Quand une star vient à Varsovie, c’est souvent pour découvrir la ville à travers les fenêtres d’une luxueuse limousine. Mais lorsque notre VIP du jour a débarqué à Varsovie, l’hebdomadaire polonais Auto Swiat lui a réservé une surprise et l'a emmené dans une zone fermée de l’aéroport pour lui faire essayer deux icônes de la PRL. Deux voitures dont tout le monde rêvait à l’époque de la PRL et que l’on attendait longuement après avoir obtenu le droit de figurer sur une liste d’attente et mis de côté des sommes considérables ! Michael Schumacher, après avoir un peu hésité, a finalement accepté cette invitation et a changé sa combinaison de pilote bariolée pour quelque chose moins criard, plus en phase avec la réalité grise des années 70 et 80.
Aujourd’hui les PF 125p et VAZ-2107 se font rares sur les routes polonaises et lorsqu’elles sont dans un si bel état elles provoquent l’enthousiasme des amateurs. La Lada est peut-être encore un peu trop jeune et peut-être qu'on la croise encore facilement sur les routes allemandes. Il n’est donc pas étonnant que la Polski-Fiat de 1968 suscite autant la curiosité du Champion du Monde. Ce n’est pas qu’une « Duzy Fiat » (une « Grande Fiat »), c’est un modèle 1300 avec ses feux arrière verticaux et les vitesses au volant !
Notre invité prend le volant et referme la portière en tirant sur la poignée chromée. Il s’étonne en démarrant. Les propriétaires - actuels ou anciens – d’une Duzy Fiat en bon état savent que l’une des caractéristiques de fonctionnement de son moteur est qu’à chaud il démarre au quart de tour sans avoir à toucher la pédale d’accélérateur. Il faut moins d’une minute pour expliquer la logique du levier de vitesse au volant (comme une F1 !) : la première se trouve en haut en tirant vers soi et la Fiat conduite par Schumacher roule déjà sur le tarmac de l’aéroport.
Pas de poussées spectaculaires, pas de crissements de pneus inutiles. Notre star prend plaisir à doser directement le régime moteur en appuyant sur cette pédale d'accélérateur qui commande mécaniquement le carburateur par un câble mécanique. Cela change de ces potentiomètres reliés à des calculateurs ! Déjà un tour de piste. Le propriétaire de la Fiat regarde sa voiture qui se fait dorloter par le Champion du Monde. Ce qui ne le rassure pas forcément surtout quand ce dernier contrôle élégamment la voiture qui part en survirage !
Rien à craindre toutefois car outre les capacités exceptionnelles de son conducteur du jour, la voiture était réputée il y a 40 ans pour avoir un châssis moderne avec des freins à disques sur les quatre roues. Les freins sont excellents et c’est pourquoi elle a rapidement fait carrière en compétition avec un avantage certains sur ses concurrentes encore équipées de freins à tambours à l’arrière. La notice d’utilisation de la PF 125p indiquait clairement qu’il fallait être très prudent lors d’un freinage car « la plupart des voitures n’ont pas d’aussi bons freins » !
Cela dit, les cabrioles tout en douceur que fait Schumacher au volant de PF 125p ne sont rien comparé à celles qu’il va effectuer avec la VAZ-2107(*). C’est une voiture que l’on rencontre encore sur les routes du monde entier, en particulier là où l’atmosphère est glaciale. Elle a la réputation de toujours démarrer par grand froid et d’avoir un chauffage très efficace. Schumacher a eu l’occasion d'en faire l'expérience puisqu’en mettant le chauffage, la Lada s’est littéralement transformée en sauna !
A côté de la PF 125p, la Lada 2107 (*) donne l’impression d’être une voiture beaucoup plus moderne, robuste et solide. Ce sont deux voitures totalement différentes : arbre à cames en tête, vilebrequin à cinq paliers. Il n’y a aucun cliquetis caractéristique des soupapes, le moteur tourne beaucoup mieux et monte librement dans les tours. Le Maître tend l’oreille, habitué qu’il est à des régimes moteurs qu’un conducteur moyen ne peut même pas s’imaginer. Les deux voitures diffèrent aussi par leur suspension. La Lada dispose d’un essieu arrière sur ressorts hélicoïdaux supporté par quatre bras longitudinaux et une barre Panhard en lieu et place des classiques ressorts à lames de la Fiat. Cette fois, le départ est plus agressif. La Lada entre dans le premier virage à une vitesse beaucoup plus élevée. Le levier de vitesses au plancher permet aussi de rétrograder plus promptement. La Duzy Fiat est une voiture de collection, sur circuit c’est la Lada qui domine !
C’est donc la Lada que Schumacher choisirait plus facilement pour aller faire un tour sur circuit. « Désolé » dit-il avec un sourire. Un verdict qui ne plairait sans doute pas aux lecteurs de l’hebdomadaire polonais mais il s’empresse d’ajouter que pour l’amateur de voitures anciennes qu’il est, la conduite de la PF 125p fut une expérience très excitante !
Schumacher est un vrai passionné d’automobiles. Passer entre les mains de ce grand pilote a été pour ces deux icônes de la PRL un véritable massage revitalisant. Ces deux voitures n’ont sans doute jamais été conduites avec autant de douceur et de sensualité en même temps. Elles ont été pilotées par un thérapeute de grande classe !
Lu sur :
http://www.motoklasyki.pl/1-duzy-fiat-13-kontra-lada-2107-13-klasyki-prl-u-w-tescie-mistrza Adaptation VG
(*) Nota : c’est tout à fait normal puisque la Lada est aussi plus moderne ! (opinion partagée par tous ceux qui ont laissé des commentaires).