Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Etonnant ! Analyse de la Lada par DaimlerChrysler !

Je ne sais pas si la lettre que je vous traduis ci-dessous est authentique. Je l'ai trouvé sur un forum russe. Mais ce que vous allez y lire est particulièrement étonnant ! Vrai ou pas, c'est une bonne tranche de rigolade, mais aussi une analyse probablement pertinente (et impertinente) du marché.

Voici cette traduction :

Lettre d’un collaborateur de DaimlerChrylser à sa direction après une année passée en Russie.

Monsieur Schneider,

Avant de vous présenter le rapport complet de ma mission à Togliatti et à Moscou, il est nécessaire de vous faire part de mes impressions concernant la production de VAZ, et de quelques particularités du milieu automobile russe. L’année que je viens de passer en Russie m’a mené à des con
clusions surprenantes.

Mon principal constat est que nous ne pourrons jamais conquérir le marché de ce pays contradictoire. Je sais que cela va vous étonner et que vous attendiez un autre résultat, mais c’est un fait. Vous me connaissez, j’ai étudié les marchés automobiles de nombreux pays, et je ne suis pas novice en la matière. Pourtant c’est la première fois que j’arrive à ces conclusions. En Russie, tout est différent et certains faits resteront à jamais pour moi un mystère.

La première fois que j’ai vu ces voitures, leur ligne carré m’a frappé. Ce n’est pas tant de technologie vieillissante, comme nous avons l’habitude de le dire, mais bien au contraire de tradition ! La force des traditions est ici si grande, qu’au cours des dernières décennies ils n’ont pas produit de nouveaux modèles, mais ont fait évoluer ceux déjà existants. La tradition reste si forte que même sur les dernières modèles, les angles restent le principal élément de leur design.

J’ai demandé aux ingénieurs de chez VAZ s’ils sont au courant de la pernicieuse influence de cette tradition sur l’aérodynamisme de leurs voitures. Ils ont ri à gorge déployée ... longuement, avant de répondre que la forme de la carrosserie n’influe aucunement sur l’aérodynamisme, et que cela fait longtemps, que les Russes se sont affranchis de ce problème.

En fait, ils montent dans pratiquement toutes leurs voitures un seul type de moteur, qui n’a que faire des problèmes aérodynamiques. Génial, non ? Ils n’ont que faire de l’aérodynamisme puisque cela n’aurait pas de sens de l’améliorer avec un tel moteur !

Leurs carrosseries sont un véritable miracle de la technique. Pas un seul élément n’est correctement accosté avec un autre. Je m’en suis étonné et on m’a répondu que c’est fait exprès. On peut régler cela à la maison avec un tournevis. C’est même un hobby. Tout le monde a une boîte à outils dans la voiture et bricole dans la rue. En Russie chaque automobiliste est mécanicien.

J’ai ensuite évoqué le bruit, véritablement assourdissant sur la route, et on m’a répondu que ce bruit est justement là pour procurer une sensation de vitesse. Est-ce que nos propres ingénieurs auraient pu penser à cela ? Leurs voitures sont extrêmes, les nôtres sont trop confortables. Les ingénieurs m’ont confié qu’ils conçoivent leurs voitures pour avoir cette sensation de vitesse, mais aussi pour sentir la route. La carrosserie y contribue, mais c’est la suspension qui joue le premier rôle.

La construction de la suspension permet au conducteur de sentir même le plus petit défaut de la chaussée, et ce à n’importe qu’elle vitesse. Le maximum de sensations est atteint en hiver, particulièrement à des températures inférieures à -25°C. A ces températures, vous aurez les mêmes impressions que si vous descendiez un escalier monté sur un tabouret. Je me souviens parfaitement d’un de ces voyages.

Je pense que chez VAZ on ne prêche que la conduite « extrême ». Et c’est sans doute la raison pour laquelle les voitures de ce constructeur bénéficient d’une si forte demande dans le pays. Toute usine vivrait avec l’idée d’améliorer ses voitures. Ici des éléments joueurs sont introduits indépendamment les uns des autres dans chaque pièce de la voiture, par des ingénieurs particulièrement intelligents. On voit bien que le premier souci du fabricant n’est pas de se soucier du consommateur. Ce dernier ne pourra pas s’ennuyer avec de telles voitures. Un conducteur de Moscou m’a d’ailleurs dit qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre et que les problèmes peuvent survenir n’importe où. Il a d’ailleurs vécu toute une gamme d’émotions inexprimables, quand sur le périphérique il s’est retrouvé contre un étalon castré avec un bouc par derrière (excusez-moi Monsieur Schneider, je n’ai pas bien compris cette phrase, et je vous l’écris telle que j’ai pu la traduire), lorsqu’en passant la cinquième, le levier de vitesse lui est resté dans les mains. Je me souviendrai toujours de sa tête à l’évocation de ce souvenir.

