J’ai reçu un coup de téléphone tardif. Une vieille connaissance : « tu ne veux pas remonter dans le temps et faire un tour dans une VAZ-2108 de 1988 en parfait état de conservation ? Et tu pourras la comparer avec la 2108 actuelle, la VAZ-2113 ! Le duel pourrait être très intéressant ! ».
J’avoue qu’au départ je ne prenais pas la chose au sérieux. Mais, je me suis mis au boulot pour préparer sérieusement ce retour dans le passé.
Les années 80 sont loin derrière nous : je me souviens d’une des premières Samara de pré-série. Elle était de couleur « vert tilleul », la treizième construite. Elle était destinée à être détruite lors d’un crash-test. Mais les plans ont changé au dernier moment, et la voiture a été confiée à l’institut NAMI pour faire des essais. C’est là que je l’ai étudiée sous toutes les coutures. Les années ont passées durant lesquelles j’ai essayé des centaines, si ce n’est des milliers de voitures. Malgré tout, je me rappelle très bien : la 2108 n’avait pas reçu beaucoup de critiques, pas plus de compliments d’ailleurs. Mais, aucune autre voiture soviétique de l’époque ne pouvait se targuer d’une tenue de route de petite sportive. Et, les Lada suivantes n’ont pas laissé de si bons souvenirs.
La voiture de notre confrontation arrive. Déjà, les curieux ne manquent pas de faire des commentaires sur son état. On dirait qu’elle n’a été produite qu’un an et demi auparavant. La peinture beige et son vernis n’ont pas perdu leur éclat et il n’y a pas une seule rayure. Les pneus sont d’origine : des modèles Ex-85. A l’intérieur, le tableau de bord à conservé la couleur, que nous avions presque oublié, ce brun clair inimitable, et les sièges dans les mêmes teintes sont quasiment neufs.
Sous le capot on trouve un moteur dont même les ingénieurs de VAZ ne se souviennent plus : le 1,3l à carburateur développant 63,7 chevaux. Nous essayons de nous rappeler des prix de l’époque : nous nous accordons sur le fait que la VAZ-2108 devait tourner aux alentours de 8500 roubles. La Samara-2 que nous allons lui opposer coûte plus de 6000 ... dollars. C’est vrai que depuis de l’eau a coulé sous les ponts. Alors, qu’est ce qui a bien pu changer dans la Samara en presque 20 ans ?
En premier, bien sûr, l’apparence. On regrette déjà que la nouvelle face avant, les nouveaux pare-chocs et les protections latérales ne paraissent pas si modernes. L’intérieur s’est par contre transfiguré. Le tableau de bord sympathique, les compteurs bien dessinés, la colonne de direction réglable en hauteur, et les couleurs, beaucoup moins « cheap » changent tout. La 2113 est mieux. Elle sent le neuf (et le plastique) et on constate que les appuies tête arrières sont toujours absents. Sous le capot, on trouve le moteur 1,5l de 74ch à injection, plus ou moins moderne. Est-ce que l’ancienne pourra rivaliser avec ce moteur ?
Je me réhabitue assez vite à la 2108. Le tableau de bord est simpliste, mais l’instrumentation est claire. La direction est confortable. Le levier de vitesse est court, mais son débattement est trop long. Il n’y a presque pas de reproches à faire sur le passage des vitesses. Presque, à cause de la sélection de la marche arrière un peu compliquée. Le moteur vibre beaucoup. Je me souviens que cela constituait à l’époque l’une des principales critiques de la voiture.
Les capacités d’accélération de la 2108 sont, bien entendu, moyennes. Il faut tirer sur le moteur sur chaque rapport. La cinquième ne sert qu’à maintenir une vitesse de croisière sur terrain plat. Mais on accepte facilement la voiture telle qu’elle est. Il n’y vraiment qu’une chose qui énerve : le mobilier intérieur grince à chaque irrégularité de la route.
Par contre on appréciera la suspension sur ces irrégularités. Elle absorbe la plupart des trous, et ne réagit bruyamment que sur les raccords, les joints de chaussés et autres « bagatelles ». On remarquera qu’elle est typée « familiale ». Lorsque la vitesse augmente la voiture se balance en suivant le profil de la route. Mais la voiture est vive et précise dans ses réactions, et se place parfaitement sur la trajectoire que le conducteur veut lui imposer. Sans rire, dans les années 80, la tenue de route de la 2108 était très bien notée.
Quand on prend place dans la 2113, on change de monde. L’habitacle est plus riche et plus confortable. Cependant le volant grince dans les mains. Les panneaux de portes sont recouverts de tissu. Le confort acoustique s’en trouve amélioré et les vibrations sont en baisse. Naturellement le moteur est plus efficace et montre une meilleure disponibilité. Mais les éloges s’arrêtent avec la transmission. Déjà, le passage des rapports est moins précis, et plus la vitesse augmente et plus la transmission fait entendre sa voix ! Oui, on peut dire que sur ce point la 2108 fait mieux.
C’est dans la suspension que la nouvelle fait la différence. Incontestablement la 2113 est plus confortable que la 2108. On ne remarque même pas les petites inégalités, et la suspension ne tangue pas. Mais tout cela a un prix. La voiture semble moins maniable. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Donnez un coup de volant et la voiture s’écrasera sur sa suspension, pour ensuite ... commencer à tourner. Où est passée la philosophie de petite sportive ?
S’il fallait noter la 2108 et la 2113 cela ne fait aucun doute que la deuxième gagnerait. Elle est plus moderne, plus confortable et plus rapide. Il n’y a qu’une question qui nous tourmente : à qui est destinée la voiture ? Si elle est pour les jeunes, on ne doute pas qu’ils préféreraient échanger le confort pour plus de maniabilité. Et s’ils veulent les deux, ils choisiront probablement une autre voiture. A ce point de vue, la vieille 2108 a conservé ses qualités : elle permettait même avec une petit 1,3l d’avoir des sensations de conduite. Et puis, elle n’avait pas peur de frotter ses pare-chocs contre les murs de neige : c’était une bonne école de conduite.
Bien sûr, vous direz que je suis nostalgique, mais je ne me souviens que d’une voiture solide et au caractère vif. En vingt temps, et même si elle a gagné beaucoup, elle a perdu de son originalité.
Pour résumer, la VAZ-2108 est certes démodée, a des modestes capacités, est bruyante et est peu confortable. Mais elle a un caractère honnête. Elle obtient une note de 7,1. Ses « plus » : un intérieur rationnel, sa tenue de route et son assemblage de qualité. Ses « moins » : son médiocre confort et ses faibles capacités d’accélération.
Alors c’est vrai que la Lada 2113 est plus dynamique, plus confortable et plus « adulte » que la mamie. Mais elle a perdu tout ce qui faisait d’elle une voiture pour les jeunes. Sa note globale est de 7,5. Les « plus » : un intérieur sympathique, son dynamisme, et son confort de haut niveau. Les « moins » : une boîte de vitesse bruyante, et sa médiocre maniabilité.
Comme on s’y attendait, c’est la nouveauté qui a pris le dessus. Mais une chose est sûre : pour ce type de voiture, la note finale est certes importante, mais il faut aussi prendre en compte l’individualité, l’originalité et le caractère. Mais cela reste subjectif et de nos jours, le consommateur ne pensera souvent qu’à son confort.
Lu sur : http://www.zr.ru/content/articles/11552-komfort_portit_kharakter/
Adaptation VG