Que pouvait-on encore faire avec la descendante de la légendaire « 24 » de Nijni-Novgorod, la GAZ-3110 ? Avait-on épuisé depuis longtemps les possibilités de modernisation ? Finalement non... Il ne restait plus qu’à monter dans la voiture un moteur diesel sous licence de la société autrichienne Steyr pour que la voiture acquiert de nouvelles qualités...
Aujourd’hui la part de pièces fabriqués en Russie montées sur le turbodiesel GAZ-560 produit sous licence dépasse les 60%. Mais le principal problème n’a toujours pas été résolu. Le fait est que la particularité du moteur Steyr, et plus précisément l’absence de culasse, complique considérablement la localisation de cette pièce. Elle ne peut être faite qu’à l’étranger. C’est pourquoi les blocs nus sont envoyés en Allemagne pour y être alésés et équipés. Bien entendu cela augmente considérablement le coût de production de ce moteur et par conséquent complique la promotion commerciale des véhicules équipés de ce moteur coûteux. Cependant, comme l’assure la direction de l’usine, ce problème de technologie devrait être résolu dans un avenir proche. Les versions diesel de la GAZ-3110 sont donc appelées à devenir plus accessibles. En attendant nous avons décidé, sans perdre de temps, de faire connaissance avec un exemplaire équipé de ce moteur diesel GAZ-560.
Extérieurement, la GAZ-3110 diesel ne diffère pas de ses homologues à essence. Son design, qui va chercher ses racines dans un modèle vieux de 30 ans, ne s’est pas amélioré avec le temps. Les tentatives de moderniser les traits de cette voiture ont (la plupart du temps) entrainé des résultats négatifs. On peut difficilement qualifier les GAZ-31029 ou GAZ-3110 de chefs-d’œuvre. Cette dernière a souvent été moquée à cause de son arrière trapu. Toutefois les pare-chocs massifs en plastique des dernières versions ont un peu atténué cette image. Il n’empêche. La voiture a beaucoup vieilli. Pas seulement à l’extérieur d’ailleurs mais aussi pour ce qu’elle cache. La nature archaïque et la complexité d’entretien des suspensions avant et arrière ne plaide pas à sa faveur. Même la direction assistée récemment apparue ne donne pas l’impression d’un mécanisme moderne : elle est très bruyante et tue complètement la remontée d’information du train avant qui n’était déjà pas idéale auparavant. La qualité d’assemblage de la carrosserie laisse aussi beaucoup à désirer. Il faut déjà blâmer le vieillissement des presses et des matrices d’emboutissage. On ne peut même pas rassurer l’éventuel futur propriétaire de la GAZ-3110 sur une éventuelle amélioration... En revanche, il n’a rien à dire sur la peinture, d'autant plus que la voiture que nous avons essayée était loin d’être neuve. De même l’intérieur fait un peu mieux. Pour la qualité des matériaux et le soin apportés aux différents panneaux qui composent l'habitacle, la Volga n’a pas son équivalent dans la production nationale. Bien-sûr, elle est loin d’être une Mercedes ou même une Skoda, mais les voitures construites à Nijni-Novgorod, sont meilleures que n’importe quelles modèles de chez VAZ et à fortiori de chez IZHMach.
Pour l’ergonomie c’est une autre chanson. Que peut-on bien attendre d’un mastodonte de la fin des années soixante dans lequel rien n’a pratiquement changé ? Bien sûr, les sièges modernes maintiennent beaucoup mieux le conducteur dans les virages, mais la disposition des différentes commandes ne l’aideront pas à faire corps avec la voiture. Le décalage entre l’axe du volant et le tableau de bord est particulièrement gênant. Et trouver le Neiman (en particulier la nuit) n’est pas toujours facile.
Mais revenons à l’objet principal de notre test, le moteur diesel. Il est difficile de dire comment il se comportera en hiver, mais en été, ce moteur nous a étonné. On a été agréablement surpris par le niveau sonore et les vibrations au ralenti qui nous ont même paru légèrement inférieurs à ceux de beaucoup de ses homologues étrangers. Dans un premier temps (jusqu’au régime où le turbo se déclenche) il semble un peu mou. Mais une fois que l’aiguille du compte-tours a dépassé les 2,000 tr/min, on sent la puissance arriver et ce sentiment se confirme encore plus après 2,500 tr/min. Le moteur pousse ensuite avec confiance jusqu’à 4,000 tr/min, après quoi la puissance chute brutalement. Les Ford Mondeo et VW Passat diesel semblent meilleures mais faut aussi se rappeler que ces deux voitures sont beaucoup plus légère que la Volga. De plus leurs moteurs montent facilement à 4,500 tr/min ce qui augmente considérablement la plage d’utilisation. Par rapport au modèles essence, la Volga semble très à l’aise avec ce moteur : la bonne élasticité permet encore une fois de ne pas abuser des changements de vitesses. On peut d’ailleurs évoquer le levier : court, il permet de sélectionner avec aisance les différents rapports, mais le verrouillage est bruyant et les vibrations permanentes qui remontent à travers celui-ci auront de quoi perturber le plus stable des systèmes nerveux !
Parler de la tenue de route de la GAZ-3110 n’a probablement pas de sens. Il ne faut pas s’attendre à grand-chose avec une voiture de plus de trente ans. Il est toutefois à regretter que l’augmentation des capacités dynamiques ne se répercute pas dans les parties roulantes. Le châssis est très archaïque. Le système de freinage est de faible efficacité. La voiture est si lourde que des freins arrière à disque ne seraient pas un luxe.
Bien sûr, il ne faut pas oublier que le moteur diesel constitue son principal atout à cause de son économie. Les clients potentiels seront sensibles au fait qu’ils pourront parcourir près de 1,000 km avec un seul plein. Il faudra seulement leur rappeler de ne pas utiliser le carburant du premier KamAZ venu. Les diesel modernes, turbocompressés, sont très sensibles à la qualité du carburant employé.
Pour finir, on ignore si la fiabilité de cette GAZ-3110 sera au rendez-vous. C’est un point à surveiller d’autant plus que le moteur GAZ-560 sera difficile à réparer pour les raisons évoquées plus haut.
Lu sur : old.avtomir.com/cars/weekcar/1700/
Adaptation VG