Dans la seconde moitié des années 80, alors que le rôle du Ministère de l’industrie automobile (Minavtoprom) dans la prise des décisions des usines n’était déjà plus aussi dominant, Togliatti a commencé à travailler sur la modernisation de la - déjà légendaire - Niva. La voiture jouissait d’une bonne demande à l’Ouest où elle s’était forgée une place de choix sur le créneau des tout-terrains légers. Les responsables de l’usine souhaitaient monter en gamme et décision fut prise de concevoir sur la base de la future Niva, celle qui allait recevoir l’indice 21213 (le modèle à feux arrière verticaux) un modèle à carrosserie de type sedan, c’est-à-dire une berline à coffre.
Pour dire la vérité, le bureau d’études n’a pas montré un enthousiasme évident. Piotr Proussov, le père de la première Niva, avait coutume de dire qu’une voiture n’est pas comme le vin et n’a pas tendance à se bonifier avec les années... Néanmoins, la direction du géant de l’automobile avait ordonné la création de deux prototypes. Il faut comprendre pourquoi : la première Niva avait tracé la voie dans une nouvelle catégorie de véhicules où la concurrence s’était rapidement engouffrée. Le lancement du même modèle avec une carrosserie berline pouvait, en théorie, provoquer une réaction similaire. La tentation était donc trop grande. Du côté du bureau d’études, on a cependant rapidement calmé les ardeurs de la direction : un seul prototype sera construit - la future 21213 monopolisait déjà toutes les forces - et la fameuse berline à coffre serait une deux portes. Oui, une berline à coffre avec deux portes, tout comme les Zaporojets ! C’était la seule solution acceptable pour préserver à la caisse une bonne rigidité.
Cet unique prototype a été construit au cours de l’année 1989. Les pilotes essayeurs ont tout de suite remarqué la détérioration des capacités de franchissement, alors que c’était l’un des principaux atouts de la Niva d’origine. C’est compréhensible : ce coffre augmentait considérablement le porte-à-faux arrière. On dit que Piotr Proussov avait détesté cette carrosserie dont l’ouverture de coffre était plus grande que sur la VAZ-21213. Le couvercle de malle s’avérait assez lourd et ceux qui ont pu l’ouvrir ont noté la commodité pour charger des bagages. La répartition des poids à l’essieu était même meilleure avec cette carrosserie. Un comble. Heureusement pour Piotr Proussov, les avantages s’arrêtaient là et les facteurs économiques ont rapidement repris le dessus.
Lorsqu’au Minavtoprom, après avoir consulté les spécialistes NAMI, on a appris combien de modifications il faudrait apporter à la carrosserie de la Niva originale et combien cela coûterait à produire, on a immédiatement ordonné à l’usine d’oublier cette idée. VAZ qui commençait à travailler de manière intensive sur le projet VAZ-2110 n’avait pas envie de s’attirer les foudres de Moscou et l’on parlait aussi de la VAZ-2123 (la Niva-2 devenue à son lancement Chevrolet Niva).
A ce jour, on ne se sait pas ce qu’il est advenu du prototype. Même dans le livre « Vissokoj misli plamen », ouvrage de référence sur l’histoire de VAZ, il n’est nulle part fait mention de cette berline Niva. On dit que cette berline inhabituelle a été aperçue plusieurs fois dans les rues de Togliatti avec des plaques d’immatriculation de l’usine dans les années 90. Elle a probablement fini quelque part dans une casse au début des années 2000…
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Adaptation VG