L’habitacle présente le même caractère. Les instruments fournissent le minimum d’informations qui sont, selon un ouvrier de l’usine, toujours fausses. Dans certains cas, on monte des appareils qui ne marchent pas du tout, afin de procurer le caractère d’imprévu nécessaire. Génial, non ? En option (environ 30$ !!!), on peut avoir un ordinateur de bord. Celui-ci est bien entendu conçu pour plonger le conducteur dans des situations encore plus ubuesques. Mais un tel plaisir n’est pas permis à chaque conducteur.

Pour continuer mon étude, je me suis penché sur la finition intérieure. Je sais Monsieur Schneider que vous n’êtes pas un expert dans ce domaine, mais je vais tout de même tenter de vous en parler.

Je ne sais pas pourquoi mais les trous de fixations sont toujours trop grands (même à l’usine on n’a pas pu m’en expliquer la raison) ce qui fait que les pièces de l’habitacle finissent toujours par se détacher. C’est étrange, mais cela témoigne bien de l'attention portée par le constructeur au consommateur. Cependant, si les habillages ne tiennent pas, cela ne provoquera pas de traumatismes graves au conducteur et aux passagers en cas d’accident.

Vous l’aurez compris, les ingénieurs possèdent dans leur arsenal un certain nombre de ruses pour occuper les occupants de la voiture durant leur voyage. Elles permettent de diminuer la fatigue et la monotonie des longs trajets. Les constructeurs automobiles allemands n’ont jamais réfléchi à ce genre de problème : comment s’occuper en voiture ? Par exemple, toutes les voitures sont équipées de cendriers spéciaux, qui ne sont pourtant pas en option. Les dimensions et le positionnement de ces cendriers sont étudiés de telle manière que vous mettrez toujours vos cendres à côté. C’est particulièrement sensible à bord du tout-terrain NIVA pour les passagers arrière.

L’idée qu'ici le tuning c’est Brabus est également inexacte. Si vous voyiez, Monsieur Schneider comment les voitures sont tunées en Russie, vous comprendriez combien de temps il sera nécessaire pour que Brabus se fasse une place dans le pays. Avec un minimum de dépense ou de travail, les Russes font le maximum.

Dans un hall de vente, j’ai vu comment une voiture est recouverte de plastique pour deux mille dollars de plus. J’ai vu un acheteur se présenter pour une voiture comme celle-ci. C’était une scène surréaliste. Le vendeur et l’acheteur rigolaient devant ce kit carrosserie, en se posant la question suivante : combien de temps le kit allait tenir en place ? Ils rirent de plus belle en se disant que tout tomberait l’hiver suivant. Cela ne l’a pourtant pas empêché d’acheter la voiture !

Je vous assure que je ne comprends pas comment il peut en être ainsi ! En Russie il y a des sociétés de tuning qui augmente la cylindrée des moteurs (100 à 200mm sur l’alésage) pour quelques milliers de dollars. Les plus inhabituelles et profondes personnalisation sont commandées par les personnes, comme on dit ici, de « nationalité caucasienne ». Je ne peux pas vous expliquer à quoi ressemble ces voitures, et je vous joins à cette lettre une photo.

Une voiture russe, ce n’est pas seulement une voiture : pour certaines personnes c’est un mode de vie. En Allemagne, nous ne pourrions pas en faire autant. Un jour j’ai eu l’occasion de visiter un des garages de Moscou. Ici le garage est un monde à part. Ici tout est aménagé du sous-sol au plafond pour y vivre. Certains y passent le week-end complet. Les gens y font la fête, en arrosant le tout, en s’amusant, et ensuite ils réparent les voitures ensemble. Serait-il possible d’avoir la même chose en Allemagne ?

