Y a-t-il eu une option pour transférer la production des camions ZiL par exemple dans l’une de ses filiales régionales ? Ou même de construire une nouvelle usine ? La chaîne Youtube « MotorProject » révèle qu’une usine existait, non pas en Russie, mais en Lettonie : le Maire de Moscou, Iouri Loujkov, voulait aider l’usine RAF en difficulté, où les minibus bien connus en URSS du même nom étaient produits et où travaillait principalement des Russes.
Les fondateurs de la nouvelle usine AMO Plant étaient le gouvernement de Moscou, le conseil municipal de Jelgava en Lettonie et la société lettone Ferrus qui s’occupait de l’amélioration de tracteurs biélorusses. Il était prévu de vendre la production de cette nouvelle usine dans les Pays Baltes et en Europe de l’Est, mais il s’est vite avéré qu’on n’avait pas besoin du Bichok conçu par ZiL en Europe. Ainsi ce projet d'usine d’assemblage s’est transformé en projet de développement d’un véhicule complètement nouveau avec une capacité en charge plus élevée de 4,5 tonnes et répondant aux normes Euro-3 et Euro-4 (contre 3 tonnes et Euro-2 pour le Bichok), ce que l’usine ZiL en ruines n’était en théorie plus capable de faire.
Mais les ingénieurs encore présents ont pu faire face à cette tâche. Tout d’abord sur la base du Bichok, ils ont fabriqué le prototype ZiL-4362 et un an plus tard, ils l’ont adapté aux exigences européennes. Ce modèle avait un tout nouveau châssis à section constante, des freins à disques sur toutes les roues et sous le capot se trouvait un moteur diesel Cummins de 150 chevaux associé à une boîte mécanique ZF à 5 rapports. Du Bichok, seuls l’essieu avant avec une voie élargie et la base de la cabine étaient conservés mais cette dernière a finalement été remplacée par une cabine commandée à Ferrus. A ce moment-là, les Baltes avaient déjà réalisé qu’il était inutile de compter sur ZiL déjà plongé dans une spirale infernale.
En septembre 2010, Iouri Loujkov a été démis de ses fonctions de Maire de Moscou et le projet letton en a été la première victime. La logique de la nouvelle direction de ZiL était claire : le projet était perçu comme dénué de sens et n’ayant comme but que de satisfaire les ambitions de celui qui en était à l'initiative. Cette théorie était soutenue par le fait que personne n’avait été impliqué chez ZiL dans la création d'un réseau de concessionnaires sur les nouveaux marchés potentiels du futur modèle.
Le projet ZiL-4362 a survécu pendant un certain temps dans l’usine mourante de Moscou mais a pris fin en même temps que l’entreprise en 2013. Selon certaines sources, deux prototypes de ZiL-4362 se trouvent toujours sur l’ancien territoire de l’usine et l’ancienne usine AMO Plant produit désormais des autobus VDL néerlandais et des tracteurs Belarus…
Que se serait-il passé si Iouri Loujkov n’avait pas fait construire cette usine à l’étranger mais avec utilisé les finances disponibles pour transférer ZiL dans une autre usine en Russie pour sauver non pas 200 emplois à l’étranger mais 20,000 en Russie avec au moins la garantie de sauver ZiL lui-même ? Personne ne le saura jamais et hélas, on ne construit pas l’histoire avec des si.
Lu sur : https://www.zr.ru/content/news/928386-u-zavoda-zil-byl-shans-opublik/
Adaptation VG