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Par le passé, tous ceux qui ont vu cette ZiL ont été surpris par son apparence inhabituelle. Il est vrai que ce « lowrider » est rarement apparu en public, ce qui le rendait encore plus mystérieux.
Certains disent que cette voiture a été développée pour parcourir les tunnels secrets percés sous Moscou. D’autres affirment que ce camion accueillait les membres des forces spéciales accompagnant les cortèges des personnalités de l’Etat. Et il y a ceux qui laissent entendre que ce « cent trente » surbaissé cachait les parties roulantes d’un petit véhicule blindé ultra-rapide et que c’est sous cette forme qu’il était testé. En fait, l’histoire de ces ZiLs surbaissés est beaucoup plus prosaïque mais elle n'en est pas moins intéressante. Tout a commencé dans les années 60. Comme on le sait, il fallait toujours beaucoup de temps en URSS pour mettre en œuvre une nouvelle technologie. Le secteur automobile ne faisait pas exception et même les voitures destinées aux leaders soviétiques devaient passer toute une batterie de tests, y compris sur route ouverte.
A l’époque de la ZiS-110, tout n’était pas simple dans le pays des soviets, en particulier en matière de carburant. Les collaborateurs du bureau d’études de l’Usine Likhatchev devaient donc emmener de l’essence avec eux lorsqu’ils testaient les limousines gouvernementales. A Moscou, trouver de l’essence A-72 au-delà du Sadovoïe Koltso était déjà difficile, alors que dire du reste du pays. A l’époque, la majorité des véhicules soviétiques roulait à l’essence A-66, un mélange de divers produits pétroliers. Les ZiS ne pouvaient pas rouler avec ce type de carburant et c’est pourquoi durant les essais, elles étaient toujours accompagnées d’un camion chargé de barils remplis d’essence A-72.
A l’époque, la vitesse des camions était peu élevée et comme le convoi de limousines laquées était capable d’atteindre les 140 km/h, il prenait de l’avance et on était donc contraint d’attendre des heures durant le camion accompagnateur lorsque les réservoirs étaient à sec. C’est pourquoi les ingénieurs du bureau d’étude ont eu l’idée de créer un camion basé sur une limousine blindée déclassée. Aussitôt dit, aussitôt fait. Il ont dépouillé cette ZiS-115 en ôtant du châssis sa carrosserie blindée et en la remplaçant par une cabine de ZiL-157 et une plateforme en bois légèrement plus étroite avec un panneau basculant. Il en résultait un « camion » assez beau et capable d’atteindre la vitesse de 120 km/h. Désormais les essais dans la nature ne posaient plus de problème pour les techniciens de l’usine, le carburant était constamment en queue de convoi !
Avec le temps, ce véhicule ravitailleur a vieilli et on a eu besoin d’un remplaçant. A la veille des Jeux Olympiques de 1980, un autre « camion » basé sur une ZiL-114 a vu le jour. Comme le précédent, il a été construit sans véritables plans. Une simple esquisse suffisait aux professionnels de ZiL. Ils ont ainsi fabriqué la ZiL-113G avec un moteur de 300 chevaux et une cabine de ZiL-131 militaire sur laquelle ils ont monté un autre parechoc avec des buttoirs et des antibrouillards. Le toit était surmonté d’un spoiler pour abriter la bâche de la plateforme de chargement. Il n’était pas inutile à 170 km/h, la vitesse impressionnante à laquelle pouvait rouler ce véhicule ! Un peu plus tard, une autre voiture a été construite avec sous le capot un moteur de 315 chevaux et une transmission automatique.
Ces deux « camions » ont souvent arpenté les rues de Moscou, causant la confusion des personnes qui ont eu l’occasion de jeter un œil à l’intérieur de la cabine. Sièges en cuir, colonne de direction réglable, autoradio avec quatre haut-parleurs ne cadraient pas avec son apparence de camion. Et les ridelles sur les côtés de la plateforme laissaient à penser que des personnes armées pouvaient s’assoir ici. Ceux qui les ont croisés sur la route ne se lassaient pas de raconter comment, alors qu’ils étaient déjà à 100 km/h au volant de leur Jigoulis, ils avaient été dépassés par d’étranges camions. D’ailleurs, ils n’avaient jamais pas réussi à les rattraper...
Les tâches auxquelles étaient affectées ces véhicules étaient purement civiles et généralement ils accompagnaient des limousines durant des essais et parfois on s'en servait pour livrer en temps et en heure les pièces détachées de fournisseurs en retard.
A la fin des années 90, l’usine comme tout le pays était dans une situation économique difficile mais le « Cheburachka », comme les ouvriers de l’usine avaient surnommés ces camions en raison de leurs petites roues et leurs énormes ailes, eu tout à coup la perspective de devenir un véhicule produit en série. Les petites sociétés qui remplaçaient peu à peu les entreprises d’Etat avaient besoin de camions de faible tonnage. Bien entendu, dans sa configuration le « Cheburachka » était bien trop cher et l’usine s'est donc lancé dans le développement du Zil-4305 en s’en inspirant.
A la place du moteur de limousine, on trouvait sous le capot un moteur 6,0 litres de camion de 150 ch couplé à une boîte manuelle à 5 rapports et l’aspect général était moins impressionnant... Malheureusement, ZiL n’a jamais réussi à mettre en production ce modèle. C’est un constructeur concurrent qui s’est engagé dans la construction d’un camion de faible tonnage et le dernier « Cheburachka » a été envoyé à la casse en 2000.
Lu sur : http://5koleso.ru/articles/obzory/sekretnyy-zil-po-prozvishchu-cheburashka
Adaptation VG