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L'histoire d'une invention soviétique, courte mais brillante, nous revient en mémoire. Elle a rapidement rempli les cours d’immeubles de toutes les villes de l'URSS et en a également aussi vite disparu. Il s'agit des garages « coquilles »...
Au milieu des années 80, de nombreux problèmes qui commençaient à peine à émerger ont fini par exploser. Par exemple, de nombreuses entreprises étaient déjà confrontées à une situation sans précédent : c’est comme si on les avait oublié « au sommet », c'était la fin des commandes de l'État. D'un autre côté, le problème des voitures non garées à l’abri se posait avec de plus en plus d'acuité : il n'y avait nulle part où les mettre, elles n'échappaient pas aux dégradations et aux vols, et il était idiot de rêver d'un garage. C'est ainsi qu'est née une invention purement soviétique, qui n'avait en fait aucun équivalent au monde.
L'usine Elektrotchchit de Kouïbichev, qui tentait de surmonter l'instabilité économique et de maîtriser la production de produits très demandés, a pris une décision historique : fabriquer ce que l'on appellera plus tard des « coquilles ». Il s'agissait d'une variante inhabituelle d'un garage rapidement monté, dont la partie avant devait être basculée vers l'arrière. En effet, l'espace dans les parkings était limitée et il n'était pas possible d'y mettre des portes (à fortiori battantes). Les concepteurs ont trouvé le moyen de maintenir cette lourde structure mobile de manière à ce qu'elle soit facile à soulever et qu'elle ne tombe pas ou ne se déplace pas. En avril 1987, une demande de brevet a été déposée et obtenue. Le document indiquait que le concept présenté était destiné au stockage de voitures de petite taille et moyenne (Zaporojets, Jigouli, Moskvitch). Curieusement, lors de la recherche de garages de conception identique, nécessaire pour valider le dépôt de brevet, il n'a été trouvé qu'un garage pliant pour motocyclette aux Etats-Unis. Comme mentionné plus haut, il s'agissait d'une invention purement soviétique !
Le fait que l'idée soit « passée » est un petit miracle. Des lacunes dans la législation ont permis à cette conception de contourner la catégorie « garages ». Les « coquilles » sont légalement assimilés à des auvents de voiture et peuvent donc être installées n'importe où. La demande pour cette nouveauté inhabituelle est devenue assourdissante. Et lors de la foire-exposition de 1987 à Moscou, où les inventeurs n'avaient apporté qu'une affiche (ils n'avaient pas eu le temps d’en fabriquer un), quelqu’un l’a volée, pour en copier le dessin et en fabriquer un soi-même.
Quoi qu'il en soit, les produits de l'usine de Kouïbichev se sont vendus « en un clin d'œil ». Les parkings et les garages ordinaires manquaient cruellement. En outre, le coût d'une « coquille » était environ cinq fois moins élevé que celui d'un garage fixe. La production de l'invention n'a posé aucun problème : aucune pénurie, tout était fabriqué à l'usine. Même les cornières et les tôles profilées étaient fabriquées localement. Mais il s'est avéré que dans les conditions du désordre qui approchait, le troc a commencé à fonctionner : pour le matériel électrique fourni à l'usine, on payait avec du métal laminé, des cornières, de l'acier.
La géographie des livraisons s’est élargie. Depuis Kouïbichev, des « coquilles » se vendaient dans d'autres villes et il va sans dire qu'il en a existé de nombreux clones, qui n'avaient rien à voir avec l'original.
Le garage « coquille » est l'un des symboles des années 1990. À l'époque, il a vraiment aidé de nombreux automobiles sans beaucoup de moyens à protéger leur voiture des effets indésirables des phénomènes naturels et des individus mal attentionnés. Cependant, il s'est avéré qu'en l'espace de quelques années, les « coquilles » ont occupé la majorité des cours d’immeubles ou des jardins, à Moscou et dans d'autres villes, et ce sans aucune coordination avec les autorités. Dans un contexte de pénurie de parkings surveillés et de garages ordinaires, des coopératives de « coquilles » ont occupé des aires de jeux pour enfants et des terrains vagues. La plupart d'entre elles ont été installées sans autorisation. Et après l'adoption de la loi sur la vente des biens fonciers, presque aucun propriétaire de voiture n'a pu racheter le terrain situé sous le garage.
En 2006, les autorités moscovites ont déclaré la guerre à toutes les structures illégales de ce type : elles ont proposé l'enlèvement au volontariat des « coquilles » et, en cas de refus, elles étaient détruites. Cette mesure avait sa raison d'être : leur aspect inesthétique gâchait l'aspect du quartier, en particulier des zones résidentielles et des cours intérieures. Les « coquilles », installées sur la chaussée, gênaient l'accès des équipements spéciaux (tels que les camions de pompiers) aux maisons. De plus, leurs propriétaires les plaçaient souvent sur des bouches d'égout et les terrains de jeu. Enfin, on avait enfin compris l'un de ses principaux inconvénients : une coquille, comme un garage stationnaire, occupe toujours de l'espace, même lorsque la voiture ne s'y trouve pas. C'est là sa différence fondamentale avec une bâche de protection. Pire, dans de nombreux cas, les propriétaires les avaient carrément transformées en une sorte de hangar...
Lu sur : https://dzen.ru/a/Ztdz-SJxP3ymXLGD
Adaptation VG