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Quand les voitures d’occasion étaient plus chères que les neuves.

Pour s’acheter une voiture en RDA il n’y avait pas le choix. Soit il fallait attendre des années pour une voiture neuve, soit il fallait payer à prix d’or une voiture d’occasion.

Dans la RDA de juillet 1990, les Deutsche Marks de l’ouest s'étaient faits leur place dans les portefeuilles. La monnaie Ouest-allemande était rapidement devenue la devise forte, celle que l’on préférait. Les femmes avaient rapidement vidé leurs armoires pour y mettre des choses à la mode et les hommes ne faisaient plus les yeux doux aux voitures de l’Ouest. Ils pouvaient maintenant se les acheter. Quelle drôle de sensation que de regarder maintenant à travers un pare-brise incliné plutôt que celui quasi vertical de la Trabi !

Dans les années 80, l’écart technologique entre l’Est et l’Ouest était évident, ne serait-ce que dans les rues. En RDA la Trabant 601, voiture du peuple par excellence, était restée à peu près inchangée depuis 1965. Celui qui avait un peu plus d’argent que les 10,000 Marks demandés pour la Trabi pouvait s’offrir le summum de la technologie Est-allemande, la Wartburg. Mais le modèle 353 avait lui aussi été développé dans les années 60. Moderne à sa sortie, la Wartburg dans les années 80 semblait comme issue d’un autre temps. Dans les années 80, il fallait débourser environ 20,000 Marks pour cette deux-temps.

Pour de nombreux Allemands de l’Est, cependant, l’argent n’était pas le problème. C’est l’achat d’un véhicule à quatre roues qui l’était. Il fallait dans les années 60 et 70 attendre quelques années pour une voiture neuve, plus encore dans les années 80. Vers la fin de la RDA, il fallait compter de 12 à 14 ans pour réceptionner et profiter de sa « nouvelle » voiture achetée auprès des services de l’Etat. Les livraisons des véhicules des autres pays socialistes – Lada, Skoda ou Polski-Fiat – et même les quelques importations occidentales ne permettaient pas de réduire ces délais à rallonge. En 1981, peu après la visite d’Etat d’Erich Honecker au japon, pas moins de 10,000 Mazda 323 avaient été distribuées et la même action avait permis d’importer 1,000 Volvo 244 directement de Suède. Mais pour conduire ces voitures de l’Ouest, il fallait aller vraiment chercher tout au fond de ses poches : la Mazda coûtait environ 25,000 Marks et la Volvo 45,000. Le salaire moyen était de 900 Marks ! Dans la plupart des cas, ce luxe n’était possible qu’à des artistes ou à des artisans souvent très bien payés.

Ceux qui ne voulaient pas attendre pour pouvoir immatriculer leur première voiture, pouvaient tenter leur chance sur le marché de l’occasion où souvent les voitures s’affichaient à des prix largement supérieurs à ceux du marché du neuf. Au cœur du socialisme, on trouvait donc un morceau d’économie de marché : c’est l’offre et la demande qui fixaient les prix !

A la fin des années 80, Trabant et Wartburg ont essayé de donner à leurs modèles une nouvelle vie, si ce n’est visuellement au moins techniquement. A la place des moteurs deux-temps, les Wartburg ont reçu en 1988 un moteur 1,3 litre de VW Polo sous licence, et les Trabant en 1988 une variante 1,1 litre. Mais peu de temps après, cet investissement n’eut plus aucun intérêt. Pour des espèces sonnantes et trébuchantes de l’Ouest, il était désormais possible d’acheter des voitures provenant également de l’Ouest. C’est pour cela que la production des Wartburg et des Trabant a pris fin en 1991.

Lu sur : http://www.mainpost.de/regional/franken/Wo-Gebrauchte-teurer-als-Neuwagen-waren;art1727,8456118
Adaptation VG

Tag(s) : #Cycle, #Trabi-50, #Ambiance, #RDA, #Trabant, #Wartburg, #Marché