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Berlines de luxe assemblées à la main pour les élus. Voilà une bonne manière de résumer la nature de ces deux voitures. Mais de chaque côté du rideau de fer, cette définition n’avait pas la même signification.

Le premier prototype de six cent treize est apparu à la fin des années 60. Il s’agissait d’une voiture conçue pour être le moyen de transport des membres du gouvernement communiste. Elle n’est entrée en production qu’en 1973. Son dessin était signé de la carrosserie italienne Vignale. Face à elle, l’Aston Martin Lagonda peut également se targuer d’un dessin exceptionnel. Cette berline quatre porte a été conçue par William Towns et a été mise en production en 1976. Elle devait être fabriquée initialement a un exemplaire par semaine.

La Tatra 613 dispose d’un moteur huit cylindres de 3,5 à refroidissement par air monté à l’arrière. Il s'agit d'une propulsion arrière avec une agilité inattendue sur la route. Son moteur de 165 ch est couplé à une boîte manuelle à quatre vitesses. En raison d’un poids supérieur à 1,6 tonne, la Tatra passait de 0 à 100 km/h en un peu plus de onze secondes et sa vitesse maximale plafonnait à 180 km/h.

La Lagonda avait été conçue également pour le confort de ses passagers. Son moteur était un peu plus puissant que celui de la fierté de Tchécoslovaquie socialiste. L’Aston Martin disposait elle aussi d’un moteur 8 cylindres mais sa cylindrée de 5,3 litres lui offrait 284 chevaux. Avec un poids de 1,8 tonne sur la balance, elle atteignait les 100 km/h en dix secondes et pouvait atteindre les 230 km/h.

Face à l’Aston Martin, la Tatra ne pouvait rivaliser en ce qui concerne son aménagement intérieur. Contrairement à d’autres réalisations socialistes, elle était certes très confortable, mais comparativement à la meilleure limousine de l’Ouest, elle faisait bien plus pauvre. Initialement, il n’était pas possible de régler ni la hauteur du siège conducteur, ni la colonne de direction. La Tatra ne disposait pas non plus de ceintures de sécurité à enrouleur. Face à l’opulence de l’Aston Martin, la Tatra paraissait inexcusablement bon marché. A noter toutefois que son habitacle pouvait être réchauffé avant le démarrage par un chauffage à essence additionnel.

La sellerie cuir et l’abondance de l’intérieur de la Lagonda permettait d'envisager la perspective de longs trajets de manière complètement différente. La Lagonda est l’une des premières voitures au monde équipée d’un ordinateur de bord et d’un tableau de bord à affichage numérique.

La Tatra était handicapée, au moins à bas et moyen régime, par son moteur moins puissant. Son châssis offrant trop de confort manquait de stabilité en conduite rapide, au contraire de l’Aston Martin. Bien que produite jusqu’en 1989, la Lagonda n’a été produite qu’à 645 exemplaires. Pour s’offrir son luxe, il fallait dépenser environ 50,000 livres sterling dans les années 80. En Tchécoslovaquie et jusqu’à la chute du mur de Berlin, le commun des mortels ne pouvait pas s’offrir la Tatra 613...

La Tatra 613 a été constamment améliorée par l’usine de Pribor, mais elle était basée sur l’ancienne Tatra 603, ce qui n’offrait pas une grande marge de développement. Il était donc difficile de la maintenir en production dans un environnement devenu, avec l’ouverture du marché, concurrentiel. Et même si son équipement a été enrichi de la télévision ou du téléphone mobile et son moteur porté à 200 ch, elle ne pouvait plus être modernisée. Le déclin était inexorable et sa remplaçante, la Tatra T700, sonnera le glas des limousines Tatra.

Lu sur : http://www.tyden.cz/rubriky/auta/historie/socialismus-kontra-kapitalismus/tatra-613-kontra-aston-martin-lagonda_105689.html
Adaptation VG