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Nikolaï Fomenko est désormais une figure importante de l’industrie automobile et du sport automobile en Russie. Il est le directeur technique de l’écurie « Marussia F1 » et le président de la société « Marussia Motors ». Il accepté de répondre aux questions de « Voditel Peterburga » lors d'un passage musical à Saint-Pétersbourg.

Q : Nikolaï, je me souviens qu’il y a deux ans  lors d’une précédente interview, vous m’aviez dit avoir l’intention de construire une usine Marussia à Kaliningrad et espériez avoir fabriqué environ 3000 voitures de sport d’ici la fin de l’année 2012. La réalité russe a-t-elle changé vos plans ?
R : En ce qui concerne la fabrication des Marussia, nos plans ont quelque peu été ajustés. La production en série de voitures va débuter en Finlande, dans l’une des plus grandes entreprises finnoise. Nous sommes très fiers qu’ils aient accepté de produire notre voiture. Elle sera la première voiture russe fabriquée à l’étranger puisque du début à la fin elle est fabriquée en Russie. Mais il faut souligner le fait que les normes de qualité européennes exigent une approche sérieuse et à une échelle beaucoup plus grande. Hormis la fabrication des Volkswagen à Kalouga ou de l’usine Ford, nous ne sommes pas encore prêts sur le territoire de la Fédération de Russie à soutenir de tels projets. C’est pourquoi nous avons préféré le faire en occident, en Finlande.

Q : Et la date de sortie de la Marussia n’a pas changé ?
R : Cela sera à l’automne 2012. Nous sommes dans les temps. A la fin de l’année la production en série commencera dans l’usine finnoise et ici en Russie s’arrêtera la production après 150 véhicules.

Q : De quels volumes est-il question ?
R : D’ici la fin de l’année, à compter d’octobre, nous devrions produire une centaine de voitures. L’an prochain nous devrions en fabriquer environ 1000. Voilà les plans. Et nous allons commencer avec la B2.

Q : Et que va-t-il arriver à la B1 et au SUV ?
R : Nous allons présenter un cabriolet B1 l’an prochain à l’été. Quant au tout-terrain c’est une longue histoire. Il est prêt mais le mettre en production est un processus très complexe et même beaucoup plus compliqué que vous ne pouvez-vous l’imaginer. Le fait est qu’il n’est pas facile de mettre en place dans notre pays une usine d’assemblage et toute la logistique qui va avec. Les SUV sont presque prêts. Le premier à 70% et le second, le F2 pour lequel nous envisagions une production en grande série est pratiquement prêt à 100%. Nous espérons terminer les négociations avec la compagnie Sollers qui va nous aider à la mise en place de la dynamique de production.

Q : Avant, il semble que l’on entendait beaucoup parler du miracle russe c'est à dire de Marussia. Mais ces derniers temps il semble que les informations soient plutôt rares.
R : Les dernière nouvelles vous les avez eu au Salon de Genève. Elles étaient plutôt encourageantes !

Q : Quel est le prix approximatif de la Marussia ?
R : Dans sa configuration de base elle doit coûter autour de 110,000 euros.

Q : A quelle clientèle s’adresse-t-elle ?
R : Il m’est difficile de dire à qui elle s’adresse car je ne m’en occupe plus. C’est le département marketing de Marussia qui travaille sur ce ciblage. Mais en général nous prévoyons que la Marussia concurrencera les Porsche 911 et aussi les Ferrari 360 et 430. Les Ferrari sont nos principales concurrentes.

Q : Il n’y a pas si longtemps votre Marussia était exposée au centre de Moscou dans un showroom sur la Tverskaya. Où est-elle passée ?
R : Nous changeons d’endroit pour augmenter notre espace. Nous sommes restés dans notre ancien showroom pendant un an et maintenant nous nous installons dans la galerie « Artplay » où nous aurons un vrai lieu d’exposition avec tous nos modèles. Nous prévoyons de l’ouvrir au printemps.

Q : Vous roulez à Moscou en Marussia ?
R : Bien sûr, et comment !

Q : Et votre femme roulera en Marussia ?
R : Oui je pense. Elle l’a déjà conduite l’été dernier.

Q : Et les collaborateurs de votre entreprise ?
R : L’année dernière une cinquantaine de voitures ont roulé en ville conduites par nos collaborateurs, nos amis. C’est très important de rouler avec en ville : cela permet de voir et corriger certains défauts. Lorsque nous lancerons notre SUV en grande série nous obligerons peut-être tous nos cadres à rouler à leur volant. Et les plus hauts dirigeants devront bien sûr rouler dans la voiture de sport.

Q : Cet hiver, avez-vous également roulé en Marussia ?
R : Par-27°C ? Honnêtement je ne suis pas encore prêt à le faire. Je ne suis pas non plus prêt à faire un Moscou – Saint-Petersbourg à son volant, même si j’aimerai bien !

Q : La Formule-1 c’est quoi pour vous ? C’est votre rêve inachevé de pilote de course ?
R : Ce n’est pas un rêve non réalisé, c’est un engagement totalement pragmatique. Nous avons commencé avec une voiture de sport et si vous voulez avoir votre voiture dans le peloton de tête, pour qu’elle se vende bien, il faut qu’elle attire l’attention. On ne peut difficilement imaginer meilleur projet que la Formule-1 pour en faire la promotion !

