L’Europe changeait. L’ancien bloc communiste était en train de s’effondrer. Est-ce que les petites berlines à prix super-compétitif produites par ses états-membres étaient sur la même pente ?
Nous avons tous vécu cette période extraordinaire qui avait commencé en Pologne et s’était rapidement propagé comme une traînée de poudre derrière le rideau de fer. A la fin de cette année 1989, la démocratie était revenue en Tchécoslovaquie. Un an plus tard, le pilier du communisme, l'Union Soviétique, s'effondrait. Et la Yougoslavie allait bientôt suivre, se désintégrant violemment en plusieurs États balkaniques à partir de 1992. Ainsi l’essai en novembre 1990 par la revue Autocar de trois représentantes de ces pays était d’une certaine manière, le dernier hourra des voitures communistes - aimées et calomniées par les Britanniques au cours des décennies précédentes.
Ces trois voitures étaient la Skoda Favorit 136LX (£5,446), la Lada Samara 1300SL (£5,549) et la Yugo Sana 1.4 (£5,495 et connue par chez nous sous le nom de Florida). Des tractions avant, fiertés de leurs pays respectifs et conçues en collaboration avec l’Occident : les Italiens et les Allemands avaient aidé Skoda, les Britanniques travaillé pour Lada et les Italiens assisté Yugo.
En ce début des 90's, quel était donc le meilleur choix ? Autocar nous résume cet article.
Aucune de ces voitures n'a pour vocation d'être achetée pour ses performances mais toutes constitue un moyen de transport adéquat pour la famille et ne peut être considérée comme sous-motorisée.
Comme on s’y attendait, la Yugo équipée d’un moteur de Fiat Tipo 1,4 litre de 70 ch a le plus de répondant. Elle est capable d’atteindre 156 km/h, de passer à 100 km/h en 13,2 secondes et de passer de 50 à 110 km/h en 14,1 secondes. La raison pour laquelle ce moteur est autant brutal dans cette voiture est un mystère. La Lada n’est pas loin derrière. Le moteur 1,3 litre en fonte/alliage de 65 ch de la Soviétique n’aime pas les hauts régimes. Seules les personnes avec des bouchons d’oreilles sauront exploiter toutes les performances disponibles. Il s’essouffle à 150 km/h, atteint 100 km/h en 13,4 secondes et enregistre le 50 à 110 km/h en 15,6 sec. La Skoda avec son moteur en aluminium de 62 ch, le moins puissant, atteint 148 km/h, passe les 100 km/h en 14,3 sec et met 15,7 sec pour passer de 50 à 100 km/h. Elle compense ses performances moins fougueuses par son moteur de loin le plus réactif et le plus enthousiaste.
La Lada est une voiture stable et sans histoires sur l’autoroute - probablement la meilleure caractéristique de cette voiture - tandis que la Yugo avance a un rythme respectable, mais avec plus de bruit de moteur qu’on ne peut raisonnablement s’y attendre et un bruit de grincement et de cliquetis provenant des éléments de garniture intérieure mal ajustés.
Les freins de la Lada sont, de loin, les moins efficaces du lot. La course est longue et une pression continue fait descendre la pédale la pédale jusqu’au tapis. La puissance de freinage est faible et, si l’on tape fort, on constate un blocage prématuré des roues arrière.
La Skoda se distingue également au niveau de la conduite et de la maniabilité. Selon tous les critères du marché des berlines hatchback populaires, elle est bien suspendue, raisonnablement stable et capable d’absorber la plupart des chocs qu’on lui inflige. Mais elle souffre d’un amortissement légèrement insipide qui peut parfois se faire sentir aux moments les plus inattendus : par exemple sur autoroute. Mais la Lada manque de sérénité, tout comme la Yugo.
La Lada entre et sort des ornières ou prend les bosses en envoyant parfois des chocs assez violents à travers la carrosserie. Elle aime que tout se passe en douceur et, si rien ne vient perturber la suspension dans les virages, elle se montre sûre, progressive sous-vireuse. La direction de la Yugo atteint des sommets en matière de manque de réactivité. Sur ses pneus de fabrication locale, sa direction est excessivement lourde en manœuvres, et bien que l’effort se réduise à mesure que la vitesse augmente, elle reste insipide. La conduite est vive et désordonnée, les gros chocs se font entendre (et ressentir) lorsqu’ils sont transmis à la carrosserie. La Yugo est une sous-vireuse obstinée et déterminée. Son dynamisme est un retour aux premiers jours sombres en matière de comportement d'un châssis à traction avant.
