Dimitri Gonskiï, chroniqueur du journal Kommersant explique qui pouvait, à l’époque soviétique, se permettre d’acheter une voiture produite par l’Usine Automobile de la Volga.
Le 19 avril, cela a fait exactement un demi-siècle que les six premières berlines Jigouli ont quitté la chaine de montage de la toute nouvelle usine de la ville de Togliatti. Ce jour marque la naissance officielle de cette voiture que les gens surnommaient « Kopeïka ». Et comme ce surnom affectueux désigne aussi la pièce d’un kopeck, cela nous donne une bonne raison de parler d’argent.
Le huitième plan quinquennal, qui a duré de 1966 à 1970 et qui a été marqué par les réformes économiques voulues par Alexis Kossyguine, le Président du Conseil des ministres, est considéré comme le plus réussi de l’histoire de l’URSS. Durant ces années, environ 1,900 grandes entreprises ont fait simultanément leur apparition dans le pays, l’Usine Automobile de la Volga étant l’une d’entre elles.
Quant à la « Kopeïka », elle a apporté des revenus stables à la fois à la l’usine et l’Etat. En 1980, le prix de revient de la VAZ-2101 était de 1,659 roubles et son prix de gros était de 1,974 roubles, ce qui signifie que l’usine gagnait 315 roubles sur chaque voiture produite ou, dans le jargon des économistes, elle présentait une rentabilité de près de 19%. Un bon indicateur ! Dans les magasins, les prix étaient naturellement différents. Pour une « Kopeïka », en cette année olympique, l’acheteur devait débourser 7,300 roubles ! L’énorme différence entre le prix de gros et le prix de détail revenait au budget de l’Etat. Ce qui était normal puisque la construction de l’usine, le développement de nouveaux modèles étaient financés non pas par le service comptable de « VAZ » mais par le Trésor...
Pour un ingénieur ordinaire ou un chercheur débutant dans un quelconque institut de recherche avec un salaire de 120 roubles par mois, la « Kopeïka » restait un rêve. Mais les mineurs, les métallurgistes, les orpailleurs, les contremaîtres ou les directeurs d’entreprises, qui recevaient de 500 à 1,000 roubles par mois ou plus, pouvaient très bien « réaliser ce conte de fées ». Tout comme, bien entendu, les employés de commerce et des services, qui « arrondissaient » leur salaire officiel...
En tous cas, les propriétaires de VAZ-2101 n’étaient pas des pauvres. Il y avait d’ailleurs à l’époque une blague qui disait que « la Jigouli est une voiture froide puisque qu’on monte toujours dedans en manteau de peau lainée ». Du temps de l’URSS, ce type de manteau était le même indicateur de richesse et de statut que la voiture personnelle.
Lu sur : https://www.kommersant.ru/doc/4326713
Adaptation VG