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Le géant de l’automobile AvtoVAZ est apparu au milieu des années 1960 à l’initiative de Leonid Brejnev et de son entourage. Le Politburo voulait fournir aux citoyens soviétiques des voitures de qualité. Les Moskvitch et les Zaporojets n’étaient clairement pas faites pour ce rôle et le gouvernement avait acheté la technologie, les équipements et les plans des premiers modèles d’AvtoVAZ à la firme italienne Fiat.

Une énorme usine a été construite sous la supervision de spécialistes étrangers, qui ont également installé les équipements et lancé les premières lignes de production. Puis, les ingénieurs et les ouvriers de Togliatti ont pris l’initiative. Mais c’est une chose de prendre l’initiative et une autre de suivre le rythme du développement industriel mondial...

Paul Klebnikov - journaliste américain d'origine russe assassiné à Moscou en 2004, éditeur de la version russe du magazine Forbes - a visité AvtoVAZ à l’été 1996 et voici ce qu’il a vu.

Tout d’abord, l’usine n’avait pratiquement pas changé par rapport au projet italien initial. La ville de Togliatti n’était pas devenue le centre d’ingénierie scientifique de l’industrie automobile nationale. Elle était entourée de routes défoncées et d’immeubles d’habitations délabrés. L’usine était située à la périphérie de la ville. Derrière elle, il y avait des champs. Une impression de fin du monde.

Ensuite, l’énorme entreprise était intégrée verticalement et gérée de façon médiocre. Les technologies étaient devenues obsolètes depuis longtemps. AvtoVAZ produisait 2,000 voitures par jour. Ses modèles - principalement des Jigouli et des Niva - avaient un aspect primitif et copiaient pour la plupart des modèles Fiat des années 1960. AvtoVAZ dépensait 30 fois plus d’heures de travail pour produire une simple voiture que les Américains ou les Japonais pour une modèle prestigieux.

Au milieu des années 1990, les plus grands constructeurs mondiaux misaient sur des petits ateliers de montage et privilégiaient les méthodes de production flexibles. C’est-à-dire qu’ils achetaient la majorité des pièces assemblées à d’autres fournisseurs et assemblaient les voitures par modules. Qu’en était-il chez AvtoVAZ ?

Sa chaîne de montage « s’étendait sur quelques kilomètres, un poste de travail après l’autre ». Personne n’avait entendu parler de production modulaire : les voitures étaient assemblées du début à la fin à partir de grandes et de petites pièces qui ne s’adaptaient pas toujours les unes aux autres. C’est pourquoi, il y avait beaucoup de bruit sur la chaîne de montage : « les joints étaient martelés, les portes ajustées au marteau, de même que les pare-chocs ». Paul Klebnikov a vu comment « sur la ligne d’assemblage des moteurs… un homme vissait les pistons à la main, puis les enfonçait à coups de marteau ». S’il y avait des robots sur la chaîne de montage, ils étaient très bien cachés.

Enfin, il a sans doute vu les montages financiers et l'activité criminelle des années noires d'AvtoVAZ aux mains des oligarques, décrits dans son livre sur le magnat russe Boris Berezovsky.

Aujourd’hui, AvtoVAZ a beaucoup changé, mais il semble que les tâches de naissance n’ont pas encore toutes été enlevées de sa peau...

Lu sur : https://zen.yandex.ru/media/istok/chto-uvidel-na-avtovaze-serediny-1990h-gg-jurnalist-pavel-hlebnikov-60bde70b3adb654fa535a6b3
Adaptation VG