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Vous ne savez peut-être pas pourquoi l’icône « enregistrer » de votre traitement de texte ressemble à cela, savez peut-être vaguement qui est Mikhaïl Gorbatchev et ne connaissez pas du tout le goût de la vodka de contrebande fabriquée en Tchétchénie. Mais si vous viviez à Togliatti, il y a des choses que vous ne pourriez ignorer.

Le 19 avril, nous avons fêté les 42 ans de la fabrication des premières Kopeïka par l’Usine Automobile de la Volga. C’est en fait ce même jour de 1970 qu’a véritablement commencé l’histoire de la ville portant le nom de Togliatti. Le site Carobka.ru revient sur des faits qui pourraient sembler évidents aux anciens ou aux spécialistes de l’histoire de l’automobile, mais qui peuvent être totalement inconnus des plus jeunes et des novices.

1. Togliatti. C’est un homme. La ville de Togliatti porte le nom d’un communiste italien, qui dans sa jeunesse avait presque ruiné l’industrie automobile de son pays. Il avait mené une longue grève chez FIAT qui avait conduit à un quasi-arrêt de la production. Son amitié avec l’URSS avait commencé au début des années 40. Pendant la guerre, il travaillait pour la radio soviétique, diffusée en Italie. De retour dans son pays, il dirige le Parti Communiste mais encourage un changement de cap pour soutenir les réformes démocratiques et l’abandon de la construction du socialisme. Curieusement, cela n’a pas empêché le rapprochement des partis communistes d’URSS et d’Italie et c’est cet aspect politique qui a conduit au fait que la ville où se trouve l’usine VAZ porte le nom de Togliatti ! Palmiro Togliatti est mort en 1964, après avoir perdu conscience lors d’une visite au camp de pionniers « Artek » près de Yalta. La même année, la ville de Stavropol sur Volga est rebaptisée avec son nom. Deux ans plus tard est signé l’accord cadre entre l’URSS et l’Italie pour construire une usine de construction automobile au bord de la Volga. Un usine qui allait devenir l’une des usines les plus importantes d’Europe.

2. La Kopeïka n’est pas une Fiat. C’est la Fiat 124, mise sur le marché en 1966 et élue cette année-là « Voiture de l’Année » qui avait été choisie pour servir de prototype au « Modèle N°1 ». Il faut remarquer que le choix de cette voiture pour le démarrage de la production chez VAZ s’est fait beaucoup plus tard, alors que Fiat travaillait déjà sur la traction avant. Ce projet incluait également un « Modèle N°2 »,un break basé sur le premier modèle, et un « Modèle N°3 », une berline propulsion modernisée. Ces trois modèles ont vus le jour sous les noms de VAZ-2101, VAZ-2102 et VAZ-2103. Malgré le fait qu’elle était quasiment identique à la Fiat 124, la Kopeïka s’en distingue significativement : l’élégante berline italienne a dû subir un nombre conséquent de modifications pour s’adapter aux difficiles réalités russes. Les premières Fiat essayées se sont cassées le nez sur les pavés russes après seulement 5,000 kilomètres. Les freins arrière à disque étaient pris par la poussière. A la place d’un moteur plutôt archaïque à arbre à cames latéral, les Italiens ont mis au point sur l’insistance de la partie soviétique un tout nouveau moteur à arbre à cames en tête (d’ailleurs l’industrie pétrolière soviétique a été obligée d'étudier un type d’huile moteur radicalement nouveau pour ce moteur). Après des millions de kilomètres d’essais et des milliers de modifications, la voiture était pratiquement totalement nouvelle : de conception initialement italienne, elle offrait désormais d’excellentes caractéristiques techniques et une fiabilité unique.

