Le dernier UAZ-469 a été fabriqué. Il est resté sur la chaîne durant 30 ans et a été produit à plus de 1 800 000 exemplaires. Nous avons vécu une journée particulière. Ce matin-là, nous avions pris un vol charter en direction d'Oulianovsk, avions visité l'usine au pas de charge : la fabrication des pont Spicer, des boîtes de transfert, la fabrication du dernier 3151, la rencontre avec le Hunter, la remise des médailles, la conférence de presse, le dîner. Et le soir nous étions déjà de retour à Moscou. Tout cela s'était passé bien vite ! La fin d'une légende.
Déjà, ces dernières années le Uazik ne vivait presque plus. Il souffrait déjà des normes environnementales et sécuritaires. Il souffrait aussi des changements dans l'esprit des consommateurs russes, avides de cette nouvelle "qualité occidentale" à laquelle ils avaient pris goût. Ne pouvant plus suivre, il se contentait des mots réconfortants des dirigeants de UAZ quant à son avenir. Et finalement la décision d'arrêter la production fut prise.
Alors fini le Uazik ? Que nenni ! A peine passé dans l'ombre, les caméras se tournèrent vers la partie éclairée de la scène : "C'est bien lui ?! Mais c'est un Uazik !!!". Et non, c'était bien une nouvelle voiture : le UAZ-315195 est une version très modernisée sous des atours rassurants. 315195 ? Quel drôle de nom ! Et bien appelons le Hunter : UAZ va nous changer nos habitudes en proposant des noms à ses nouveaux modèles.
Alors pourquoi ressemble t-il à l'ancien ? Les dirigeants de UAZ auraient aimé une toute nouvelle carrosserie, mais les finances ne suivaient pas. Faire du neuf avec du mieux ? Il fallait bien attirer le client : une calandre en plastique, des nouveaux pare-chocs avec anti-brouillards. A l'intérieur des sièges de UAZ-3160, une planche de bord en plastique, de la moquette et des habillages en tissus. Mais ces maigres changements cachent une montagne ! C'est en dessous de la carrosserie que se cachent les évolutions les plus importantes. Le UAZ Hunter est le premier UAZ basé sur un châssis moderne qui servira pour tous les modèles qui sortiront dans les prochaines années : nouveaux ponts Spicer, nouvelle suspension avant à ressort, freins à disques, boîte cinq vitesses, nouvelle boîte de transfert, embrayage LUK. La plupart de ces nouveautés sont achetées à des fournisseurs extérieurs. Seuls les ponts et la boîte de transfert est issues des cerveaux de UAZ. Et quels cerveaux ! Aucun entretien pour les ponts avant 200,000km. Ponts qui augmentent encore les capacités de franchissement du véhicule. La boîte de transfert est moins bruyante et il n'y a qu'un levier pour l'enclencher.
La décision de faire du Hunter un véhicule beaucoup plus civilisé que le 469 était difficile à prendre. Les dirigeants de UAZ assurent qu'il est désormais plus économique, dynamique, fiable, sûr et confortable. Mais ils mettent aussi l'accent sur le respect des traditions : des capacités de franchissement incroyables et un faible prix. On ne fait aucun doute pour sa volonté de jouer dans la boue, mais les Hunter que nous avons vu sont équipés de pneus un peu trop "routiers" ... mais comme il ne sera fabriqué que sur commande, le client pourra obtenir des pneus tout-terrains selon sa convenance.
Produit à partir du mois de décembre, on prévoit de fabriquer 2 à 3 mille Hunter jusqu'à la fin de l'année et 33,000 en 2004. Il sera disponible en version courte avec toit rigide ou capote (sur demande) avec rapports de pont courts, puis une version à empattement rallongé avec des rapports de pont longs. Puis plus tard il sera fabriqué en conduite à droite, et en version "tropicale". Deux motorisations respectant la norme Euro 2 seront disponibles : le moteur essence ZMZ-409 (2.7l 140 ch) et le diesel Andoria polonais (2.4l 86ch). Ce dernier représentera la majorité des exportations. On nous a aussi expliqué que le diesel ZMZ-514 n'est pas encore compatible, mais que les travaux se poursuivent. Et ce n'est pas tout car les moteurs à carburateur seront encore disponibles !
Car, produit à partir de décembre, le Hunter évite de peu l'obligation de respecter les nouvelles normes environnementales applicables au 01 janvier 2004. UAZ pourra donc continuer tranquillement à produire des voitures à carburateur tant que les consommateurs suivront. Et c'est ce qu'ils veulent ! En plus il ne coûte que $5,900 contre $6,200 pour la version injection. Avec l'anti-démarrage ce prix monte à $6,450. Le diesel augmente ce prix de 500 à 600 dollars. Quant à la version à carburateur, l'un des plus gros client, l'armée, n'est pas prêt à s'en séparer : celle-ci est insensible à la guerre électromagnétique ! Mais pour ce client on continuera à produire une version à ressort à lames et des freins à tambours. Et les ponts seront différents.
Alors, le Uazik est-il mort ? Il est encore trop tôt pour répondre. Le nouveau Hunter va-t-il rencontrer le succès espéré et continuer cette histoire commencée il y a trente ans ? Cela va dépendre de ses qualités. Les publicitaires auront aussi beaucoup de travail à faire pour démontrer ces qualités et ne pas faire d'ombre à la gamme 3160. Gamme qui va connaître de nouveaux développements : dans quelques mois apparaîtra le 3163. La décision quant à la production du minivan 3165 sera bientôt prise. Et puis il y a la version qui devrait être produite en Italie, mais dont les pourparlers se poursuivent encore ...
Une chose est sûre, UAZ est condamné pour survire à produire des voitures modernes et bien de leur temps ... Le Hunter répondra-t-il à ces attentes ?
Lu sur : lien obsolète
Adaptation VG