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Parmi les voitures les moins chères du marché de l’occasion, celles dont le prix dépassent rarement le millier de roubles, ce sont les voitures russes qui dominent. Les annonces débordent de Kopeïka, de Moskvitch ou de Volga en état de décomposition avancé. Mais il y a aussi une voiture bon marché à laquelle on prête rarement attention quand on cherche une voiture « super-low-cost ». Cette voiture, c’est la Wartburg. Le modèle le plus populaire de cette marque de la RDA est la 353, produite de 1966 à 1991 pratiquement sans changement. En trouver une en état de marche aujourd’hui n’est pas si facile. Mais c’est une voiture vraiment intéressante. Et peu de gens savent que la Wartburg 353 est une voiture avec un châssis.
« Cette Wartburg date de 1986. Cela fait deux-trois ans que je l’ai. Quand je l’ai achetée, elle était en état de marche. Puis elle est tombée en panne et pendant un an elle n’a pas roulé. Maintenant elle revit de nouveau – commence à raconter Igor, le propriétaire de cette Wartburg 353. Avant elle était stationnée sous un porche. Je roule tous les jours en Mercedes et cette « vieille dame » prenait la poussière. Plusieurs fois j’ai collé dessus un autocollant menaçant de l’envoyer à la casse. J’ai même dégagé la neige autour d’elle ! On a décidé de la déplacer sur un parking privé ».
La Wartburg 353 a fait ses débuts en 1966. Elle avait à cette époque un design très futuriste. Sur certains marchés, la voiture a été vendue sous le nom de Warburg Knight. La 353 se positionnait comme une voiture familiale de taille moyenne. Elle était produite sous trois types de carrosserie - berline standard, break Tourist et pick-up Trans – par la VEB Automobilwerk Eisenach dans la ville du même nom (en RDA). Après 1988, la voiture a été rebaptisée Wartburg 1.3. Cette berline a même reçu un kit-carrosserie officiel de Irmscher.
Les dimensions de la 353 sont les suivantes : Longueur – 4220 mm, largeur – 1640 mm, hauteur – 1490 mm, empattement – 2450 mm. Ce sont pratiquement les dimensions de la berline Skoda Fabia actuelle. Le volume du coffre est de près de 400 litres (il est donc plus grand que les VAZ classiques). Il s’ouvre à l’aide d’une clé. Les marques autour de la serrure montre que l’on a essayé plusieurs fois d’en forcer l’ouverture, mais elle fonctionne encore correctement.
La voiture d’Igor a encore sa couleur d’origine et, selon lui, elle brille quand elle est propre. Une inspection rapide montre que la carrosserie se trouve dans un état relativement acceptable. Bien-sûr, elle est loin d’être idéale mais il n’y a aucun trou causé par la corrosion. La seule chose vraiment effrayante est le silencieux et le pot d’échappement. Non seulement le pot est vraiment rouillé mais en plus il ne tient plus que partiellement.
Sur les flancs, on remarque d’étranges moulures que l’on n’a jamais vues sur les photos officielles de cette voiture. « Ce n’est pas moi qui les a montées. Je pense que, déjà en Allemagne, son premier ou deuxième propriétaire a installé ces protections – se justifie Igor. Sous le siège passager j’ai trouvé un journal est-allemand datant de 1987 ! J’ai pensé à la jeter puis finalement je l’ai laissé là. C’est une pièce rare ! ».
Sous le capot de la 353, on trouve un 3 cylindres 2 temps de 993 cm3. Dans sa « jeunesse » il développait la puissance de 50 ch. Maintenant la moitié de cette « horde sauvage » s’est échappée, mais la voiture peut toujours se mouvoir par ses propres moyens. Elle démarre au quart de tour. Mais quand on voit comment elle fume cela doit faire longtemps qu’elle n’a pas démarrée. On lance le moteur de cet exemplaire en pressant un bouton. Il faut insérer la clef, mettre le contact et à gauche on trouve un bouton pour démarrer. La Wartburg 353 est une traction avant avec une boîte 4 vitesses. Le levier de vitesse traverse le plancher, comme le frein à main. Il n’y a pas de tunnel central. Comme sur une Tesla.
Sous le capot il y a beaucoup de place. Pour une raison quelconque, Igor a démonté le ventilateur. Il est dans le coffre. Il nous a ensuite expliqué pourquoi : « J’ai supprimé le ventilateur parce qu’il est inutile. La voiture ne surchauffe jamais et je pense qu’il n’a jamais fonctionné. Sur cette voiture il n’est pas nécessaire de faire la vidange. On met l’huile dans le réservoir de la Wartburg en la mélangeant avec l’essence. Proportion : 40:1. Si vous mettez 20 litres d’essence, il faudra compléter avec un demi-litre d’huile. Vous avez senti l’odeur des gaz d’échappement ? C’est à cause de ce mélange ».
Le compteur indique 39,000 km. Même si le propriétaire pense vraiment que c’est son premier tour de compteur, il se pourrait bien qu’elle ait réellement 139,000 km. L’habitacle est vraiment dépouillé, le tableau de bord est simple. Quelques interrupteurs sans prétention. Pareil pour la boîte à gants ou les commandes de chauffage. Il y a un toit ouvrant. Il s’ouvre et se ferme encore sans difficulté. Et le frein à main fonctionne parfaitement.
« Les rétroviseurs et toutes les vitres sont d’origine. Le chauffage marche très bien. A fond, la chaleur est indescriptible. Par contre, les antibrouillards d’origine ont été volés. J’en ai installé d’autres. Ils sont plus petits et c’est pourquoi ils paraissent étranges » indique le propriétaire de la vieille berline.
Et d’ajouter : « Elle roule bien. La voiture est légère – 920 kg. Le petit moteur est suffisant. Une fois je suis monté jusqu’à 120 km/h. On trouvait aussi ce moteur sur le minibus Barkas. J’en possède un aussi mais je ne roule pas du tout avec ».
A son époque, la Wartburg 353 était une sérieuse concurrente de la DKW F102 (l’ancêtre de l’Audi) et de la Saab 96. Dans les premières années de sa production elle était largement exportée et connaissait une forte demande dans les pays d’Europe occidentale. Mais quand les moteurs deux temps ont commencé à être rejetés par l'occident, la marque n’a pas eu les moyens de développer un moteur quatre temps et le modèle est devenu complètement dépassé.
Rares sont celles qui sont aussi bien suivies. « Tu roules, c’est bien. Tu ne roules plus, tu pars à la casse ! ». Mais quand on en prend soin, la Wartburg peut être un compagnon fidèle. Le principal pour son propriétaire est d’avoir quelques notions de mécanique. Par sa garde au sol et son vrai châssis, la 353 peut aller là où une Moskvitch ou une Jigouli est incapable de le faire. Et puis, la Wartburg a une certaine valeur historique. C’est la dernière voiture qui a été produite en Allemagne de l’Est !
Lu sur : http://auto.onliner.by/2014/03/14/wartburg-2/
Adaptation VG