Conduites en convoi sur une variété de routes étroites et sinueuses de Cornouailles, c'est la Favorit qui nous a le plus convaincu. La Skoda est agréable à conduire, avec une prise de virage rapide et un positionnement sûr, alors que les autres sont plus difficiles à manier et moins précises.
On parle beaucoup de la qualité des matériaux des habitacles de nos jours avec les mots « soft-touch » et « moussé ». Ces trois voitures horrifieraient les testeurs d'aujourd'hui. Seule la Yugo est dotée d’un volant doux au toucher aux proportions agréables et à la jante suffisamment épaisse. Le volant semi-dur de la Skoda est fin et peu solide, tandis que celui de la Lada, de plus grand diamètre est maigrelet et mal fini. La Yugo Sana est celle dont la position de conduite est la plus optimale.
Le tableau de bord de la Yugo est aussi, à première vue, le plus attrayant avec un niveau de finition raisonnable, une pléthore de buses de ventilation et une instrumentation complète. En pratique, c’est moins efficace. Le levier de vitesses est monté trop en avant et souffre d’une grille mal définie et d’un débattement trop long. En termes d’ambiance, c’est la Skoda qui suit. Son tableau de bord à l’air bien intégré : là encore, il y a suffisamment de buses d’aération (bien que le débit soit faible) et les compteurs ont un dessin acceptable. Une grande horloge analogique domine là où un compte-tour aurait été plus approprié. Des commodos peu volumineux commandent les fonctions habituelles. Le levier de vitesses mérite des éloges (face à ces deux autres concurrentes), au moins pour ses manipulations rapide et onctueux. La Lada est la moins attrayante. Les sièges avant sont trop bas et la position de conduite est mauvaise. L’environnement du conducteur est dominé par le volant et pas cette instrumentation de mauvais goût, avec un voltmètre et un économètre. Les commodos correspondent à ce qui se fait en Europe. Les autres interrupteurs se trouvent sur une console centrale qui a l’air d’avoir été conçue après coup. Le levier de vitesses est un peu trop éloigné et son débattement nécessite une certaine délicatesse.
D’accord, les acheteurs potentiels diront qu’ils s’y attendaient. Mais qu’en est-il du caractère pratique ? Après tout, elles vont servir avant à transporter la famille, comme première ou seconde voiture du foyer.
La Yugo est celle qui offre le plus de confort et d’espace. La taille de la voiture permet de la considérer comme une vraie cinq places. Les sièges avant sont bien rembourrés et offrent un soutien suffisant, mais la banquette arrière, équipée d’un accoudoir central, est moins bien rembourrée et placée trop bas pour que l’assise assure un soutien complet. Elle comporte également des ceintures de sécurité arrière statiques, un retour en arrière malvenu. A l’arrière, l'espace pour la tête et les jambes à l'arrière est généreux. En soulevant le hayon arrière, on découvre un seuil de chargement bas et un espace de chargement profond, dont la largeur est compromise par l'intrusion des tourelles de suspension. Les sièges avant de la Skoda obtiennent des notes à peine moyennes pour le confort et manquent de soutien lombaire. Bien que plus compacte de quelques centimètres que la Yugo, la banquette arrière de la Favorit, avec ses appuie-têtes intégrés, est étonnamment confortable et offre beaucoup d'espace pour les genoux, bien que trois adultes s’y sentiront à l'étroit. Le hayon arrière s'ouvre très bas, mais l'espace de chargement est à nouveau compromis par l'intrusion de la suspension arrière et l'ouverture par les blocs optiques arrière. La Lada est la plus longue des trois voitures, mais elle n'exploite pas au mieux l'espace disponible. Les sièges avant sont de très mauvaise qualité. Ils sont trop bas, mal rembourrés et dépourvus de maintien latéral. Les appuie-têtes sont envahissants et le matériau de revêtement des sièges avait déjà l'air sale, malgré le faible kilométrage de la voiture d'essai. La banquette arrière est spartiate mais raisonnablement confortable. L'ouverture du hayon arrière révèle un seuil élevé, ce qui annule en partie l'objectif même d'un hayon. L'espace de chargement est suffisamment grand, mais là encore avec une certaine intrusion des tourelles de suspension.
