Vous avez peut-être déjà pu en apercevoir une. Cette réplique de Volga GAZ-21 n’est en effet pas unique puisqu’elle est produite en petite série à Naberezhnie Tchelny. Il suffit de ramener une voiture donneuse (en l’occurrence une Kia Opirus) et de payer un million de roubles pour la transformer en Volga.
La transformation est assez simple ! Une grande partie de la carrosserie est démontée pour être remplacée par des pièces rappelant la GAZ-21. La voiture est homologable avec une carte grise mentionnant quelque chose comme « kit carrosserie aérodynamique GAZ-21 » ou « carrosserie GAZ-21 ».
A ce jour, ce sont environ 40 voitures qui ont été transformés de la sorte et leur qualité a considérablement augmenté depuis les premières versions. Si au départ on ne faisait que rajouter des éléments de Volga originale sur la carrosserie maintenant tout est en plastique. Le capot et le coffre sont également en plastique, de même que le pare-chocs puisque la Kia est plus large que la voiture qu’elle veut imiter. L’habitacle et toute la partie mécanique restent standard. La seule différence à l’intérieur est le logo de l’Usine Automobile de Gorki en lieu et place du logo Kia au centre du volant.
Vous pourrez découvrir un essai de cette voiture dans la vidéo ci-dessous. Celle qui illustre l’article de Carakoom.com a récemment été mise en vente à Saint-Pétersbourg pour la somme de 1,3 million de roubles.
Etonnamment, cette GAZ-21 n’est pas le seul produit proposé par la société Avtonostalgia fondé par Robert Agzamov, une personnalité dans le monde de l’automobile qui a justement acquis sa réputation en fabriquant des répliques de voitures soviétiques sur base de voitures modernes. Dans une interview à Business-gazeta.ru il est revenu sur son activité. Vous en trouverez les principaux extraits ici :
Q : Robert, votre activité, c’est de l’artisanat ou un vrai business ?
R : La toute première réplique a été fabriquée pour moi. C’est après que j’ai réalisé que ce genre de voiture pouvait attirer un large public. Extérieurement la voiture est une Pobeda mais elle cache une Honda Crosstour. Ou alors c’est une Volga GAZ-21 sur une Kia Opirus. Ou encore une Zaporojets construite sur une Volkswagen New Beetle. C’est ainsi que cette activité artisanale s’est transformée en business. Avtonostalgia est la seule société qui, de toute la Russie, produit en série des répliques.
Q : Quand avez-vous fabriqué votre première voiture ?
R : En 2010. J’ai fait une Volga en partant d’une Kia Opirus. (…) La construction s’est étalée sur un an. Les six premiers mois nous avons fabriqué une maquette roulante et les six mois suivants nous avons conçu les machines nécessaires à la production en série. Il fallu encore quelques mois pour lancer réellement la production.
Q : Et pourquoi, justement, une Volga sur une Opirus ?
R : J’ai un bon ami qui en 2005 il a acheté une Kia Opirus. Il encensait cette voiture, disant que c’était la Mercedes coréenne. Pourtant avant qu’il ne l’achète, je n’ai pas arrêté de lui déconseiller son achat car il allait perdre beaucoup d’argent. Il l’a payée 1,25 million de roubles et quelques années plus tard il l’a à peine revendu pour 580 mille ! En regardant de près la forme de cette voiture, je me suis dit qu’il était possible d'en faire une réplique de Volga. C’est ce que j’ai commencé à faire en 2010. Nous avons fait ce projet ensemble : je me suis chargé de la conception et mon ami de la partie technique.
Q : En quoi consiste la transformation ?
R : Sur la voiture donneuse nous remplaçons la carrosserie d’origine par des éléments en matériaux composites spécialement conçus pour elle et qui permettent de donner à cette voiture moderne les traits d’une voiture classique. Nous ne touchons pas à la partie technique de la voiture : aucun élément structurel, aucun équipement (système de sécurité, transmission, moteur, suspension ou électricité) n'est modifié : les portières et le toit restent d’origine, nous ne les touchons pas. Nous ne fabriquons que les éléments de carrosserie qui donnent un style rétro à la voiture. Et l’habitacle aussi reste d’origine.
Q : Et vous faites la même chose sur tous vos modèles ?
R : Oui et nous sommes les seuls producteurs à fabriquer des répliques de cette manière. La majeure partie des entreprises russes de tuning opèrent différemment. Ils découpent la partie supérieure de la voiture donneuse et la remplacent par une version rétro. Ce n’est pas ce que nous faisons.
Q : Combien de Volga-Opirus avez-vous fabriqué ?
R : En 7 ans, nous avons fabriqué plus de 40 voitures de ce type. En 2014, nous avons lancé un autre projet et commencé à faire des GAZ-M20 Pobeda en partant de la Honda Crosstour.
