Peu compliquée, mais comment démarrer ? Fiable, mais vaut mieux ne pas aller trop loin de la maison. Microscopique mais vous pouvez vous étirer les jambes comme dans n’importe quelle autre voiture. La coexistence de ces extrêmes ne fait qu'alimenter l'amour que des générations de Polonaises et de Polonais portent à la Polski-Fiat 126p. Car chaque famille a eu un jour une Maluch. Otomoto a fait le voyage dans le temps et a pu vérifier pourquoi, autrefois, il était possible de considérer comme familiale cette voiture.
Nous avons rencontré Marcin Korczakow devant le garage de sa maison. C'est là que Radek, Felek et moi-même devions commencer la journée avec la star de la Pologne communiste, la fameuse voiture « familiale » - La PF 126p. L'exemplaire de Marcin semble avoir rarement quitté le garage, comme l'indique son modeste kilométrage - 39,000 km parcourus depuis qu’elle est tombée des chaînes de production, il y a 38 ans. Mille kilomètres par an ? Une vie tranquille. L'état impeccable de la voiture, presque sortie d'un magazine automobile des années 1970, montre clairement que Marcin prend grand soin de la voiture qui appartient à sa famille depuis des générations. Le premier propriétaire était son grand-père. Tester cette voiture qui, dans une certaine mesure, représente un style de vie, a été un plaisir incommensurable.
Commençons par rappeler l’histoire de la Maluch. Elle reflète toutes les couleurs de la Pologne communiste et de la période de sa transformation. La production de la PF 126p a commencé en Pologne le 6 juin 1973 et la dernière voiture a quitté l'usine le 22 septembre 2000. Il est difficile de croire qu'elle a été fabriquée pendant tant d'années, de l'époque d'Edward Gierek, premier secrétaire du comité central du Parti ouvrier unifié polonais, jusqu’au milieu de la présidence d'Aleksander Kwasniewski. Un écart considérable. Au fil des ans, non seulement la vision du monde a changé, mais aussi la vision du confort que les passagers doivent avoir sur la banquette arrière d'une voiture. Comme le soulignait mon père, qui était l'heureux propriétaire d'une Duzy Fiat, l'important était qu'elle roule, et la façon dont elle roulait était une question secondaire.
L'argent emprunté par Gierek a été utilisé pour créer, entre autres, les usines de la FSM (Fabryka Samochodow Malolitrazowych) de Tychy et de Bielsko-Biala. C'est à partir de ces usines que plus de 3, 3 millions de petites Fiat produites sous licence italienne ont envahi le marché à partir de 1973. Le prix de départ de cette voiture était de 69,000 zlotys. Le Polonais moyen - Pan Kowalksi, pour qui la Maluch devait être la réalisation de ses rêves automobiles, devait économiser en moyenne 20 à 25 mois de salaires nets. En outre, il devait faire la queue pendant plusieurs années. Le mythique bon d'achat, qui permettait de contourner cette file d'attente, était assez difficile à obtenir.
Le mécanisme d'achat des voitures, à une époque où la demande dépassait souvent l'offre, dépasse l'entendement aujourd'hui. Il fallait payer plus cher pour une voiture d'occasion que pour une voiture neuve. La PF 126p était déjà un luxe, malgré le détournement de l’acronyme FIAT en « Fatalna Imitacja Auta Turystycznego* - une place, deux portes, prépayée six fois ». Mon père se souvient également qu'après l'ouverture de l'usine de Tychy, une Maluch de démonstration se trouvait dans le hall de la gare d'Olsztyn et que les gens y montaient comme des abeilles dans une ruche. L'intérêt pour cette voiture a dépassé les capacités des deux usines. Ceux qui l'ont achetée ont emmené leur famille ou leurs amis, une tente, un réchaud à gaz, des conserves et des bocaux en vacances en Bulgarie, en Roumanie ou plus loin encore. Les gens étaient heureux de pouvoir enfin remplacer la récolte des champignons dans des forêts bondées contre des vacances au bord du lac Balaton.
Radek a le même âge que la Maluch de Marcin, 38 ans. C'est donc lui qui s'est retrouvé derrière le volant. Felek, en raison de son âge et de sa taille, et donc de la longueur de ses jambes, a pris place à l'arrière. C'était la première fois qu'il découvrait une voiture dont le toit lui arrivait aux aisselles. Pour Radek et moi, en revanche, le festival des souvenirs a commencé. Les miens remontent à la petite enfance, lorsque j'étais encore plus petit que le plus gros paquet de chrupkis (maïs soufflé) du magasin d'alimentation, mais déjà assez grand pour enregistrer les événements et commencer à les stocker dans ma mémoire. Je me souviens aller avec mes grands-parents à la maison de campagne près de Olsztyn. La Maluch de mon grand-père, immatriculée pour quatre personnes, pouvait accueillir beaucoup plus de passagers, ainsi qu'une tonne de bagages, ce qui nous permettait d'y passer toutes les vacances ! Comme j'étais le plus petit, c'est moi que ma mère, ma grand-mère ou ma sœur cachait sous les paquets de chrupkis lorsque, lors d'un contrôle, un policier jetait un coup d'œil par la fenêtre de la voiture pour vérifier si le nombre de passagers dépassait le nombre indiqué sur la carte grise. Un siège auto ? Non, pas la peine. Après tout, j'étais coincé sous des tonnes de chrupkis qui amortiraient n'importe quel choc.
