Quelles sont les voitures que vous pouvez voir au départ d’un rallye russe ? Des Subaru puissantes, des Saxo à petit budget, des Lada de toutes sortes. Parfois quelques antédiluviennes Volga, qui perdent leurs plumes au combat. Et c’est tout. Depuis l’an dernier une nouvelle voiture de la production russe a fait son apparition : une IZH Oda spécialement préparée ... et à quatre roues motrices de surcroît !
IZH n’y est cependant pour rien. La voiture a été conçue et construite par le bureau d’étude moscovite « Motorsport ». Unique dans sa catégorie (R12), ce bolide à transmission intégrale nous est présentée par le responsable de la société, qui n’est pas un novice : le vainqueur du championnat de Russie des rallyes, Dimitri Ovtchinkov.
Le bureau d’étude est basé dans la ville de Korolevo. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce bureau d’étude est spécialisé dans l’étude de fusée. Les voitures ne sont qu’une activité « pour décompresser ». Ici, le job de tous, c’est l’espace ! Après s’être fait les dents sur une Ford Sierra Cosworth 4x4, et après avoir découvert l’existence d’une IZH Oda 4x4, la petite équipe a décidé de se pencher sur son sort. Les responsables de IZH ne sont venus qu’une seule fois. Ils ont vendu à « Motorsport » non pas un produit fini, mais un produit semi-fini : une coque nue avec son moteur et sa transmission sur laquelle « Motorsport » s’est mis à travailler sans perdre de temps.
Ils ont essayé de conserver au maximum la structure d’origine de la coque, au cas où il prendrait à IZH de lancer la production en petite série de la voiture. Après un rapide coup d’œil sur les plans, ils ont décidé de placer ça et là quelques renforts. Ce qui leur semblait peu solide fut remplacé par des éléments de meilleure rigidité. Ils pensèrent aussi à l’indispensable arceau de sécurité : les points d’ancrage furent parfaitement définis. Il en résulte une construction solide et légère.
Le modèle de grande série reçoit le légendaire moteur VAZ-2106. Mais on ne peut pas dire qu’il soit le plus adapté à une voiture de course moderne. On commença par remplacer le carburateur par un système d’injection de Lada Niva 21214. Le calculateur est changé par un modèle « Janvar » reprogrammé pour la course. Ensuite tout était question de fiabilité et d’économie : il n’était pas question d’arbre à cames interchangeable ou de carter sec. On s’est contenté du minimum : polissage des conduits d’admission et d’échappement, pistons forgés et distribution renforcée. Pour le refroidissement, un radiateur de GAZ Gazelle fut installé ainsi que deux ventilateurs de VAZ-2108. Des capteurs les déclenchent respectivement à 87° et 103°. Pour respecter le règlement, on a conservé le réservoir d’origine. L’alimentation en carburant se faisant par le biais d’une pompe à essence Bosch (non pas importée, mais fabriquée à Saratov !). Dans le future, ce système devrait laisser à la place à une pompe doublée pour plus de fiabilité.
Pour une meilleure répartition des masses, le moteur (et la suspension) est reculée de 70mm. Mais pour ce faire il a fallu modifier la dessin du carter pour qu’il ne touche pas le réducteur de pont. Ce qui a également nécessité le remplacement de la pompe à huile. Par chance, celle de la Moskvitch 2141 a pu être utilisée. Mais il faut encore placer les conduites de lubrification du ... turbocompresseur. Lequel n’est pas encore installé. En effet pour absorber la puissance et le couple supplémentaire, il faudra remplacer la boîte de vitesse d’origine. Il est prévu d’installer une boîte fabriquée par « Torgmach ».
La boîte de transfert est entraînée par cardan. Ce n’est pas très confortable pour l’équipage, mais au moins c’est fiable. De plus, les arbres et les pignons sont de fabrication maison, ce qui permet de ne pas douter de cette fiabilité. Les arbres de transmission n’ont pas été changés. Ils ont seulement été adaptés (le moteur a reculé) et équilibrés. Le rapport de pont a été changé, et le différentiel central habituel a cédé sa place à un autobloquant.
Le pont arrière doit être entièrement revu. En effet, avec un pont aussi anachronique, on peut participer, mais on ne peut pas espérer gagner. Par contre la suspension a déjà été remplacée par un système à trois barres (deux transversales et une longitudinale). Les amortisseurs à gaz ont été achetés auprès de la société « Plaza » de Saint-Petersbourg, et sont montés sur des supports spécialement étudiés. Les ressorts sont standards : à l’avant ils proviennent d’une 2101, et d’une 2108 à l’arrière. Tout peut être réglé facilement : que se soit le position des barres de suspension, ou la hauteur des ressorts. La transmission arrière est la copie conforme de l’avant.
Les quatre freins sont à disque et proviennent d’une VAZ-2112. Le seul perfectionnement consiste en leurs perforation permettant une meilleure évacuation des poussières de freins. L’augmentation de la taille des passages de roue permet le montage de roues jusqu’à 18 pouces, mais la voiture pour l’instant se contente de pneus 15 pouces sur des jantes aluminium de marque AT.
Beaucoup de soins ont été apportés à la direction. Le système d’origine laissait un flou de 10° ! Tout a laissé sa place au mécanisme, la barre de direction , et l’assistance de la Ford Cosworth. Mais les rotules et le radiateur d’huile sont faits maison. Tout cela n’est pas encore définitif et les travaux se prolongent.
La première version de cette Oda (qui remporta la seconde place de la Coupe de Russie 2003) a coûté près de 20000$. Son coût de production chuterait si elle était produite en petite série. Cela deviendrait intéressant, et pas seulement pour les Russes, car elle fait partie de la catégorie « Super 1600 ». Malheureusement celle-ci risque bien de rester un modèle unique ...
Lu sur : http://www.zr.ru/content/articles/11604-formula_lubvi/
Adaptation VG