Q : Et combien en avez-vous faites ?
R : Cinq.
Q : Les problèmes rencontrés pour faire immatriculer vos voitures ne sont pas la raison pour laquelle vous avez mis votre entreprise en vente ?
R : Non, je pense que ces problèmes se résoudront tôt au tard par eux-mêmes. Au Tatarstan, il y a une instruction de notre président à ce sujet. Il possède d’ailleurs dans sa collection privée une des répliques de Pobeda. La police de la circulation est également tolérante à notre égard. Il y a par contre un malentendu à Moscou (…) Notre orientation en matière de réglementation technique est pourtant régie par les articles 75 à 79 sur les changements dans la construction de véhicules précédemment mis en service. C’est-à-dire que notre Pobeda est une Honda, notre Volga une Kia et la Zaporojets un Volkswagen. C’est dans le certificat d’immatriculation de la voiture donneuse que doit donc être annoté le fait que la voiture à seulement changé d’apparence.
Q : Comment faites-vous avec vos clients ?
R : Le client nous apporte une voiture et nous la transformons.
Q : Dans quelles régions vendez-vous vos répliques ?
R : En CEI, dans l’Union Européenne, mais l’essentiel est bien sûr en Russie.
Q : Combien coûtent vos voitures ?
R : Généralement le double du prix de la voiture donneuse. Le coût de modification est en moyenne de 400 mille à 1 million de roubles. Et le client peut influer lui-même sur le coût final en choisissant les modifications et il est aussi en fonction de l’état et du prix de la voiture donneuse.
Q : Combien de temps vous faut-il pour fabriquer une voiture ?
R : Nous fabriquons une Volga en deux à trois mois, une Pobeda en quatre à cinq mois et cela fait déjà un an que nous travaillons sur la Zaporojets. C’est la première et il y a beaucoup de problème à résoudre et de choses à inventer.
Q : Pourquoi faut-il tant de temps pour fabriquer une Volga aujourd’hui ?
R : Le plus gros problème sont les chromes. Nous faisons fabriquer ceux de la Pobeda par Soliton à Volgograd et ils ont quatre mois de délai. Mais sur la Volga, ce sont des pièces originales que nous montons et il faut les chercher à travers le pays. Personne ne les refabrique. Il faut tenir compte du fait qu’on trouve des pièces en très bon état et d’autres en très mauvais et c’est pourquoi il faut absolument se déplacer pour les acheter. Et on peut aller aux quatre coins du pays...
Q : Quels sont vos capacités de production ?
R : Nous pouvons maintenant fabriquer 3 voitures en parallèle.
Q : Qui commande généralement une réplique ?
R : Je ne vous donnerai pas de noms mais je peux seulement dire que parmi les clients de Pobeda il y a des gens très sérieux.
Q : Ce sont des hommes d’affaires ou des politiques ?
R : Ce sont les deux. Il y a des députés. Il y a beaucoup de gens qui commandent une voiture pour faire un cadeau original à un proche. La majorité des clients sont concentrés dans des capitales et ils ne viennent pas tous nous voir. Nous avons fabriqué une voiture en quinze jours pour le député d’une république du Nord-Caucase. Nous lui avons d’abord fait une Volga blanche qui lui a tellement plu qu’elle a remplacé ses Jaguar et Lexus. Il nous a ensuite commandé une Pobeda. Son assistant m’a raconté qu'en semaine il roule en Volga et qu’il utilise la Pobeda le week-end.
Q : Bizarrement, vous avez mis votre entreprise en vente alors qu’elle semble prometteuse.
R : C’est justement pour passer à un autre niveau. Nous sommes la seule entreprise sur le territoire de l’ex-URSS à faire ce type de chose. Et pour aller plus loin et continuer à nous développer, nous voulions rejoindre une grande entreprise. J’ai finalement trouvé un investisseur au Tatarstan qui reprend la gestion opérationnelle et je reste à la conception du produit. Aujourd’hui nous n’avons pas le temps d’honorer les commandes qui nous parviennent. Avec notre nouvel actionnaire nous voulons augmenter le personnel et créer une vraie ligne de production afin de travailler plus rapidement. Il prévoit d’investir dans la fabrication de voiture afin d’avoir du stock. Aujourd’hui nous n’en avons pas et nous perdons environ un tiers de nos clients à cause de cela. Nos voitures sont des jouets pour des hommes qui ont de l’argent.
Lu sur :
http://carakoom.com/blog/odnu-iz-30-replik-gaz21-volga-na-baze-kia-vystavili-na-prodazhu-v-sanktpeterburge
https://www.business-gazeta.ru/article/385247
Adaptation VG