3. VAZ a offert au pays une voiture au prix abordable. Si vous pensez que l’aversion des Moscovites pour l’Usine Automobile de la Volga est une tendance de cette dernière décennie, vous vous trompez. Il a toujours été de bon ton de donner aux modèles de VAZ un surnom, et dans la capitale ils étaient presque toujours négatifs. La VAZ était ainsi autrefois surnommée la « boîte de conserve » car l’épaisseur de la tôle de sa carrosserie n’était que de 0,8 millimètres alors que la plupart des pièces des Moskvitch et Volga faisaient plus de 1 mm d’épaisseur. Par conséquent, on disait que la « boîte de conserve » n’était pas sûre parce que sa carrosserie se déformait en cas de choc – ce qui fondamentalement est une bonne chose mais à ce moment-là personne ne le comprenait – et qu’elle allait être fortement exposée à la corrosion. En fait cette carrosserie s’avérait un succès à tous les points de vue, comme la voiture dans son ensemble. Entre autres choses, cette carrosserie légère permettait de faire des économies d’acier à grande échelle et rendait la voiture plus maniable et plus dynamique. Lorsqu’elle a atteint sa pleine capacité, l’usine, construite pour fabriquer 660,000 voitures par an, a fourni à des millions de citoyens soviétiques ordinaires un moyen de transport privé, ce qui a l’époque était pratiquement un miracle. Oui en 1970, la Kopeïka valait beaucoup d’argent. 5620 roubles. Pour cette somme on pouvait, en principe, se permettre d’acheter une Volga (GAZ-21) plus prestigieuse ou, en économisant près de 1000 roubles, une Moskvitch 408 éprouvée. Mais la question de l’argent n’était pas si importante car pour s’offrir une voiture, les gens inscrivaient leur nom sur une liste d’attente pour quasiment toute leur vie car la demande dépassait de plusieurs fois l’offre ! Avec l’arrivée de la VAZ-2101, la famille moyenne soviétique avec un salaire moyen de 115 roubles, en mettant la moitié de leurs revenus dans la nourriture et en épargnant l’autre, pouvait en trois ans et demi réunir les fonds nécessaires à l'achat d'une voiture particulière.

4. La VAZ-2101 est devenue un phénomène remarquable dans le sport automobile mondial. Curieusement l’équipe VAZ a fait ses premières armes avec des Moskvitch. Mais assez rapidement les pilotes officiels (Edouard Pistunovitch, Yakov Loukianov, Victor Tsipulev, Anatoli Kozyrchikov et d’autres encore) se sont mis au volant de modèles produits par leur propre usine et en seulement quelques années ils ont montré aux autres que la VAZ-2101 était la voiture pour gagner. Que cela soit en cross, sur circuit ou en rallye, la Kopeïka pouvait atteindre des vitesses qui jusque-là étaient considérées comme impossibles. Le caractère de la voiture provenait justement de son moteur à arbre à cames en tête qui pouvait être facilement gonflé. Après les championnats d’URSS, l’heure était venue de conquérir l’Europe. Lors des rallyes-marathons internationaux « Tour d’Europe » de 1971 (Coupe d’argent au classement par équipe) et de 1973 (Coupe en or et en argent), la VAZ-2101 devient une vraie star du rallye international. Par la suite, de nombreux pilote soviétiques et européens, courront en Kopeïka, la préférant à ses analogues Fiat 124 ou Seat 124. Dans les rallyes amateurs, on rencontre encore aujourd’hui des Kopeïka. Et sur la base de la mécanique des VAZ, de nombreuses voitures de courses, formules ou buggies, ont été réalisées. A son époque, cette voiture a sérieusement enflammé le sport automobile.

5. La première VAZ a permis à l’usine de survivre dans les moments difficiles. Il y a différentes manières de traiter le fait que les modèles, basés sur la plateforme de la Kopeïka, n’ont été abandonnés que très récemment. On peut blâmer la lenteur de la rénovation de la gamme VAZ mais il est évident que l’usine construite dans un pays très spécifique, avec ses problématiques spécifiques, ne pouvait pas être « remise à jour » sans prendre en compte ces problématiques. Durant plus de 10 ans, la Kopeïka et ses dérivés ont connu une demande totalement folle dans le pays, mais aussi à l’étranger. Sur la base de ces premiers modèles, plusieurs variantes très réussies – les VAZ-2105/2107 – ont été construites et ont servi de « pont » entre le passé et le futur : la VAZ-2105 disposait d’innovations comme la courroie de distribution, le revêtement de pavillon moulé d’une pièce, les pare-chocs en plastique, les rembourrages de siège en polyuréthane... Et l’un des meilleurs franchisseurs de tous les temps et premier tout-terrain à carrosserie monocoque est le fameux Niva, lui aussi produite sur une base de Kopeïka !

6. Nous vivons tous dans cette ville, parce que la VAZ-2101 y a été lancée il y a 42 ans. (Faut-il rajouter quelque chose à cette évidence ?)

7. Il est important de se rappeler de l’histoire de sa ville.

Elle fait partie de notre propre histoire. C’est d’ailleurs avec la VAZ-2101 qu’a commencé ma carrière de journaliste, quand le magazine « IDI » m’a demandé en 2004 d’écrire un article sur la première VAZ.

Lu sur : http://www.carobka.ru/articles/492/
Adaptation VG

(*) NDT : Ce n'est pas 7 mais 5 choses que l'on pourra retenir par le biais de cet article.

Tag(s) : #Histoire, #VAZ, #Lada, #2101, #Togliatti, #Fiat