Parfois, pour réparer il n’est même pas nécessaire de passer par un magasin de pièces de rechange, car tout le monde en a. Parfois la réparation consiste purement et simplement à jeter la pièce. C’est étonnant le nombre de pièces qu’on peut supprimer sans remplacer. Les gens passent rarement au garage pour l’entretien, car dans leur garage il y aura tout le temps un « Petrovitch », qui contre une bouteille de vodka saura vous dépanner.

Un de ces « Petrovitch » m’a dit que contre deux bouteilles de vodka il sera prêt à changer le moteur d’une 600 les yeux fermés (c’est comme ça qu’on appelle nos voitures ici). Je ne l’ai pas cru. Il m’a répondu que je pouvais jeter à un œil à sa kopeika de vingt ans (c’est ainsi qu’ils nomment l’un des premiers modèles de VAZ), qui roule toujours aussi bien. Ces « Petrovitch » constituent une concurrence féroce pour nos propres centres, où la moindre réparation vous coûtera 4000 dollars.

Vous pensez, monsieur Schneider, que j’exagère mais je souhaiterais terminer mon rapport par ce fait, qui achève de me persuader dans mes conclusions.

J’ai pris contact avec un de ces « Petrovitch », et quand il a compris le but de ma visite, il a décidé de me persuader de l’inconsistance de l’industrie automobile occidentale. Ses mots sonnaient comme une mise en garde. Le jour suivant, il me proposa d’aller chercher des pommes de terre à un kolkhoze situé à cinquante kilomètres de Moscou (la récolte des pommes de terre est un bon passe-temps des Moscovites). Je pris place dans sa Kopeika et nous primes la route. 40 minutes plus tard nous nous sommes arrêtés aux abords d’un immense champ. Cela ressemblait à un champ de boue sur lequel on aurait dit qu’évoluait une armée de soldat. En fait, comme je l’appris plus tard, on organisait dans le champ d’à côté des essais de Toyota Land Cruiser.

Mon hôte avec un large sourire me dit le plus sérieusement du monde, qu’il allait enfin pouvoir me montrer de quoi est capable une Kopeika. Cela me faisait rire. Mais il s’approcha du groupe qui se trouvait près d’un tout-terrain. Ils ressemblaient à des pilotes de course, et trois d’entre eux avait des combinaisons Subaru. Petrovitch demanda aux coureurs s’ils réussiraient à traverser le champ pour rejoindre sa femme qui ramassait des patates de l’autre côté. Leurs visages changèrent et devinrent tout à coup moins amical. L’un deux répondit qu’il était prêt à relever le défi et promis de « punir » Petrovitch en cas de victoire.

La Toyota et la Kopeika se mirent en ligne. Bien qu’habillé en doudoune (ce vêtement porté par toutes les hommes et femmes russes et peu compatible avec la conduite), avec des bottes en caoutchouc, une chapka jusqu’aux épaules, et des grosses lunettes de myope avec un gros élastique à la place des branches, Petrovitch conduisait avec aisance. Mais cette histoire vous frappera encore plus si vous saviez que la chapka n’arrêtait pas de glisser sur ses yeux. La voiture pris de la vitesse et tanguait joyeusement. J’ai eu un peu peur pour Petrovitch qui n’avait même pas jugé bon de boucler sa ceinture. Il était tranquille, jusqu’à ce qu’il ne se cogne pour la quatrième fois consécutive au montant de pare-brise.

Heureusement la course n’a pas duré longtemps car le Toyota s’est enlisé dans les patates pratiquement dès le départ. Nous avions gagné et j’ai même eu l’impression que le conducteur du 4x4 a essayé de nous courir après ! Ils sont fous ces Russes ! Après le « test des patates » j’ai pris conscience que nos voitures seraient incapables de réussir ce genre d’épreuve.

Pour résumé, je dois dire de manière courageuse que nous avons toujours porté un regard erroné sur l’automobile russe. L’erreur principale de nos politiques marketing a été, à mon avis, d’avoir une mauvaise représentation de l’amateur d’automobile qui s’achète une VAZ. Je pense qu’il faudra encore beaucoup de temps pour comprendre l’automobiliste Russe avant que nous puissions créer une voiture capable de concurrencer ces énigmatiques et imprévisibles Lada.

Salutations,
M. Müller.


Lu sur : lien obsolète
Traduction VG

Tag(s) : #VAZ, #Lada, #Témoignage, #Marché, #Rigolo