![[SkK] GAZ-24 vs Mercedes Classe S.](https://image.over-blog.com/FjDEuw6R8BFDjJYaxk__SgwmA7A=/filters:no_upscale()/image%2F0782406%2F20140225%2Fob_4c1d23_112.jpg)
La voiture la plus luxueuse que l’automobiliste ordinaire pouvait acheter en Tchécoslovaquie était la Volga soviétique. C’était la voiture la plus chère que l’on pouvait commander auprès de Mototechna. C’était en quelque sorte la « Mercedes socialiste ». De l’autre côté du mur la Mercedes Classe S qui tenait ce rôle.
C’est la part qu’elles occupaient dans le parc automobile de l’est et de l’ouest, et pas seulement pendant les années 80, qui peut expliquer l’envie de les comparer. Sans cela, ce choix serait, en effet, plutôt sujet à controverse. Sur un marché libre imaginaire la Volga, officiellement nommée GAZ-24, entrerait plutôt en concurrence avec la Mercedes Classe E, car celle-ci est de taille comparable, est très populaire chez les chauffeurs de taxis et parce qu’il est possible de la commander également en break, une carrosserie inconnue de la Classe S. Cette dernière offrait par contre un grand coupé très élégant. La Volga était ce que l’automobiliste socialiste pouvait s’offrir de mieux. Elle avait tout de la voiture de luxe. Comme la Mercedes Classe S était ce qui se faisait de mieux pour les conducteurs les plus chanceux en Occident...
La Volga 24 a été présentée en 1967, mais comme avec de nombreuses autres voitures de l’ancienne Union Soviétique, les candidats à l’achat des premiers exemplaires ont dû attendre quelques années de plus. Durant les deux premières années, seulement 246 prototypes ont été fabriqués et les production de masse n’a débuté qu’en juillet 1970. La « 24 » a succédé à la « 21 » datant de la seconde moitié des années 50 qui, avec ses formes baroques, avait reçu le surnom d’Impératrice. La GAZ-24 a hérité de celle-ci de nombreuses pièces, la rendant quelque peu dépassée.
A l’inverse, Mercedes-Benz a toujours présenté le summum de ses plus récentes innovations dans la Classe S. La génération produite durant les années 80 porte le nom de code W126. Elle a été présentée en 1979 et a été produite jusqu’en 1991 après n’avoir subi qu’un seul restyling. Ses formes intemporelles ont été dessinées en soufflerie et elle est probablement la voiture la plus sûre de son temps. C’est sur elle que sont apparus entre entres l’ABS, les rétracteurs de ceintures ou le système anti-patinage.
Les propriétaires de la Volga ne pouvaient que rêver à de tels équipements. Mais la Volga avait été conçue pour supporter les conditions difficiles des routes défoncées de l’URSS. Elle a aussi été conçue de sorte que la majorité des propriétaires puissent effectuer eux-mêmes la plupart des réparations. Mais ce qui a toujours été appréciable est que la Volga était toujours prête à effectuer des trajets à haute vitesse et était suffisamment robuste pour s’engager dans les chemins. A l'intérieur, on avait suffisamment d’espace pour des sièges confortables, seul le conducteur devait s’habituer à la position de conduite proche du grand volant.
Conduire vite la Volga 24 n’était toutefois pas donné à tout le monde car elle disposait d’un classique châssis avec ressorts à lames à l’arrière ce qui pouvait l’amener à rebondir de manière dramatique dans les virages bosselés. En courbe, elle prenait d’ailleurs beaucoup de roulis et ses propriétaires affirmaient que le rythme idéal était de 70 à 80 km/h même si la vitesse maxi de certains modèles était de 145 km/h. Son moteur 2,5 litres à quatre cylindres de 98 ch, entraînant les roues arrière à travers une boîte quatre vitesses, était parfaitement adapté à ce rythme. Il y a aussi eu quelques versions se distinguant par leurs performances, par exemple ce modèle moins puissant et acceptant des essences de qualité inférieure destiné aux chauffeurs de taxis. Sur certains marchés elle a été vendue avec un moteur diesel atmosphérique. La Volga n’a pas échappé à un restyling avec une calandre en plastique et d’autres améliorations. A partir de 1985 elle a même été commercialisée dans une version plus luxueuse, la 24-10, avec d’énormes pare-chocs en plastique.
La Mercedes avait aussi un grand volant, mais c’est surtout parce que ses clients y étaient habitués. La direction assistée était de série sur la Classe S ainsi que d’autres équipements de premier ordre. La version de base n’était pas particulièrement bien équipée mais celui qui était prêt à payer plus pouvait par exemple avoir la climatisation automatique, les sièges électriques chauffant avec mémoire, les vitres ou les rétroviseurs électriques. Des options dont l’acheteur d’une Volga ne pouvait même pas rêver. L’agrément de conduite de la Classe S vous faisait aussi rentrer dans une autre décennie.
La Mercedes avait une suspension à quatre roues indépendantes avec ressorts hélicoïdaux, des freins à disques aux quatre roues, ventilés à l’avant. Ce n’est pas étonnant puisque le six cylindres de base faisait déjà 156 ch et que le sommet de la gamme était coiffé par un huit cylindres de 5,6 litres de 279 ch. Avec celui-ci la Classe S dépassait les 240 km/h. La plupart de ces Mercedes avait la transmission automatique et leurs propriétaires avaient un chauffeur et pouvaient donc commander une version SEL rallongée de quatorze centimètres avec deux sièges arrière séparés par une console centrale. Elle offrait encore plus de place que la déjà spacieuse version de base mesurant 5 mètres.
Malgré l’usage des technologies les plus modernes, la fiabilité de la plus grande des Mercedes n’a jamais été remise en cause. Dans les mains des propriétaires les plus méticuleux, la Classe W126 a pu approcher le million de kilomètres au compteur. C’est l’une des dernières Mercedes « immortelles » lorsque la qualité était plus importante que les économies de coûts. Elle n’avait par exemple pas de direction à crémaillère, ses concepteurs n’ayant tout simplement pas confiance en sa fiabilité.
La Volga aussi était assez fiable puisque avant la révision générale elle pouvait parcourir jusqu’à 350,000 km. La voiture socialiste faisait du aussi bon boulot que la Mercedes de luxe. Et comme tout le monde ne pouvait se l’offrir, sa rareté sur la marché en faisait une voiture de prestige.
Lu sur : http://www.tyden.cz/rubriky/auta/historie/socialismus-kontra-kapitalismus/gaz-24-kontra-mercedes-benz-tridy-s_111195.html
Adaptation VG