/image%2F0782406%2F20251007%2Fob_19a9b6_3421.png)
On en a beaucoup écrit et parlé. Parfois avec espoir, souvent même avec enthousiasme. Tous ces projets ont été matérialisées en métal, plastique et verre. Mais les choses n’ont pas été plus loin. Za Roulem revient sur 4 cuisants échecs de créations de nouvelles marques automobiles en Russie.
La rupture du minimalisme : À la fin du siècle dernier et au début du nouveau, on débattait beaucoup en Russie de la création d’une voiture nationale démocratique et peu coûteuse. On pensait, pour une raison quelconque, qu’un tel modèle connaîtrait une grande demande dans le pays.
L’entreprise ASM-Holding, née sur les ruines de l’ancien ministère soviétique de l’industrie automobile, s’est attelée à la tâche, avec la participation de l’Institut NAMI. On écrivait alors que la voiture, appelée symboliquement Michka, pourrait être produite même dans des usines non spécialisées (sans qu’on sache lesquelles) et vendue en kit pour un assemblage à domicile.
Le premier prototype testé s’est avéré n’être qu’une Oka équipée de composants standards et d’une carrosserie en panneaux plastiques plutôt maladroite.
Par la suite, apparurent des versions plus grandes de la Michka, avec des moteurs de Tavria - une sorte de MINI russe. En plus de la version essence, un modèle électrique et même une version hybride avec des moteurs dans les roues étaient prévus.
En 2007, (notamment grâce aux efforts du célèbre joueur d’échecs Anatoli Karpov) on tenta à Toula de lancer la production de la Michka sous le nom de TM-1131 Touliak. On prévoyait des versions équipées de moteurs à essence de Melitopol : 1,2 litre de 64 ch et 1,3 litre de 70 ch. Mais, sans surprise, le projet échoua. Les acheteurs russes, comme on le sait, ne s’intéressent pas aux petites voitures.
La réponse russe à Bentley : Le plus beau, ou du moins le plus spectaculaire, des échecs automobiles russes du XXIe siècle fut la Russo-Baltique Impression, présentée en 2006. Sa naissance fut accompagnée de la déclaration de renaissance de la légendaire marque d’avant-révolution Russo-Balt.
Par sa catégorie, la voiture se rapprochait de la Bentley Continental GT. Sous sa carrosserie originale, audacieusement stylisée, se cachaient un moteur de 612 ch et d’autres composants issus de la Mercedes-Benz CL65 AMG.
La production devait démarrer si au moins dix commandes étaient reçues. Apparemment, elles ne sont jamais venues, ce qui est tout à fait logique. Le monde ne manque pas de supercars, et peu de gens étaient prêts à payer 1,5 million d’euros (le prix estimé de la nouvelle Russo-Balt) pour une voiture sans renommée mondiale, créée non pas par une entreprise solide, mais par de simples passionnés - quoique talentueux et enthousiastes.
La super-Marussia : Le projet du showman infatigable Nikolaï Fomenko, une voiture de sport au nom attendrissant de Marussia, s’accompagna d’une vaste campagne publicitaire. On a même inauguré un showrooom dans le centre de Moscou, sur la rue Tverskaïa.
On prévoyait de vendre 500 à 700 coupés sportifs Marussia B1 par an. La voiture recevait un moteur Renault-Nissan V6 de 3,5 litres développant 240 ch.
L’apparition d’une seconde version modernisée, la Marussia B2, n’améliora pas les perspectives commerciales. Un tel véhicule ne pouvait séduire qu’une poignée de collectionneurs - de ceux qui le mettent dans un musée dès qu’il sort du concessionnaire. Malgré tout, on construisit aussi un SUV Marussia F2, ne brillant pas par son élégance. On dit qu’il n’aurait existé qu’à un seul exemplaire.
Le salon de la Tverskaïa ferma finalement ses portes, et toute cette histoire fut lentement oubliée.
Les points sur le ë : Si les coupés sportifs se présentent comme des modèles exclusifs produits en petites séries, en 2010 fut annoncé à grand renfort de publicité un projet d’usine automobile entièrement nouvelle - avec une capacité prévue de 45 000, puis 90 000 voitures par an ! Pas tout à fait un nouvel AvtoVAZ, mais presque. Pour souligner l’originalité du projet, on lui donna un nom plutôt étrange : ë-mobile.
On annonça toute une gamme : cross-coupé trois portes, hatchback cinq portes, microvan et même fourgon utilitaire.
Le design des ë-mobile donnait l’impression que l’originalité et la provocation passaient avant tout. Ces voitures semblaient davantage dessinées pour des salons que pour le marché de masse. L’originalité se retrouvait dans tous les aspects : la carrosserie devait être en polypropylène léger et résistant, et la voiture devait être truffée d’équipements modernes. Y compris une motorisation hybride avec un accumulateur d’énergie à supercondensateurs au lieu des coûteuses batteries lithium-ion, et un moteur rotatif à pales de 60 ch fonctionnant à l’essence comme au gaz.
Cependant, dans un premier temps, on promettait de simples moteurs essence importés de 1 litre pour environ 60 ch. Les suspensions, la direction, les freins et d’autres composants devaient être également achetés à l’étranger.
Lors des essais presse de 2013, la voiture présentée était équipée d’un moteur Fiat 1,4 litre de 75 ch. Mais ces brèves démonstrations publicitaires furent la seule concrétisation du projet. Il semble que ni les journalistes, ni les acheteurs potentiels, ni même les créateurs du projet avec ses deux points sur le ë n’aient vraiment cru à la faisabilité de cette fête de la fantaisie technique et linguistique. Le projet fut rapidement abandonné et promptement oublié.
Légendes des photos
- La Michka n’est en réalité qu’une Oka camouflée.
- La TM-1131 Touliak, comme la Michka, ne fut jamais produit en série.
- La spectaculaire Russo-Baltique Impression (2006).
- L’intérieur de la Russo-Balt du XXIe siècle.
- La supercar de Nikolaï Fomenko, la Marussia B1.
- La deuxième version, la Marussia B2.
- Le SUV Marussia F2.
- Ë cross-coupé.
- Ё microvan.
- Ё-fourgon.
Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/937788-neudavsheesya-importozameshchenie/
Adaptation VG