Cela va peut-être vous choquer : j'ai une obsession pour les Yugo. J’ai déjà évoqué cela dans cette rubrique il y a un certain temps, lorsque je suis parti à la chasse aux Yugo dans les Balkans, mais cette obsession persiste. Pourquoi devrais-je posséder cette indomptable boîte de conserve ? Est-ce à cause de la folle histoire de la commercialisation et de la vente de cette voiture communiste dans les États-Unis capitalistes ? Est-ce parce que c'est une perpétuelle opprimée ? Une héroïne populaire des Balkans ? Ai-je besoin d'une évaluation psychiatrique ? Ce dernier point n'est pas clair. Pour l'instant, je veux juste une Yugo !
Ces derniers mois, je me suis occupé de la chose en parcourant Facebook Marketplace à la recherche d’épaves yougoslaves dotés de portes et d'un moteur. Ici et là, j'ai envoyé une requête en réponse à des annonces vieilles de six mois pour des Yugo hors de prix, mais je ne suis généralement arrivé à rien avec les vendeurs. J'ai fini en quelque sorte par laisser tomber. Un jour, la Yugo viendrait à moi…
Et voilà que le miracle a eu lieu. Il y a environ une semaine aujourd'hui, je me mettais au travail. Je suis ingénieur de course et mon équipe effectuait des essais sur le Virginia International Raceway (VIR) ; mais comme ma femme est sur le point d'accoucher, j'examinais la télémétrie sur mes écrans géants depuis le confort de nos bureaux. Vers 6h30 du matin, l'un des membres de notre équipe d'assistance, passager de l'équipe en route vers le circuit, m'a contacté. C'est un ami proche, et il m'a dit qu’un des nouveaux de l'équipe avait quelque chose d'intéressant : une Yugo GVX de 1989 !
Pour quelques centaines de dollars elle pouvait être à moi.
Je n'ai pas hésité. Je lui ai dit de dire que je la prenais. Les photos viendraient plus tard.
Après la session de tests sur le VIR, j'ai reçu ces photos. Elle était aussi défraîchie, rouillée et incomplète que n’importe quelle Yugo à 300 dollars. Je pouvais sentir l’odeur des crottes de souris depuis mon bureau de Statesville.
Ce week-end-là, j'ai payé les trois « Benjamins » (le surnom du billet de 100 dollars) via Venmo et je suis allé récupérer mon prix. Je vous rappelle que ma femme, Dana, est extraordinairement enceinte à ce stade. Normalement, elle participe à ces aventures de son plein gré, mais dans ce cas-ci, le fait qu'elle se joigne à moi s'inscrivait dans un contexte médical. Elle montrait des signes indiquant que notre bébé allait arriver d'un moment à l'autre, alors nous avons pensé qu'il était plus sage d'y aller ensemble. De toute façon, la voiture n'était qu'à quelques minutes de la maternité.
Nous sommes arrivés au lieu où nous devions la récupérer et j'ai posé les yeux sur la Zastava pour la première fois. J'ai entrouvert la porte pour découvrir un seuil de porte complètement rouillé et, comme prévu, une odeur d'urine de souris qui m'a mis l'eau à la bouche. Oui, j’avais là une pure œuvre d'art – mais loin d'être en état de marche.
Je m'y étais préparé, mais j'avais laissé quelques objets à la maison dans l'intérêt de la capacité de chargement. Après tout, nos sacs de voyage (en cas d'accouchement soudain) avaient la priorité dans le coffre. Les outils, le cric et les sangles nous avaient accompagnés, mais je n'ai pas pu emporter tout mon kit standard. J'ai soulevé les pneus arrière crevés un peu au-dessus du sol, à l'aide de deux diables cassés. L'arrière devrait définitivement être soulevé pour le transport, laissant les pneus avant fissurés et de taille incorrecte au sol.
