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L'ère de la Jigouli.

En août 1971, la première VAZ-2101 était vendue en Union Soviétique. C'était le début d'une nouvelle ère automobile.

Comme tout ce qui est nouveau, au début des années 70, la Jigouli était perçue par les soviétiques avec une grande part de scepticisme. Mais après quelques années les volumes de production de Togliatti atteignaient déjà les centaines de milliers d'exemplaires par an. Elles se vendaient comme des petits pains. A tel point que ce sont les VAZ qui obligèrent à créer un système de quotas et de file d'attente, qui firent naître des garages coopératifs et des stations-service, qui provoquèrent l'explosion du tourisme automobile, et bien d'autres choses encore. La "Kopeïka" et ses descendantes de Togliatti devinrent un des symboles du bien-être du citoyen soviétique. Ce n'est pas un hasard si lors d'un sondage, les Russes ont désigné la VAZ-2101 comme "voiture du siècle" !

L'apparition de la voiture et de cette nouvelle ère de l'automobile ont eu aussi des conséquences tout à fait inattendues, dont l'augmentation substantielle des accidents. Les représentants de police de la route ne pouvait pas passer à côté du problème, comme le montre ce témoignage (voir ci-dessous) d'un propriétaire de Jigouli, paru en 1975.

L'époque de la Jigouli en URSS puis dans les pays de la CEI s'est prolongée jusqu'à la fin du vingtième siècle. Jugez-vous même : en 2002, le parc automobile ukrainien comptait 5,5 millions de véhicules. 35% d'entre eux étaient des Jigoulis. Ce temps semble révolu. Les Jigoulis ont préparé le terrain pour une nouvelle ère en Ukraine : celle des voitures étrangères.

C'est aujourd'hui Daewoo qui est la marque la plus vendue, et les importations de voitures d'occasions sont exclusivement constituées de voitures occidentales. Et même si on en produit un certain nombre en Ukraine, ces voitures conçues en Europe, Amérique, Japon ou Corée, ont défini de nouveaux standards en matière de tenue de route et de confort. Il est probable que les auteurs du guide de sécurité routière qui avaient changé les Moskvitch et les Volga par la nouvelle Jigouli, eurent les mêmes impressions que celles que l'on connait aujourd'hui avec le passage de la Lada aux marques étrangères.

C'est la fin des Jigoulis et le temps des vitesses élevées ne fait que commencer. Les 80km/h maxi conseillés dans les années 70 prêtent maintenant à sourire. Aujourd'hui sur les belles nationales ceux qui ne respectent pas les limitations roulent à 150km/h. Et les 200km/h ne provoquent pas de peur particulière au volant des voitures modernes. Pourtant, personne ne sait que selon les normes soviétiques, les chaussées étaient conçues pour des vitesses de 120 ou 140km/h maximum. A l'époque, les Jigoulis ont été la cause de l'augmentation de l'insécurité routière en raison des vitesses excessives, et de l'optimiste des nouveaux conducteurs qui connaissaient mal une voiture, qui en apparence était capable de tout ... Il est donc temps de réécrire le guide de sécurité routière pour les conducteurs de la nouvelle ère qui s'ouvre. Ou simplement rééditer l'ancien en changeant
quelques mots et chiffres ...

« Mémoires » d'un propriétaire de « Jigouli » :

En 1971 dans la région il n'y avait que 53 Jigoulis. Elles représentent maintenant 1/3 du nombre total des voitures en circulation appartenant à des propriétaires privés. En 1974, les conducteurs de Jigoulis ont causé 102 accidents de la route, tuant 35 personnes et en bless
ant 108 autres.

Comment expliquer que la voiture la plus moderne sur le marché se soit transformé en la voiture la plus dangereuse ? C’est tout simple : nos anciennes voitures, les GAZ-24 ou les Moskvitch, ont une particularité. Leurs conducteurs sentent bien la vitesse à laquelle ils roulent. Plus elle augmente et plus la voiture est difficile à conduire. De plus, le bruit du moteur et les vibrations de la caisse et du châssis s'accroissent. C'est pourquoi il est plus facile pour le chauffeur d'adapter sa vitesse car il a plus conscience de son environnement.

La situation est tout à fait différente avec la Jigouli. Son moteur puissant, sa tenue de route, et le silence général font penser au conducteur qu'il ne roule pas vite et qu'il est en parfaite sécurité. Il relâche ainsi son attention et perd sa vigilance. Ce sont les excès de vitesse qui sont la première cause d'accidents. Nombreux sont ceux qui impliquent des piétons, et il y a beaucoup de face-à-face ou des pertes d'adhérence sur route mouillée.

Voilà pourquoi, pour rouler en sécurité sur les routes de campagne, il faudra rouler à une vitesse n'excédant pas 80km/h. C'est ce qu'a décidé la commission régionale de sécurité routière. Le premier conseil que l'on donnera donc au propriétaire de Jigouli sera de rouler constamment avec un oeil sur le compteur de vitesse. Que vous soyez jeune conducteur ou avec beaucoup d'expérience. Il faut prendre en considération les particularités de la nouvelle voiture. Elle a du "caractère". Les voitures rapides ne sont pas dangereuses. Ce sont les conducteurs casse-cou, ceux qui enfreignent le Code de la Route qui le sont.

GAI de la région de Tcherkask, agence régionale des "Amateurs d'automobiles d'Ukraine", 1975.

Lu sur :http://www.autocentre.ua/ac/?id=6963
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #VAZ, #2101, #Témoignage, #Sécurité