La qualité de construction générale est aussi médiocre que leur conception générale. La Yugo présente ainsi des déformations et des ondulations sur les panneaux principaux. L’intérieur souffre d’un mauvais assemblage. La planche de bord est sujette à des secousses, ce qui donne lieu à de nombreux grincements et autres rossignols. Le ciel de toit, en une seule pièce, tremble de manière déconcertante. L’impression générale est que cela été assemblé à la va-vite. On pourrait dire que l’extérieur de la Skoda est juste moyen, tandis qu’à l’intérieur, les bacs de portes peu soignés et aux arrêtes vives ne contribuent pas à améliorer la qualité. Le tableau de bord de notre voiture d’essai vibrait de concert avec une roue mal équilibrée. L’argent a été dépensé de manière curieuse : la boîte à gants, sans raison logique, est « assistée » par un vérin à gaz miniature ! « Peut mieux faire » est le seul message que l’on peut laisser sur la finition de la Lada. La peinture de la voiture d’essai semblait varier considérablement en épaisseur d’application et l’effet peau d’orange était, par endroits, de proportions vertigineuses ! L’impression d’être sortie de l’usine sans aucun contrôle d’inspection était exacerbé par le stripping latéral plein de bulles et commençant déjà à s’écailler.
La grande rédemption, cependant, vient de l'équipement standard, qui est bien meilleur que celui de n'importe quelle modèle de base d’une voiture économique d'Europe occidentale. La Skoda est équipée de jantes en alliage, d'une radio et d'un lecteur de cassettes, d'une boîte à outils haut de gamme et d'une lampe de torche « magnifiquement fabriquée ». La Lada a une lunette arrière chauffante et un lave-glace arrière, ainsi qu'une boîte à outils moins impressionnante et une pompe de gonflage. La Yugo possède également la plupart de ces équipements, mais l’autoradio est en supplément, comme sur la Lada.
En novembre 1990, le vainqueur incontestable dans ce test, et sans surprise, fut la marque qui fabrique aujourd'hui des voitures brillantes et qui, par conséquent, connaît un énorme succès. Bien que Skoda ait été la cible de nombreuses blagues à l'époque, nous pensons que la Favorit ne méritait pas cette réputation. Elle était bien au-dessus de ses deux rivales et pouvait être comparée à n'importe quel autre modèle, quelle que soit sa nationalité.
Elle se conduit bien et se manie bien, prend les virages sans sourciller et fonctionne comme un ensemble cohérent sans montrer de gros défauts. Elle est bien équipée et semble pouvoir résister à l'épreuve du temps. C’est une voiture mature qui peut même être amusante à conduire. Elle offre un grand nombre d'équipements pour son prix et, sous son image évidente de bon rapport qualité-prix, c'est une voiture bien conçue et agréable à conduire.
Plus de 30 ans plus tard, Lada est désormais essentiellement cantonnée à la Russie et aux pays limitrophes. Nous aurions pu le prédire, après avoir testé la Samara. Une voiture peut-être solide et durable pour un voyage dans l'Oural, mais sa finition pour le marché britannique ne pouvait être qualifiée que de lamentable. Comme si cela ne suffisait pas, le fonctionnement des freins laissait beaucoup à désirer.
Quant à la Yugo, nous avions l'impression qu'elle n'était pas solide et qu'elle avait été bâclée dans les domaines les plus évidents. Elle aurait pu bénéficier d’améliorations en termes de comportement routier. Elle avait peut-être une longueur d'avance dans les halls d'exposition, mais pas sur la route. Son constructeur, Zastava n’a pas vraiment persévéré après ce modèle et a fait faillite il y a 10 ans.
Lu sur : https://www.autocar.co.uk/car-news/anything-goes-throwback-thursday/throwback-thursday-1990-skoda-favorit-vs-lada-samara-vs
Adaptation VG