Q : En quoi Marussia est-il réellement impliqué en F1 ?
R : C’est très difficile. Maintenant nous nous appelons « Marussia-F1 » , sans Virgin. En conséquence, cette année, nous avons pris un peu de retard mais lors des derniers essais privés nous avons fait rouler notre nouvelle voiture. Nous espérons être plus rapides que l’an passé. C’est un processus difficile, complexe et de longue haleine. La construction d’une Formule-1 est encore plus difficile... que celle d’une voiture de sport.

Q : J’ai pensé que vous alliez dire « d’un vaisseau spatial » !
R : Un engin spatial c’est une chose. En fabriquer un ne nécessite que des technologies simples. La Formule-1, aujourd’hui, c’est le summum en matière de pensée scientifique.

Q : Nikolaï, en tant qu’artiste et musicien – vous êtes venu à Saint-Petersbourg pour donner un concert avec un vieil ami – c’est difficile d’être président d’un constructeur automobile ?
R : C’est mon bébé, mon projet. Pour moi c’est un vrai bonheur. Bien sûr je n’ai pas fait tout seul et j’ai réuni une bonne équipe de professionnels. Aujourd’hui tout commence à prendre des dimensions industrielles. Cela se développe tout à fait sérieusement et rapidement.

Q : Mais en faisant irruption en Formule-1 vous avez remis vos détracteurs à leur place.
R : Ce n’était pas mon intention. Je ne fais que mon boulot. Vous savez que les détracteurs ont accompagné toute ma vie professionnelle... mais je ne fais que mon métier. On m’a souvent pris pour le « fou du village ». On dit : « l’homme, l’acteur, le musicien, il a fait de la course et maintenant il fait des voitures ». On dit que je ne sais pas rester en place. On peut dire ce qu’on veut. Mais je ne me repose pas sur mes lauriers. Je ne fais que mon travail, ce dont j’ai besoin, ce que j’aime. Je ne veux pas que la Russie soit vue à l’Ouest comme elle était vue jusqu’à encore récemment. Mon action en ce sens est absolument utile et justifiée.

Q : Dites- moi ce que vous pensez des réussites et des échecs de Vitaly Petrov en F1. Certains l’encensent, d’autres s’en amusent...
R : La réalité est la suivante : Vitaly Petrov est le seul pilote russe en Formule-1. Quant à un certain moment il n’avait pas de contrat c’était non seulement son problème, mais aussi celui de notre pays tout entier. Cela signifie que notre pays, comme d’habitude, n’a pas aidé pour qu’un athlète russe trouve sa place dans une catégorie aussi prestigieuse que la Formule-1.

Q : Mais que pouvait faire le pays pour cela ?
R : Tout pilote de Formule-1 doit être soutenu financièrement par ses sociétés nationales, c’est fondamental. Dans tous les pays cela n’est pas directement lié à l’Etat, mais de nombreux jeunes pilotes sont aidés par des sociétés publiques et privées. Et c’est pour cela que nous devons soutenir Vitaly. Il a besoin de rouler encore et encore, d’aller vite, et trouver sa place derrière un volant de F1.

Q : Parlez-nous de la ë-mobile de Prokhorov. Ce n’est pas un concurrent ?
R : Nous travaillons dans des segments différents. Je ne sais rien de la ë-mobile. Je ne sais pas comment ils travaillent, ni ce qu’ils font. Mais je leur souhaite de réussir. Ils sont dans le secteur très difficile de la grande série, là où la concurrence est la plus féroce.

Q : Il y a quelques années, vous avez écrit un livre sur l’automobile. Vous n’avez pas l’intention de le rééditer ou d’écrire un nouveau livre ?
R : Je n’ai pas le temps aujourd’hui pour écrire un livre. Peut-être plus tard, dans dix ans, quand je serai plus au calme, je me remettrai à l’écriture.

Q : Quant à la version russe de Top Gear, que vous avez par le passé présenté, vous ne pensez pas y revenir ?
R : Je passe mon temps en avion. Je n’ai pas le temps de faire autre chose que mon activité principale. Mais j’ai aimé travaillé sur Top Gear surtout que nous en avons fait la meilleure version étrangère face aux versions australienne, espagnole, américaine et allemande. Les producteurs de la BBC nous ont félicité. Jeremy Clarkson m’a même dit : « Connaître la mentalité anglaise et même faire des blagues en anglais, cela n’a pas de prix ». Je parle bien anglais mais je ne connais pas toute la profondeur de la langue. Clarkson m’a dit : « Je voudrai travailler avec toi ! ». Franchement, c’était vraiment flatteur d’entendre cela.

Q : Donc, vous êtes amis avec Jeremy Clarkson ?
R : Non, je ne peux pas dire cela. L’amitié c’est quelque chose d’autre.

Q : Et vous n’auriez pas envie de faire une autre émission de télé ?
R : Mon adjoint, Ivan Urgant, travaille à la télévision. Mais je n’ai ni la force, ni la santé, de faire de la télé !

Bibliographie : Nikolaï Fomenko est né le 30 avril 1962 à Leningrad. De 1982 à 1996, il est le chanteur vedette du groupe « Secret ». Artiste émérite de Russie, acteur au cinéma et dans des séries télévisées. Il se passionne pour la course automobile après 30 ans et devient l’un des meilleurs pilote de Russie et de classe internationale. Il a présenté la version russe de l’émission télé Top Gear avec Mikhaïl Petrovski et Oscar Kutcher. Il est le créateur de la première voiture de sport russe, qui porte le nom évocateur de « Marussia ».

Lu sur : http://spbvoditel.ru/2012/04/26/027/
Adaptation VG

Tag(s) : #Marussia, #F1, #Personnalités, #Interview