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Le prototype de la Beskid présentait une meilleure aérodynamique que le modèle phare de Porsche, grâce à des solutions issues de l'aviation. Mais le non-renouvellement du brevet déposé sur sa carrosserie monocoque a entraîné la production en série, en France, d'un véhicule à la ressemblance déroutante. Elle devient rapidement l'une des petites voitures les plus populaires d'Europe.
L’OBR SM, le Centre de Recherche et de Développement pour les Voitures de Petites cylindrées (Osrodek Badawczo-Rozwojowy Samochodow Malolitrazowych) a commencé son activité en 1972, en tant que centre de construction et de recherche et développement de la FSM - l'Usine de Voitures de Petite cylindrée (Fabryki Samochodow Malolitrazowych) de Bielsko-Biala. Dix ans plus tard, elle a marqué l'histoire de l'automobile polonaise avec le design avant-gardiste de la Beskid. Il s'agissait d'un successeur entièrement polonais de la Polski-Fiat 126p produite sous licence. La décision de commencer à travailler sur la création de ce nouveau modèle avait été prise en février 1981.
« Les hypothèses pour la construction d'une nouvelle voiture de petite cylindrée, étayées par des recherches antérieures, ont été approuvées en février 1982. En juin, une maquette de la forme extérieure de la carrosserie était prête. En septembre, les travaux de construction ont commencé. Le premier prototype de cette petite voiture, appelé Beskid 106, a été construit au cours de l'été 1983 » écrit Tomasz Szczerberb dans son dernier livre « Prototypes ».
Les composants de la Beskid étaient pour la plupart basés sur des solutions existantes, comme par exemple le moteur. Au fil du temps, les prototypes ont été équipés de moteurs Fiat déjà existant ou de leurs versions en-cours de développement, allant de 594 à 1,116 cm3, ainsi que d'un moteur de la société japonaise Kubota d'une cylindrée de 800 cm3. Il en va tout autrement de la carrosserie, qui avait été conçue par une équipe d'ingénieurs ayant une grande expérience dans le domaine de l'aviation. Il en résultait une carrosserie monocoque très moderne avec un très faible coefficient de traînée.
Une série d'essais a été réalisée à Varsovie dans la soufflerie de l'Institut de l'aviation. Les résultats furent phénoménaux. Comme le rappelle Wieslaw Wiatrak, qui dirigeait les travaux de construction de la Beskid lors de l'un de ces essais, un Cx de 0,262 a été obtenu, alors qu'à l'époque, la Porsche la plus aérodynamique avait un coefficient de 0,290 !
« Le plancher relativement plat jouait un rôle important dans l'obtention de cette bonne valeur. Vue de côté, la forme de la Beskid ressemblait à la section d'une aile d'avion, un élément conçu pour offrir le moins de résistance possible à l'air » note Marek Kuc dans son livre intitulé « Voitures de Silésie 1971-2018 ».
Cette performance avait une dimension pratique extrêmement importante, surtout dans la Pologne communiste où l'essence était vendue avec des cartes de rationnement. La Beskid consommait moins de quatre litres aux cent kilomètres !
Cependant, faute d'accès à une soufflerie spécifique pour tester les voitures, l’OBR SM restait très prudent sur les résultats des essais aérodynamiques. Une société française a alors proposé son aide. C'est ainsi que l'un des prototypes de Beskid s’est retrouvée en bord de Seine. La voiture est revenue en Pologne quelque temps plus tard avec les résultats des essais (la valeur moyenne du Cx était de 0,290). Cependant, sa carrosserie avait déjà fait sensation dans le monde entier car dans son livre Marek Kuc note que les Beskid « se déplaçaient sans camouflage pendant les essais routiers. La marque fictive Koyoko avait été créée à cet effet. Elle faisait penser à une origine japonaise ».
Cependant, le début des années 1980 a été une période difficile pour l'économie polonaise, ce qui a également affecté la situation de l'OBR SM. Les informations publiées par l'Institut de recherche et de développement automobile BOSMAL (qui a assuré la continuité des activités de l'OBR SM) montrent que, malgré la réalisation d'un projet global pour une toute nouvelle voiture de petite cylindrée appelée Beskid, qui aurait pu remplacer à l'avenir la Polski-Fiat 126p, le département n’employait plus que 550 personnes. La détérioration constante de la situation économique du pays et de FSM a entraîné l'arrêt du projet au stade de la série de prototypes, et l'usine a signé un contrat de licence avec Fiat en septembre 1987 pour la production d'une nouvelle voiture de petite cylindrée, la Cinquecento. Dans les mois qui ont suivi, de nouvelles versions bicorps de la Beskid sont développées, basée sur la Cinquecento. Une maquette à l'échelle 1:1 est même réalisée, mais le projet est finalement abandonné en 1988.
L'histoire de Beskid ne s'arrête cependant pas là. Dans « Voitures de Silésie 1971-2018 », on peut lire que « les créateurs de ce monocorps moderne ont obtenu une protection par brevet de dix ans. Pendant cette période, les autres constructeurs n'étaient pas autorisés à utiliser une telle forme pour leurs voitures particulières ». Cependant, les propriétés uniques de ce design étaient bien connues en France. Et c'est là, à l'expiration du brevet polonais, qu'est apparu un véhicule ressemblant à s'y méprendre à la Beskid !
La Renault Twingo a été présentée au public en 1992 au Salon de l'automobile de Paris et a immédiatement fait sensation. Elle a été produite en série un an plus tard et est rapidement devenue l'une des petites voitures les plus populaires d'Europe. Au total, 2,4 millions d'unités de ce modèle sont sorties des chaînes de montage en l'espace de 14 ans.
La Beskid 106 a été construite en huit exemplaires au total, dont deux ont été détruits lors de crash-tests. Les six autres ont survécu jusqu'à aujourd'hui et peuvent être vus au Musée de la Technique et de l'Industrie à Varsovie, au Musée de la technologie et de la communication de Szczecin, au Musée de l'ingénierie urbaine à Cracovie, au musée du centre BOSMAL à Bielsko-Biala et à l'Université technique d'Opole.
Note d'Interia : De nombreuses personnes font remarquer que parler de la Beskid comme la manifestation du génie des ingénieurs polonais, qui a été impitoyablement exploité par les Français, profitant du fait que nous n'étions pas en mesure de la mettre en production, ne sert qu'à se consoler. La Pologne avait une chance d'avoir une voiture qui aurait été une révolution, même à l'Ouest. Malheureusement, les temps étaient durs et le projet nous a été volé par les méchants Français ! Pourtant, le concept d'une petite voiture à hayon avec une face avant très aérodynamique n'était pas nouveau et des voitures similaires ont été présentées par de nombreux constructeurs. Il suffit de dire que le prototype Mitsubishi Commuter avait une carrosserie presque identique à celle de la Beskid. Il a été présenté en 1969. Qui a donc « volé » l'idée à qui ?
Lu sur : https://motoryzacja.interia.pl/motofani/news-fsm-beskid-to-mogl-byc-polski-hit-eksportowy,nId,4804301
Adaptation VG