Le magazine polonais Auto Swiat a pu interviewer le styliste de deux Fiat follement (sic) importantes produites en Pologne : la 126 el et la Seicento. L’Italien Luciano Bove a pu livrer quelques histoires surprenantes sur les coulisses de la création de ces deux modèles.
En 1989, à l’âge de 26 ans, il devient designer chez Fiat. Peu après, il se voit confier son premier « gros chantier » : la modernisation de la Maluch, produite en Silésie. Le budget alloué au restylage de la PF 126p est tel qu’il n’a pas été possible de modifier plus fortement son tableau de bord. Plus tard, il a dessiné la Fiat Cinquecento dans sa version Sporting puis on lui a confié la conception de la Fiat Seicento. Aujourd’hui, Luciano Bove est l’un des principaux designers des véhicules utilitaires légers de Renault.
Q : A-t-il été difficile de restyliser la Fiat 126p ?
R : C’était mon premier vrai travail dans ma carrière de designer et c’était un peu effrayant, car c’était la première fois que j’avais une responsabilité en tant que styliste et de chef de projet. Alors, oui, c’était un vrai défi. D’un autre côté, j’ai beaucoup appris, de la phase d’esquisse à la construction des maquettes, des présentations aux briefings techniques et à la production. C’était également difficile pour moi car je me suis retrouvé seul chez Fiat Auto Poland, parmi de nouveaux collègues et des modélistes qui ne parlaient pas anglais. Cependant, j'ai passé de bons moments et nous sommes rapidement devenus une équipe soudée. Nous avons fait un excellent travail.
Q : Vous souvenez-vous des idées en matière de style qui ont été rejetées ?
R : Pas trop, car mon idée pour le restyling de la Fiat 126p se résumait à supprimer certains détails de la carrosserie afin d'obtenir un look plus « propre » et harmonieux et d'adapter la voiture à l'ère moderne. L'idée était d'affiner l'apparence de la voiture.
Q : Quel était le budget pour le restyling de la Fiat 126p ?
R : Un très petit budget. C'est pourquoi nous n'avons pas pu moderniser davantage le tableau de bord.
Q : Un styliste polonais a-t-il participé à ce projet ?
R : Non. J'étais le seul designer chargé du restylage de la Fiat 126p. La première phase de conception et d'approbation a eu lieu à Turin, tandis que la construction de la maquette et la présentation finale avant l'accord de production ont eu lieu chez Fiat Auto Poland. J'ai travaillé avec plusieurs modélistes polonais et une petite équipe d'ingénieurs polonais qui m'ont beaucoup aidé.
Q : À mon humble avis, ce restylage était une vraie révélation. N'aviez-vous pas peur que des lignes aussi « épurées » soient perçues comme un retour en arrière ou un anachronisme ? Ou une référence trop forte à la première version de la Fiat 126 de 1972 ?
R : Pas vraiment, car l'idée était justement de réduire le nombre de pièces à certains endroits pour donner plus d'harmonie à la carrosserie. Les nouvelles peintures aux couleurs pastel, en revanche, rendaient la Fiat 126p plus joyeuse.
Q : C'était une situation inhabituelle : dans les années 90, vous avez relooké une voiture basée sur une plate-forme des années 50. Cela a-t-il posé un problème ?
R : Pas vraiment, car la modernisation était d'une portée limitée.
Q : La voiture restylée a-t-elle été testée en soufflerie ?
R : Non, jamais.
Q : On peut dire que la forme du montant arrière de la Fiat Seicento a lancé une tendance dans le design automobile. Que vouliez-vous atteindre avec cette solution ?
R : La Fiat Seicento a été mon premier grand projet. J'y ai travaillé avec une petite équipe de jeunes stylistes et j'ai beaucoup d'affection pour cette voiture. Lorsque nous avons présenté la maquette peinte de la Seicento au président de Fiat, Paolo Cantarella, à Turin, nous nous sommes rendu compte que quelque chose n'allait pas. Paolo Cantarella [célèbre pour son sens du design - ndlr] regardait le montant C, qui provenait directement de la Fiat Cinquecento, et après quelques minutes de silence, il a déclaré que la Seicento ne pouvait pas être si semblable à son prédécesseur dans ce domaine. À ce moment-là, une grosse discussion sur le budget a commencé, car changer le montant arrière impliquait des coûts supplémentaires. Pendant cette discussion, j'ai pris du ruban adhésif noir et j'ai « dessiné » sur la maquette le pilier que nous connaissons de la Seicento de série. Je voulais quelque chose de dynamique, une ligne qui partirait du clignotant avant et irait jusqu'à l'arrière, avec une découpe de la vitre latérale arrière. Cette forme du pilier arrière donnait de meilleures proportions à l'ensemble de la voiture. Lorsque j'ai terminé cette improvisation, j'ai demandé aux patrons d'y jeter un coup d'œil. Je pensais qu'ils me le reprocheraient. Entre-temps, Cantarelli a beaucoup aimé ce montant et a approuvé mon idée. Happy end !
Q : Avec quel élément du design de la Fiat Seicento vous avez eu du mal à convaincre vos supérieurs ?
R : Le hayon avec sa vitre fortement arrondie et son troisième feu stop intégré en dessous. Je dois beaucoup à Italdesign, qui a préparé le terrain technique pour cette solution. Les ingénieurs de Fiat préféraient une lunette arrière rectangulaire avec un troisième feu stop placé séparément. Le couvercle de coffre de la Seicento avait et a toujours l'air très moderne.
Q : La Fiat Cinquecento était assez rectangulaire. A-t-il été difficile de l'arrondir pour obtenir la Seicento ?
R : Oui, ce n'était pas une tâche facile, d'autant plus que nous devions utiliser beaucoup de pièces de la Cinquecento pour limiter les coûts. J'ai beaucoup appris sur l'ingénierie à ce moment-là et sur la façon d'utiliser ma propre créativité d'une manière plus technique pour obtenir un résultat correct.
Q : A-t-on envisagé d'autres versions de la Fiat Seicento, par exemple un break ou un coupé ?
R : Non, jamais.
Lu sur : https://www.auto-swiat.pl/wiadomosci/aktualnosci/luciano-bove-odpowiadal-za-wyglad-fiatow-126-el-i-seicento-zdradzil-zaskakujace/lcrs3gl
Adaptation VG