Le clip vidéo de l’émission « Prawdziwe historie » d'Otomoto, qui met en scène Marcin avec sa Maluch, capture à merveille la nostalgie que la voiture évoque chez les quadragénaires d'aujourd'hui quand ils la voient dans la rue. La voiture de Marcin est couleur... cannelle ? Un soupçon d'acajou, peut-être ? Je suis complètement largué en matière de couleurs lorsqu'il s'agit de nommer ces nuances automnales de la PRL. Pour être plus descriptif, je dirais que cette voiture a une couleur qui me rappelle la tapisserie des fauteuils de ma grand-mère, mais qui tire son éclat de ses robes en viscose. C'est probablement ce qu'elle aurait choisi lorsque le week-end arrivait et que grand-père l'entassait, elle, ses filles et ses petites-filles, dans la Maluch.
La voiture rappelle aussi à Radek ses années de lycée. Sa première voiture, achetée pour 50 zlotys avec le réservoir plein ! Il en était le deuxième propriétaire et l'a conduite pendant encore au moins quatre ans. Il l'a vendue plus cher qu'il ne l'avait achetée.
La Maluch couleur cannelle semble si fragile de près que je n'étais pas sûr qu'il soit possible de s'y adosser. Le coffre caché sous le capot avant comporte encore la roue de secours. À côté, nous pouvons facilement ranger trois sacs pour le week-end. Les spécifications techniques de la voiture indiquent une capacité minimale de 100 litres pour le coffre. Je ne pense pas savoir à quoi ressemblent ces 100 litres, car lorsque je les convertis en bonbonnes d'eau de 5 litres, je n'arrive pas à imaginer qui ou comment pourrait réussir à en caser 20 ! Le capot se referme avec fracas, nous montons à l'intérieur. Le faible volume ne laissait pas présager un intérieur aussi spacieux. Mais bon, il s'agit d'une voiture qui emmenait des familles de quatre personnes (et la moitié de la maison) en vacances à l'étranger. Assis à l'avant, je peux facilement étendre mes jambes. Je pourrais même partir jusqu’en Turquie. C’est plus difficile pour Felek, serré à l'arrière et habitué aux SUV spacieux. Et il n'a pourtant pas partagé la banquette avec sa tante, sa grand-mère ou son chien.
Un avantage certain de la largeur réduite est qu'une seule personne peut actionner les deux fenêtres en même temps et contrôler ainsi la « climatisation ». L'équipement, limité au strict minimum (volant, pédales, démarreur, starter, éclairage et radio), contribue au fait que la voiture elle-même est légère, puisqu'elle pèse environ 600 kg. Si elle tombe en panne au milieu d'un carrefour, vous pouvez la pousser vous-même, même sur une légère pente. Il n'est donc pas étonnant que les Chinois l’aient adorée. Même s'ils n'avaient pas le choix.
Les Polonais et les Italiens ne sont d'ailleurs pas les seuls à avoir eu la chance de pouvoir parcourir les rues des villes et des villages avec une suspension dure. Tychy et Bielsko-Biala ont également envoyé des voitures à l'étranger, même jusqu'en Chine, au Bangladesh, au Cameroun ou à Cuba. Mais c'est l'échange polonais avec la Chine qui constitue l'exemple le plus intéressant du succès quelque peu accidentel de la Maluch dans le monde. À la fin des années 1970, le gouvernement chinois a voulu donner une chance à la mode occidentale du marché libre. Bien sûr, de manière strictement contrôlée et limitée à une petite zone, petite du point de vue chinois. La préfecture de Wenzhou a été choisie pour cette expérience. Les habitants ont commencé à y créer de petites entreprises et 5,000 PF 126p ont été amenées dans la région pour servir de taxis. Aujourd'hui encore, on peut y croiser la modeste Maluch.
Le taxi polono-chinois a été envié par Tom Hanks lui-même. L'acteur a l'habitude de poster sur Internet des photos de lui saisissant la poignée de porte de diverses voitures délabrées, accompagnées d'une note humoristique suggérant qu'il est heureux d'avoir acheté une nouvelle voiture. Monika Jaskolska, de Bielsko-Biala, a remarqué que la Polski-Fiat apparaissait plusieurs fois sur ces photos. Avec les habitants de la ville, elle a organisé une collecte pour offrir une Maluch à Tom Hanks.
La Maluch évoque de bons sentiments. Tout le monde s'en souvient avec tendresse, comme de sa première voiture, de celle de ses grands-parents, d'un voisin ou d'un oncle. La Maluch, qui, comme on le disait autrefois (peut-être sous Gierek), motorisait les Polonais, leur ouvrait d’autres horizons et était comme un membre de la famille attendu depuis longtemps. Aujourd'hui, elle est de nouveau en vogue.
Légende des photos :
- Photo de famille avant la balade.
- Paulina se familiarise avec le fonctionnement de la Maluch.
- Chargement du coffre.
- C’est Radek qui a conduit sur le trajet.
- Le voyage en Maluch.
- Petit arrêt sur le bord de la route.
- Balade en Maluch.
- Un intérieur inimitable.
(*) que l'on peut traduire : « copie tragique de la voiture de tourisme ».
Lu sur : https://noizz.pl/lifestyle/sprawdzilismy-jak-to-mozliwe-ze-maluch-byl-kiedys-autem-rodzinnym/9d53bxn
Adaptation VG