobus de l’URSS et l’Institut NAMI s’est réunie. Naturellement, la conception semi-artisanale du châssis de cette Volga trolleybus a été largement critiqué mais l’aspect noble de la transformation largement salué. Les spécialistes l’institut Ukrainien de conception, d’ingénierie et de design notèrent que le moteur de 25 kW n’était clairement pas suffisant pour le break de Gorki sans évoquer la nécessité de trouver quelque chose de plus puissant. Du côté de NAMI, on a longuement inspecté la voiture avant de poser une seule question : le remplacement temporaire d’un trolleybus par cette voiture électrique avait-il eu un effet économique significatif ?
Nos ingénieurs furent surpris d’une telle question mais s’attelèrent à la tâche pour fournir dans la journée les chiffres demandés. Les spécialistes de l’Institut NAMI émirent tout aussi rapidement - le soir même - leur verdict : le projet n’était économiquement pas viable. Les dés étaient jetés.
Dans une économie même planifiée, il fallait faire des économies. L’organisation de la production, la formation des ouvriers, l’élargissement de la gamme de pièces de rechange auraient entraîné des coûts énormes que l’on ne pouvait espérer amortir qu’au début des années 2000. Notre groupe d’ingénieurs venaient de comprendre la différence entre production en série et production à petite échelle. En URSS, après le « trolley-taxi » et le trolleybus ZiU-11 de taille moyenne, le thème des petits trolleybus n’a jamais plus été abordé.
Cette Volga unique a encore été utilisée comme véhicule de service durant quelques années, jusqu’à ce qu’elle soit mise hors service avec la privatisation de la compagnie de transport public de la ville.
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Adaptation VG