Si de nos jours, il est assez facile d’assouvir son désir de voiture de sport, la situation était bien différente dans les années 1970, qui plus est dans la Tchécoslovaquie socialiste, même si Skoda avait commencé à vendre son élégant coupé 110 R.
Certaines personnes préféraient réaliser leur rêve en construisant eux-mêmes leur voiture de sport. Un exemple intéressant est la Majka 2 conçue et assemblée par Vaclav Chana à Skvorec (*). La voiture portait le nom de sa femme et le nombre 2 suggérait alors qu’il s’agissait de la deuxième voiture de sa conception. Ce qui était bien le cas puisque Vaclav Chana avait fabriqué sa première voiture en 1962 et avait ensuite entrepris la construction d’une seconde voiture. La Majka 2, achevée à la fin des années 1970, avait un design nettement plus moderne que la « numéro 1 ».
Vaclav Chana ne fut pas le seul à tenter l’aventure. Il y a aussi, par exemple, Pavel Miksik, un artiste plasticien, architecte et designer slovaque bien connu aujourd’hui. Vous pouvez voir son talent à Marianske Lazne (Marienbad), une ville thermale en Tchéquie où il est l'auteur de plusieurs fontaines, y compris la célèbre Fontaine Chantante !
Mais depuis toujours, Pavel Miksik aime les voitures. Selon Maros Schmidt, le directeur du Musée slovaque du design (où s'apprête à naître une Tatra 603 X Coupé, voiture qui n’a existé que sur papier), qui consacre une exposition à ses travaux, Pavel Miksik a fabriqué sa première voiture avec de vieilles planches en 1948... à l'âge de 5 ans !
Au tournant des années soixante et soixante-dix, devenu adulte, il décide de fabriquer une vraie voiture, une voiture de sport. Il choisit comme base un châssis de Volkswagen Coccinelle avec son moteur arrière. A l’époque, il pensait pouvoir obtenir un moteur de Porsche pour remplacer le quatre cylindres à plat de 1,300 cm3, mais doit se contenter du moteur d'origine. Malgré tout, la voiture qu’il va créer ne peut que susciter l’admiration.
Pavel Miksik commence d’abord par dessiné les plans, puis continue avec une maquette à l’échelle 1:10 qu’il va même tester en soufflerie. Sur la base des résultats, il affine la conception de la carrosserie en fibre de verre montée sur une structure en tubes métalliques. La carrosserie est d'ailleurs moulée en une seule pièce et les trous nécessaires sont percés plus tard.
Terminée en 1972, la voiture se distinguait par sa faible hauteur et une approche intéressante pour l’habitacle. L’accès à bord était résolu par un toit basculant vers l’avant avec l’ensemble des vitres et une partie du tableau de bord. Malheureusement, il ne subsiste aucune photo de l’intérieur (il y a d'ailleurs peu de photos dans l’ensemble) mais on sait qu'il cachait des fauteuils ergonomiques, que Pavel Miksik avait lui-même dessinés, complétés par des harnais de sécurité.
La voiture fut baptisée Esox, nom latin du brochet, un poisson rapide et agile. Mais au final, ce n’était pas tout à fait le cas. En raison d’une part, du moteur peu puissant de la VW Coccinelle et, d’autre part, parce que cette voiture de sport fut étouffée par la bureaucratie. Pour l’homologuer, Pavel Miksik dut équiper la voiture de pare-chocs disgracieux et d’un certain nombre d’éléments de renfort qui augmentèrent considérablement son poids.
Pavel Miksik a ensuite vendu la voiture (on ignore ce qu’elle est devenue au contraire de son créateur devenu célèbre). Maros Schmidt indique que l’artiste slovaque aurait de nouveau évoqué, il y a trois ans, l’idée de construire à nouveau l’Esox. Le dessin original serait préservé mais cette fois-ci, c’est un moteur Porsche qui serait installé à l’arrière.
Autrement dit la voiture sera comme Pavel Miksik l’a toujours voulue !
Lu sur : https://www.auto.cz/esox-je-pozapomenuty-sportak-ze-socialistickeho-ceskoslovenska-pohanet-ho-mel-motor-z-porsche-138369
Adaptation VG
(*) Voir : https://www.sovietauto.fr/2018/09/aidez-nous-a-retracer-l-histoire-de-la-majka-tchecoslovaque.html