Après inspection, les points d'appui pour le cric étaient peu nombreux et éloignés les uns des autres. J'ai opté pour le centre du tablier avant et, à chaque coup de cric sur le revêtement en plastique, des poignées de rouille s'abattaient sur le béton. Une fois la voiture sur la remorque, j'ai bloqué la colonne de direction en position. Il s'est avéré qu'une Yugo - ou du moins cette Yugo - n'a qu'une seule position de verrouillage par tour de volant. Les roues étaient donc orientées comme elles le pouvaient, c'est-à-dire, dans ce cas, dans deux directions très différentes. Après avoir examiné la situation, j'ai réussi à ajuster la barre d'accouplement avant droite d'environ un pouce. À ce stade, impossible de faire mieux, mais cela devait aller.
Les pneus carrés rebondissaient sur la route, ce qui a faisait osciller le gros ventre de ma femme. Cela a provoqué une petite série de contractions. Je me suis brièvement demandé si je pourrais trouver un parking pour remorque au Lake Norman Regional Medical. Hélas, une pause pipi pour Dana s'imposait immédiatement. Nous n’étions pas très loin des toilettes étincelantes de propreté de mon lieu de travail, et nous avons donc respiré en rythme pour nous y rendre. Après un bref détour pour récupérer et manger mon reste de pizza dans le réfrigérateur de la salle de repos, nous avons repris la route.
Du moins, nous avons essayé. Alors que nous nous repartions, la carcasse gémissante d'un pneu crevé a attiré mon attention. J'ai couru à l'intérieur et j'ai saisi l'un de nos réservoirs d'azote de bord de piste, gonflant le triste pneu avant avec l'air le plus cher jamais entré dans un Yugo. Le pneu sifflant de sa luxueuse pression nous nous sommes rendus à Circle K, où j'ai injecté un bidon de Fix-a-Flat dedans.
Lorsque le pneu a repris forme, j'ai intentionnellement ignoré la petite rivière de produit d'étanchéité qui s'écoulait de la carcasse fendue. Nous sommes repartis. Environ un pâté de maisons plus loin, ma femme m'a alerté d'une explosion derrière nous, qui a projeté un enjoliveur et des morceaux de pneu sur le trottoir du centre-ville de Mooresville, en Caroline du Nord. Je regrettais de n'avoir rien prévu dans ma trousse à outils pour faire face aux crevaisons.
Compte tenu des contractions, j'étais toutefois heureux d'avoir donné la priorité aux sacs d'accouchement, au cas où le moment arriverait. À ce stade, la seule chose à faire était d'abandonner la voiture et la remorque sur place. J'ai calé l'engin avec une brique que j'ai trouvée par terre, et nous sommes rentrés à Statesville pour des pneus.
Mon ami Conner, avec qui j'avais acheté une Simca, venait d'acheter des pneus pour cette voiture. Ma mémoire, encore intacte d'une certaine manière, me rappelait que la Simca partageait un dessin de 4x98 mm avec la Yugo, grâce à de très anciennes relations Fiat-Simca. J'ai demandé à ma femme de bien vouloir rechercher sur Google l'entre-axe des moyeux de la Yugo GV et de la Simca 1000, séparément, ce qui ne m'a que peu aidé mais m'a donné la confiance dont j'avais besoin pour monter l'ensemble sans apporter de démonte-pneus et de lubrifiant.
Étant donné les circonstances plus longues que prévu de la journée, j'ai offert une glace à Dana. Pendant qu'elle était confortablement installée dans la voiture à engloutir un cône, j'ai essayé de monter les roues de la Simca. Et Internet avait raison ! Le chiffre magique était 58,6 mm, et les roues de la Bertone se sont montées sans problème.
Enfin, le drame étant derrière nous, nous sommes retournés à l'entrepôt. J'ai descendu la Yugo GVX de la remorque avec Fuggles (le camion Dodge) et la nouvelle venue s'est installée sur le terrain de basket pour faire des photos. À ce moment-là, la Yugo avait l'air d'être chez elle. Un bâtiment délabré, un panier de basket avec un filet effiloché, une femme enceinte et une Yugo GVX morte depuis longtemps.
Tout ce que j'ai toujours voulu.
Lu sur : https://www.hagerty.com/media/opinion/against-all-oddities/against-all-oddities-a-guide-to-yugo-hunting-in-the-carolinas/
Adaptation VG